Les mutations nécessaires du secteur agricole
«Fluctuat nec mergitur» («Elle tangue mais ne coule pas»). La filière agricole aurait pu adopter la devise de Paris pour son grand salon annuel qui s’est tenu du 22 février au 1er mars. Pris par les évolutions des métiers, les enjeux environnementaux, la réforme de la PAC ou le Brexit, ce grand rendez-vous reste incontournable pour tous ceux ce qui touchent à l’agriculture ou que l’agriculture touche !
Les chiffres du Salon international de l’agriculture 2020, porte de Versailles à Paris, parlent d’eux-mêmes : 1 000 exposants issus de 20 pays, dont 1 535 éleveurs et 3 000 animaux de concours répartis en 392 races, sans compter les filières végétales, les produits des régions et du monde, dont 15 850 vins et 6 630 produits qui sont dégustés. Le concours général agricole, qui concerne les animaux, les vins et les autres produits, a fêté cette année ses 150 ans !
Rythmé par le défilé du public, des professionnels de toutes les filières et régions agricoles, et, bien sûr, des responsables politiques, le Salon est d’abord l’occasion de faire le point sur les enjeux, les perspectives et la place économique et sociétale de l’agriculture en France. D’autant que les attentes des Français sont grandissantes en matière de qualité de l’alimentation, de l’air et de l’eau, de bien-être animal et de lutte contre le réchauffement climatique. Face à cette demande sociétale, les agriculteurs doivent avoir les épaules larges et être sur tous les fronts.
En matière d’emploi, l’heure est grave car les nouvelles générations ne comblent pas la baisse du nombre d’agriculteurs. Un tiers des chefs d’exploitation seront à la retraite dans dix ans. En cause, le revenu agricole, qui reste très faible en moyenne et très hétérogène selon les régions et les exploitations. La campagne intitulée «L’aventure du vivant», destinée à séduire les collégiens et lycéens, tombe à pic. Jusqu’au 15 mai, un grand camion pédagogique sillonnera les routes à la rencontre des jeunes. Pour le problème des revenus agricoles, la PAC est en cours de discussion et vous pouvez donner votre avis sur le site du débat public1.
L’agriculture qui positive
Le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, reste pourtant résolument positif. Au premier rang de cet optimisme, il y a la transition écologique qui est prise en compte par toutes les filières, avec de nouvelles pratiques. Près de la moitié des exploitations sont déjà engagées dans une transition environnementale. L’objectif à atteindre est de 15% de surface agricole en bio en 2022, de 50% de produits sous signe de qualité, dont 20% de bio, et de 15 000 exploitations cultivées en HVE (haute valeur environnementale). Le cap se veut ambitieux et accessible.
Une autre raison de positiver est l’apparition d’une nouvelle bioéconomie. «La transition demande des ruptures, explique Didier Guillaume. L’économie agricole n’est pas celle d’il y a vingt ans. La digitalisation, l’économie circulaire, la digitalisation et la bioéconomie permettent de faire évoluer l’économie agricole.» Trois trophées «Coup de cœur» ont été remis par le ministre. Il a été décerné, pour le premier, à un dérivé de l’inule, une plante invasive qui peut être valorisée soit en paillage soit en biofongicide. Le deuxième est allé à Franck Grossel de la société Instead (Hauts-de-France) pour un procédé qui permet de recycler les drêches de brasserie en matériau utilisable pour fabriquer des meubles et des sièges : le consommateur s’assoit sur ce qu’il est en train de boire ! Le troisième est allé à Jacques Follet, président de l’association Lin et Chanvre en Normandie, pour son premier jean en lin et chanvre bio et pour son action en faveur d’une filière textile 100% française.
Bonnes idées, passion et pédagogie, l’agriculture française aura cette année encore réussi à séduire près de 600 000 visiteurs !
- impactons.debatpublic.fr