Entreprises
Être micro-entrepreneur en 2023, en Moselle
Si lors de ces quatre premiers mois de l’année, le nombre de créations de micro-entreprises semble ralentir, il n’empêche, la courbe de progression de celles et ceux choisissant ce statut pour voler de leurs propres et épouser un dessein d’indépendant est spectaculaire. Dans le département, La micro-entreprise représentait 48 % des créations au premier trimestre 2019. Sur la même période, quatre ans plus tard, ce taux est monté à 67 %. Explications d’un phénomène et prospectives.
La tendance se confirme avec les chiffres de la création d’entreprise en 2022 : l’engouement des Français pour le travail indépendant ne faiblit pas. La Moselle ne fait pas exception. De plus en plus de personnes souhaitent donner du sens à leur vie professionnelle et optent pour la micro-entreprise. Les données de l’Urssaf, celles de Bpifrance, de l’Insee convergent, montrant un réel phénomène de société. En Moselle, pour ces quatre premiers de l’année, la micro-entreprise, avec 2 447 nouvelles entités lancées depuis le 1er janvier, pèsent 67 % du total des créations. Quand on sait, qu’en 2019, elle représentait moins de 50 %. C’est dire l’ampleur de la vague. D’avril 2022 à avril 2023, la part de la micro-entreprise a progressé de + 3 %. Une hausse qui fait suite, entre autres, au doublement des seuils de chiffre d’affaires permettant d’accéder au régime fiscal simplifié.
La crise sanitaire, facteur déclencheur
Également, ce succès s’explique par le désir croissant de femmes et d’hommes d’être indépendants dans leur travail, d’y donner du sens et de tester de nouvelles voies professionnelles. Sans conteste, la crise de la Covid-19 a été un déclencheur physiologique pour beaucoup qui ont remis en question leur quotidien professionnel. Ainsi, de nombreux salariés ont bifurqué, pris un virage dans leur carrière, en se lançant dans la création de micro-entreprise. On l’observe, au fil des éléments statistiques et notes de conjoncture, les micro-entrepreneurs forment un ensemble hétérogène de personnes, actives dans une multitude d’activités, rendant souvent les analyses globales avec une large part d’aléatoire. Jusqu’à une période récente, l’image du micro-entrepreneur pâtissait de préjugés entendus : «les gens font ça par contrainte après avoir été licenciés», «ce ne sont que de petits boulots sans intérêt», «ils ne sont pas de chiffre d’affaires»… Une analyse aujourd’hui erronée et caduque. Car la pandémie a rebattu les cartes, ici, comme dans bien d’autres domaines.
30 % de salariés-micro-entrepreneurs
En 2020, le nombre de micro-entrepreneurs a explosé. Quand, en Moselle, en 2019, janvier, février, mars et avril avaient vu 1 387 micro-entreprises se créer, ce nombre, sur les quatre mêmes mois de 2021 passait à… 2 447 ! +76 % ! La crise sanitaire, ses confinements et ses couvre-feux ont largement favorisé les longues périodes d’introspection, pendant lesquelles nombreux sont ceux qui ont réfléchi à leur stratégie personnelle, dans la sphère privée comme dans celle touchant au professionnel. Pour certains, cela a agi comme un déclic : «pourquoi attendre encore afin de réaliser ce dont je rêve depuis longtemps ?» Cette réflexion a conduit un grand nombre de personnes à avoir envie d’entreprendre afin d’initier une activité leur plaisant vraiment. Ils avaient cette aspiration, mais pouvaient parfois être hésitants face à la complexité administrative qu’ils percevaient de la création d’entreprise. Naturellement, ils ont opté pour le statut de la micro-entreprise. Quand on ne sait pas si une nouvelle activité va fonctionner, c’est un tremplin pour essayer. Certes, pour certains, cette activité ne décollera jamais. En revanche, pour d’autres, cela peut générer rapidement un revenu correct. Nombre de micro-entrepreneurs ont un double statut, salariés, étudiant ou retraité. 20 % ont moins de 30 ans, 12 % ont plus de 60 ans. Quand ils sont salariés, les micro-entrepreneurs sont, pour 80 % d’entre eux, dans un secteur différent de celui de leur emploi. Fin juin 2022, le réseau des Urssaf recensait en France, 2,50 millions de micro-entrepreneurs actifs, soit 272 000 de plus sur un an. Si la moitié ne passera pas le cap des trois ans d’activité, ce seront tout de même plus de 130 000 qui perduraient. La micro-entreprise dans notre pays, c’est près de 3 % de la population et 10 % de la population active.
Des chiffres d'affaires variables
Sur la période 2019-2022, les immatriculations de micro-entreprises sont les plus fortes dans les activités nomenclaturées : poste et courrier, activités immobilières, nettoyage, transport routier, fret et déménagement, industrie, commerce de détail non spécialisés, informatique, information et communication, conseils d’affaires et de gestion. Le taux de micro-entrepreneurs actifs l’an passé dégageait un trio : hébergement (76,6 %), santé (73,3 %), coiffure et soins du corps (71,7 %. Arrivaient ensuite, le BTP, le commerce de détail non alimentaire - hors pharmacie - , les activités juridiques, l’enseignement, les activités sportives et la réparation automobiles. En juin 2022, le chiffre d’affaires moyen d’un micro-entrepreneur était de 4 907 € (+ 7,9 % par rapport à juin 2021). Avec des contrastes sectoriels importants. Alors qu’il avait augmenté de + 61 % sur un an dans l’hébergement et de + 42 % dans la restauration et débits de boissons, il diminuait de 17 % dans les activités de poste et courrier. Dans le BTP, les évolutions du chiffre d’affaires demeuraient faibles (+ 1,9 % pour les travaux de finition, + 2,5 % pour le gros-oeuvre). Tandis que les activités sportives (+ 24,5 %), la coiffure et soins du corps (+ 22,8 %), les arts et spectacles (+ 19,2 %) affichaient des progressions importantes. En Moselle, les micro-entrepreneurs sont désormais bien ancrés dans le paysage entrepreneurial : souvent des choix de vie. Dans les mutations sociétales qui irriguent les strates de notre vivre ensemble, il y a tout à parier que cela va encore fortement progresser dans les mois et années à venir. Sans doute, également, tenons-nous ici un gisement de nouveaux métiers. Ce n'est le point le moins important, surtout à l'heure d'une nécessaire innovation, au cœur des transitions écologiques, énergétiques et numériques.
2 070
C'est le nombre de micro-entreprises créées en Moselle durant le premier trimestre 2023 (1 923 sur la même période en 2022, 1 089 en 2019, 876 en 2015).