Les maires réunis en congrès à Paris sur fond de "fatigue républicaine"
Les maires de France sont réunis en congrès mardi à Paris sur fond de hausse des violences et d'augmentation des démissions, entre exigences croissantes des citoyens et relations de plus en plus compliquées avec l'Etat, là où le gouvernement met...
Les maires de France sont réunis en congrès mardi à Paris sur fond de hausse des violences et d'augmentation des démissions, entre exigences croissantes des citoyens et relations de plus en plus compliquées avec l'Etat, là où le gouvernement met en avant des "avancées" pour améliorer leur quotidien.
"Communes attaquées, République menacée": le thème du 105e congrès de l'Association des maires de France (AMF) résonne avec la série d'agressions qui ont marqué l'année 2023, de l'incendie criminel au domicile du maire de Saint-Brevin (Loire-Atlantique) à l'attaque à la voiture-bélier qui a visé celui de son confrère de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) lors des émeutes de l'été.
Selon le ministère de l'Intérieur, les agressions envers les élus devraient augmenter de 15% en 2023 après une hausse de 32% l'an dernier.
Sans établir de lien direct de cause à effet, une enquête Cevipof publiée dimanche alerte sur un nombre "exceptionnellement élevé" de démissions d'élus depuis 2020, signe d'une "fatigue républicaine" et d'un sentiment d'"empêchement" et d'"impuissance" des élus.
"Il y a une certaine lassitude qui s'installe. On a l'impression d'être entre le marteau et l'enclume dans nos rapports avec les citoyens et l'Etat", confirme auprès de l'AFP Viviane Fattorelli, maire DVG d'Audun-le-Tiche, commune mosellane de 7.300 habitants, pour qui "les gens sont de plus en plus impatients et agressifs depuis la crise Covid".
Lors du grand débat d'ouverture organisé l'après-midi sur le thème des "communes attaquées", plusieurs maires victimes de violences ont témoigné de ce qu'ils ont vécu, dont la nouvelle maire de Saint-Brevin-les-Pins, Dorothée Pacaud, le maire de Belâbre (Indre) Laurent Laroche ou le maire de L'Île-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) Mohamed Gnabaly.
"Le premier rôle du maire c'est de rassembler, c'est de créer du lien, c'est de faire de la cohésion sociale", a rappelé ce dernier en se montrant optimiste pour l'avenir.
Emmanuel Macron, qui devait initialement se rendre au salon mercredi, a annulé sa venue en raison d'un sommet du G20 en visioconférence. Il recevra dans la soirée un millier de maires à l'Elysée.
Interrogé, le président de l'AMF et maire LR de Cannes David Lisnard a balayé les questions relatives à cette absence pourtant remarquée.
"Je ne dis pas que ça nous est indifférent, mais nous sommes concentrés sur nos travaux, et ce que l'on voudrait c'est que l'on s'intéresse à ce que nous disons", a-t-il déclaré, en rappelant que "c'est le congrès des maires, pas le congrès de l'Elysée".
"Le congrès c'est vous, vous qui êtes ici. Ce ne sont ni les allées du salon, ni les salons de l'Elysée", a rebondi dans l'après-midi le premier vice-président délégué de l'AMF André Laignel (PS).
Manque de bon sens
Outre les relations de plus en plus tendues avec leurs administrés, les maires se plaignent d'une recentralisation rampante de la part de l'Etat et d'une surabondance de normes qui complexifie l'action locale.
"On ajoute sans cesse de nouvelles normes, mais on n'en enlève jamais. Parfois je me dis en les lisant qu'il y a un manque de bon sens évident et qu'on ne pourra pas les appliquer", a témoigné pour l'AFP Claude Jacquet, maire PRG depuis 28 ans de Chaveyriat (Ain).
David Lisnard a lui plaidé pour une République qui "peut être relancée, dynamisée, stimulée", ce qui passe selon lui par un retour de la "capacité d'action" des maires contre "l'empêchement bureaucratique".
Face aux revendications des maires, le gouvernement estime cependant que les choses "avancent" depuis un an. "Le gouvernement n'a détourné le regard d'aucun des sujets compliqués", assure le cabinet de la ministre des Collectivités territoriales Dominique Faure, tout en reconnaissant qu'"il y a toujours des marges de progrès".
Contre les violences, le gouvernement met en avant son "plan de lutte" lancé en juillet, ainsi que la proposition de loi sénatoriale qui durcit les sanctions pénales en cas d'attaque d'un élu.
Sur le plan financier, l'AMF ne cesse d'alerter sur les baisses de dotation et l'absence de compensation à "l'euro près" des recettes perdues.
Interrogée lundi par plusieurs médias, Dominique Faure a au contraire estimé que le projet de loi de finances (PLF) pour 2024 était "très bon pour les collectivités".
Plus de 10.000 participants et une quinzaine de ministres sont attendus jusqu'à jeudi porte de Versailles, où 39 thèmes seront débattus, dont celui des conditions d'exercice du mandat.
Sur ce sujet crucial, des annonces devraient être faites par Elisabeth Borne jeudi, lors de son discours de clôture.
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