Les premiers appels d’offres lancés

Si le plan Pauvros comporte quelques bémols, il faut avant tout se féliciter que quelque chose se passe enfin autour de ce vaste projet européen.

L’écluse n° 2 de Marquion (à 8 km de Cambrai) attend les premiers coups de pelleteuse.
L’écluse n° 2 de Marquion (à 8 km de Cambrai) attend les premiers coups de pelleteuse.

 

L’écluse n° 2 de Marquion (à 8 km de Cambrai) attend les premiers coups de pelleteuse.

L’écluse n° 2 de Marquion (à 8 km de Cambrai) attend les premiers coups de pelleteuse.

La prudence reste de mise à la lecture de quelques dispositions du plan de Rémi Pauvros, député du Nord. Les Voies navigables de France lancent une consultation pour la conduite des opérations et l’assistance à maîtrise d’ouvrage nécessaires pour ouvrir le chantier. Il s’agit d’un appel d’offres restreint, avec une tranche ferme et 19 conditionnelles. Les dossiers des entreprises candidates avaient jusqu’au 8 août pour être déposés. Il y aura découpage chronologique, à savoir la préparation des marchés de maîtrise d’œuvre, conception, réalisation et réception des travaux, puis mise en service du canal (prévue sur le tronçon central de 106 km entre Compiègne et Aubencheul-au-Bac en 2022). Puis le découpage fonctionnel comprenant la technique, les secteurs géographiques, la gestion du projet et la communication. Soit 144 mois de travaux coûtant près de 100 M€.

Que de conditionnel ! L’Europe appelle le Seine-Nord l’un des cinq grands chantiers du  «mécanisme d’interconnexion pour l’Europe». Elle pourrait en financer 40%, soit environ 4,5 Mds€. «Elle pourrait»…On constate que pour décoller le chantier du cloaque financier de 7 Mds€ dans lequel tous les gouvernements l’avaient plongé, il aura fallu abandonner le partenariat public/privé. L’économie sur les frais financiers (2 Mds€) du prêt que les deux candidats Bouygues et Vinci voulaient faire payer par les subventionneurs est finalement de 3 Mds€ sur les 23 que comptent les subventions de Bruxelles au titre de son budget 2014-2020. Mais tout n’est pas réglé pour autant s’il faut en croire les «précautions» que contient le projet Pauvros… Pour encore réduire les coûts, il est envisagé d’utiliser sur 10 km un tronçon élargi de l’actuel canal du Nord, de diminuer le nombre d’écluses et de réduire de 50% la hauteur de la plus grande. Et − plus gênant pour l’activité économique de bord à canal et de l’hinterland − de ne pas construire tout de suite les quatre plates-formes multimodales prévues dans un projet ancien de 320 M€ (économie : 200 M€).

Qui paye quoi ? En fait l’Etat souhaite, sans trop le claironner, que les Régions financent les équipements que représentent ces économies… Il n’aurait alors plus qu’à débourser 1 petit milliard d’euros. Les régions Nord-Pas-de-Calais, Picardie et Ile-de-France verseraient respectivement 220, 80 et 210 M€. L’autre moitié serait à la charge des Départements (que l’on veut supprimer…). Il resterait 500 M€ en prêts de 40 ans auprès de la BEI et de la Caisse des dépôts à un taux très bas. Une société publique par actions serait constituée avec les VNF et les collectivités.

On le voit, si l’on s’interdit de partager l’optimisme béat de certains élus, il y a encore loin de la coupe aux lèvres et, ne leur en déplaise, le plan de financement n’est pas officiellement bouclé, il ne s’agit que de pistes aléatoires pour certains (les Départements), surtout vu les menaces financières d’origine étatique qui pèsent sur ces collectivités priées, de très citoyenne façon, d’ouvrir le porte-monnaie même si le jeu économique en vaut largement la chandelle (on parle de 4 500 emplois chaque année jusqu’en 2022, dont 500 en travaux publics permanents).