Les nouveaux usages de consommation passés à la loupe
Durant le confinement, les ménages des Hauts-de-France ont modifié leurs habitudes de consommation, mais à quel point ? Et cette tendance va-t-elle perdurer avec le "retour à la normale" ? Pour mieux comprendre ces nouvelles habitudes d’achat, disposer de perspectives et définir les leviers d’action, la CCI Hauts-de-France et la Région ont réalisé, avec l’appui technique de Potloc, entreprise spécialisée en études de marché pour le secteur du commerce de détail, une enquête sur les réseaux sociaux.
C’est le premier Baromètre sur les nouveaux usages de consommation en Hauts-de-France, réalisé sur Facebook et Instagram entre le 18 et le 20 mai derniers, auprès de 541 habitants de la région, et destiné à connaître les effets de la Covid-19 sur la consommation des ménages. Déjà fragilisée avant la crise sanitaire, l’activité du commerce non alimentaire n’a, à la sortie de ces 57 jours de fermeture administrative, jamais été aussi menacée. Les règles sanitaires contraignantes et le recours toujours massif au télétravail ne laissent pas augurer un retour rapide à la situation d’avant-confinement. C’est pour mieux comprendre ces nouvelles habitudes d’achat que la CCI Hauts-de-France et la Région ont souhaité initié ce Baromètre, qui sera suivi d’autres enquêtes afin de mesurer les changements de consommation à moyen terme. L’occasion aussi pour les dirigeants d’envisager de nouvelles stratégies de vente, sachant que 90% des ménages ont changé leurs habitudes de consommation.
Chute historique pour le non-alimentaire
Premier constat, 66% des ménages ont modifié leur comportement d’achat alimentaire durant le confinement : 18% se déplaçaient en magasin avant le confinement, contre 10% pendant. Si la grande distribution alimentaire captait l’essentiel des achats des ménages avant le confinement, les achats ont plutôt été effectués pendant le confinement dans des magasins de proximité ou ceux permettant de réduire les contacts ; 27% des ménages ont ainsi eu recours au drive, contre 12% auparavant. La vente sur Internet avec retrait en magasin, le drive et casier drive ont ainsi augmenté de 15%, la vente à la ferme ou en distributeurs automatiques de 7%, tandis que la fréquentation des marchés a chuté de 13%, celles des supermarchés de 21% et celle des hyper de 23%.
Pour le non-alimentaire, la chute est historique : 52% des ménages n’ont acheté aucun produit pendant le confinement, 21% ont fait des achats afférents à l’équipement de la maison ; 19% à des biens liés à la culture, aux loisirs, aux équipements high-tech, autant à la beauté ; et 17% ont acheté des vêtements et accessoires. Enfin, 64% des consommateurs ont eu recours à la livraison à domicile. Sans surprise, la consommation liée à la restauration s’est effondrée, même si les restaurants avaient la possibilité de continuer leur activité via la vente à emporter (retrait sur place, livraison, vente d’ingrédients ou de recettes pour cuisiner chez soi) ; 77% des ménages n’y ont pas eu recours ; 12% se sont fait livrer des plats préparés et 10%, des plats préparés à emporter.
De nouvelles habitudes qui vont perdurer
Depuis la fin du confinement, 41% des ménages interrogés disent vouloir conserver ces habitudes d’achats alimentaires pour les prochaines semaines, avec comme principales raisons invoquées la peur que les règles sanitaires ne soient pas respectées (à 45%), des nouvelles habitudes préférées aux anciennes (39%), des files d’attente trop longues (36%), la peur d’être contaminés par la Covid-19 (29%) ou encore des règles de distanciation physique jugées trop contraignantes (13%).
Pour le non-alimentaire, 29% des ménages pensent conserver les habitudes prises pendant le confinement, notamment ceux habitant des zones plus rurales et les personnes les plus âgées. Deux principaux freins sont mis en avant : le respect des règles sanitaires (à 40%) et une attente trop longue devant le commerce (pour 35% des interrogés). L’envie de consommer comme avant est plus forte dans les services : 64% des ménages pensent revenir à leurs habitudes initiales ; et pour ceux qui pensent en changer, 67% envisagent de modifier la fréquence d’utilisation du service, 46% le budget consacré. Si 56% des ménages pensent revenir aussi souvent qu’avant dans les restaurants, bars et cafés, les perspectives de consommation demeurent toutefois prudentes : 70% des répondants envisagent de consommer sur place, contre 86% qui le faisaient de cette façon avant le confinement. La livraison étant plébiscitée à 17% contre 9% auparavant, et le service à emporter à 35% contre 23%.