Les mineurs se souviennent...
Visite à Liévin de Manuel Valls le 27 décembre dernier. En moins de deux heures, le Premier ministre a fait le déplacement en Nord-Pas-de-Calais afin d'assister aux cérémonies commémorant la catastrophe minière de Liévin qui avait fait 42 victimes le 27 décembre 1974.
A près de 82 ans, Salvatore Ranieri est descendu tout doucement de la voiture qui l’a amené aux cérémonies du 40e anniversaire de la catastrophe minière de la fosse Saint-Amé, où travaillaient les mineurs de la cité 3 bis. Le 27 décembre 1974, alors que la France commence à construire ses centrales nucléaires pour ne plus dépendre des énergies fossiles, un coup de grisou souffle les galeries et emporte 42 mineurs. Salvatore Ranieri a été projeté au sol : “J’étais en train de préparer mon travail et une énorme explosion est arrivée. C’était comme une tempête. Les sauveteurs sont venus et je leur ai montré où j’avais vu deux camarades tomber. Ils m’ont dit de rester sur place, mais je suis remonté très vite. J’avais très peur…” On parle d’abord de 2 morts, puis d’une vingtaine de blessés. On dénombre 18 morts dans l’après-midi, puis 35 en fin de journée. La nuit apporte 7 victimes supplémentaires. Parmi elles, des immigrés de Pologne, de Belgique et d’Afrique du Nord.
D’un Premier ministre à l’autre, l’hommage de la Nation à ses mineurs. L’émotion était palpable. Au dépôt de gerbes (certaines déposées par des mineurs belges) ont succédé les prises de parole. “Cette catastrophe fut la dernière grande catastrophe minière de France ; la dernière d’une trop longue série. (…) Oui, les ouvriers ont tenu une place centrale dans l’histoire de notre nation“, a déclaré le Premier ministre, raccrochant l’histoire minière aux conditions de travail dont le gouvernement fait aussi son actualité, avec le compte pénibilité qui accordera des points supplémentaires aux “travailleurs“. Laurent Duporge, maire de Liévin, a été le plus lyrique lors de cette cérémonie : “Ces gens étaient plus que des hommes : ils étaient mineurs.” Il y a 40 ans, Jacques Chirac, alors Premier ministre, était venu assister aux funérailles des 42 mineurs. En 2014, ils ont eu droit à l’hommage de la Nation, mais au son d’une Marseillaise écourtée.