Les patrons, des mécènes mobilisés

Alors que le concept de responsabilité sociétale des entreprises monte en puissance depuis plusieurs années, deux éclairantes études, publiées début décembre 2014, révèlent le double visage du mécénat des dirigeants d'entreprises : au niveau individuel ainsi que via leurs sociétés.

Les dirigeants d’entreprises s’affichent comme des mécènes mobilisés.
Les dirigeants d’entreprises s’affichent comme des mécènes mobilisés.
Les dirigeants d’entreprises s’affichent comme des mécènes mobilisés.

Les dirigeants d’entreprises s’affichent comme des mécènes mobilisés.

Il est de notoriété publique que les entreprises n’aiment pas être encadrées. Ainsi, elles n’apprécient pas d’être cantonnées à un rôle économique stricto sensu, d’où une implication dans un mécénat leur procurant une autre dimension. Malgré cela on a observé en France, entre 2012 et 2014, une baisse du mécénat d’entreprise chez les sociétés de 20 salariés et plus. En effet, le taux de mécénat est passé de 31% à 21 % et le budget a lui reculé de 1,9 à 1,8 milliard d’euros (contre 2,5 milliards en 2008), selon le «baromètre du mécénat d’entreprise 2014» réalisé pour Admical, qui développe la pratique du mécénat en France. Il ressort des différentes enquêtes que plus les entreprises sont petites, moins elles sont mécènes. Qu’en est-il pour les 4 600 ETI (entre 250 et 5 000 salariés) que compte la France ? Elles ont été observées à la loupe par une récente étude d’Admical et de l’ASMEP-ETI, le syndicat des Entreprises de taille intermédiaire.

Le cas des ETI

L’enquête révèle les caractéristiques particulières de ce mécénat des entreprises de taille intermédiaire : implication forte du dirigeant et des collaborateurs, structuration de leurs actions et affirmation de leur ancrage territorial sur le long terme. Cet ancrage dans les territoires, parfois sur plusieurs générations, confère un statut spécifique à la société. Le mécénat pratiqué va en ce sens puisque 87 % des ETI mécènes privilégient le soutien à des actions menées sur les territoires où elles sont implantées (en France, comme à l’international) et 80 % d’entre elles estiment devoir agir en priorité au niveau local. Fort logiquement, cette pratique recouvre des domaines variés, en privilégiant des enjeux importants localement tels que la culture et le patrimoine (61 %), l’éducation (57 %) et le social (52 %), qui arrivent en tête.

Les dirigeants, acteurs incontournables du mécénat

C’est ce que semble révéler ce premier Baromètre du mécénat des entrepreneurs, publié le 9 décembre 2014 par Admical, en collaboration avec TNS Sofres (en partenariat avec le Crédit Coopératif, le fonds de dotation Entreprendre & + et le quotidien Les Echos) : près des trois quarts (73 %) des chefs d’entreprises et cadres dirigeants sont mécènes à titre personnel. Cet engagement prend des formes diverses puisque 56 % des entrepreneurs se mobilisent par des aides financières, avec un don moyen situé autour de 900 euros, et 54 % mènent des actions de soutien à des projets d’intérêt général (conseil, levée de fonds, lobbying, etc.) Fait intéressant rapporté par l’étude, ces engagements augmentent en fonction de l’âge et des revenus, ils concerneraient environ 300 000 entrepreneurs en France, selon Admical. Le budget global comptabilisé par l’enquête est de 200 millions d’euros annuels. Le tout pour un engagement durable, puisque 86 % des mécènes via la donation, et 79 % des mécènes par l’action, ont l’intention de poursuivre cette démarche. Le classement des domaines soutenus en priorité par ces entrepreneurs philanthropes est surprenant puisque l’environnement n’est cité que dans 12 % des cas. Le premier secteur aidé est la santé (cité par 44 % des mécènes), viennent ensuite le social (42 %), la solidarité internationale (38 %), la culture (24 %), le sport (21 %) et l’éducation (20 %).

Une prise de conscience

Des domaines qui dépassent largement les frontières de l’économie, comme le note François Debiesse, vice-président d’Admical : «Nous découvrons qu’un nombre impressionnant d’entrepreneurs ont une vraie conscience du rôle sociétal qu’ils peuvent jouer, bien au-delà de leur rôle économique». Leurs motivations ? Ce sont notamment l’envie d’être utiles, de transmettre des valeurs et de rendre à la société ce qu’elle leur a donné, pointe l’étude. Celle-ci révèle également que les plus impliqués d’entre eux engagent dans leur démarche de mécénat leur cercle familial, amical et professionnel, montrant ainsi que les chefs d’entreprises s’affranchissent de toutes les barrières dans leurs démarches philanthropiques.