Les Offices de tourisme affrontent un été difficile
Visiter un vignoble en trottinette électrique, loger à la ferme... Des offices de tourisme affichent leur offre estivale, lors de leur rencontre «S'évader en France». Après une année catastrophique, ces professionnels affrontent une saison très complexe.
Après une année blanche, le club
presse
des Offices de
tourisme de France, qui en réunit une cinquantaine, a repris ses
rencontres annuelles «S'évader
en France».
Une quarantaine de professionnels y ont présenté leur offre
estivale, conçue dans des conditions complexes, et après une année
désastreuse. Eric Baudet, directeur de la presse et de la
communication pour Le Havre Etretat Normandie tourisme, est, par
exemple, ravi d'annoncer la réouverture du MuMa,
Musée d'art moderne André Malraux, et l'ouverture, le 26 juin, de
la nouvelle saison de «Un
été au Havre»,
des installations temporaires d'art contemporain dans la ville. Dans
les terres, constate-t-il, «des
producteurs locaux ont commencé à s'ouvrir plus au tourisme. Ils
développent, par exemple, des visites de ferme, ou de
l'hébergement».
Ils sont plusieurs à le constater, la pandémie a boosté le développement de nouveaux usages en matière de tourisme, avec des formules personnalisées et immersives. Et la crise a encouragé les professionnels à innover, à se tourner vers de nouveaux publics. Ainsi, témoigne Gilles Brignard, directeur de l'office du tourisme de Blaye, en Gironde, «dès mars dernier, pour attirer un public local de manière ludique, nous avons développé des visites virtuelles sur smartphone. Et nous organisons des visites en néerlandais, pour toucher ceux qui disposent d'une résidence secondaire dans la région».
Cette année, dans la région, une nouvelle catégorie de vignerons a
commencé à s'intéresser à l'oenotourisme
: ceux dont l'activité, tournée vers l'international, a
souffert, et pour qui le tourisme local pourrait constituer un revenu
et une nouvelle voie pour écouler leur production. «Nous
rentrons dans une nouvelle ère du tourisme»,
confirme Béatrice
Couvreur,
représentante de la Maison du tourisme
Les portes de la Champagne.
Les visites par groupes de 30, c'est fini. Cet été, elle mise sur
les visites individuelles avec guide, et les formules où les
visiteurs participent aux travaux de la vigne...
Élaborer
une stratégie dans un contexte incertain
S'ils font bonne figure, les professionnels du tourisme s'attendent à une saison complexe : le contexte demeure incertain, après le désastre de l'année précédente qui a fragilisé le tissu économique local. En 2020, l'activité des croisières, par exemple, a été quasiment stoppée. Un coup dur pour Le Havre, pour qui cela représente 400 000 passagers qui débarquent chaque année dans la ville, et dont la moitié y passe du temps.
C'est aussi le cas du
territoire de Blaye, sur l'estuaire de la Gironde : 20% de sa
clientèle (anglaise, américaine ou australienne), provient
habituellement des croisières fluviales venues de Bordeaux. Quant
aux Portes de la Champagne, haut lieu de commémoration de la
première guerre mondiale, elles ont été désertées par les
Américains, ses principaux visiteurs. «En 2020, les
grandes cérémonies ont été supprimées, c'est une catastrophe
(...) certains restaurateurs ne se relèveront pas»,
commente Béatrice Couvreur.
Partout, 2020 a laissé des séquelles sur les économies locales. Par exemple, explique Gilles Brignard, les 400 à 600 passagers qui descendent de leur bateau de croisière, c'est de l'activité pour 10 bus et leurs chauffeurs, des guides, des sites touristiques, des lieux où l'on va déguster, des artisans d'art, des revendeurs de souvenirs… Autant de professionnels qui ont pâti de la crise. Et c'est aussi le cas des offices du tourisme.
Cette année, celui de Blaye affronte l'été avec six salariés au lieu des 14 habituels en haute saison. «Nous avons des difficultés à trouver des saisonniers, et notamment des guides, qui sont partis vers d'autres métiers», témoigne Gilles Brignard. Autre difficulté, «nous avons du mettre en place des stratégies sans savoir quelles seraient les contraintes sanitaires et si les visiteurs pourraient venir de loin. Beaucoup d'entre nous se sont donc repliés sur une clientèle de proximité. C'est très compliqué de passer d'une espèce de léthargie, à une relance brute», poursuit-il.
De plus, la demande s'avère imprévisible. «Aujourd'hui, les gens ne se projettent plus. Ils décident du jour au lendemain, en allant regarder les offres sur Internet. Cela change notre métier. Il faut s'adapter pour sortir de ce chaos», explique Béatrice Couvreur. Les fréquentations du printemps sont toutefois source d'espoir.