Les maires de la Somme, entre inquiétude et exaspération
L'assemblée générale de l'association des maires de la Somme a permis aux élus de rendre publique leur exaspération sur la baisse des dotations de l'État et leur inquiétude sur la réforme des collectivités territoriales.
Beaucoup de monde au centre Mégacité d’Amiens, pour l’assemblée générale annuelle de l’association des maires de la Somme. La matinée s’est déroulée de manière tranquille, pour aborder les rapports annuels d’activité, mais également apporter une modification aux statuts. Désormais, les communautés de communes pourront adhérer à l’association départementale rattachée à l’Association des maires de France (AMF).
Les élus présents ont également pu profiter de deux ateliers thématiques : “Les outils au service des collectivités ter ritoriales”, animé par Bertrand Guillelmet, chargé de développement territorial à la Caisse des dépôts, et “La responsabilité des élus”, avec l’intervention de Christophe Daubin, directeur commercial des assurances mutuelles de Picardie.
La loi NOTRe inquiète
C’est l’après-midi que les échanges se sont animés, jusqu’à devenir parfois passionnés.
Au cours du débat sur un point d’étape de la loi Nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe), un maire participant a même proposé à ses collègues de démissionner en bloc de leur charge d’élu, pour montrer son exaspération. Voyant qu’il n’était pas suivi dans cette démarche, il s’est rassis. Le débat sur le thème : “La loi NOTRe, où en sommes-nous ?”, a été animé par Jean-Chistophe Lenendre et Agnès Lebrun, respectivement chargé de mission et vice-présidente de l’AMF.
Même si cette dernière veut se montrer rassurante, pour calmer un peu les esprits, en expliquant que : « Rien n’est figé pour l’instant et que les contours de la loi ne sont pas encore connus. »
Après avoir pris quelques notes pendant les échanges, Laurent Somon, fraîchement élu président du conseil départemental de la Somme, a lancé : « La commune est la richesse de notre démocratie. Elle fait la biodiversité des territoires, que l’on doit défendre et conserver. Il y a un mouvement majoritaire dans ce sens, mais qui ne sait pas se faire entendre. Je lance donc un appel à nous mobiliser. »
Le plus beau des mandats
Il ajoute : « Élu local, c’est le plus beau des mandats. Mais, ce n’est pas le plus facile. Entre les demandes de nos concitoyens, les normes de plus en plus pesantes, la dotation globale de fonctionnement qui s’effondre, la perspective de fusion de communautés de communes et tout simplement le temps nécessaire pour bien faire ce pour quoi nous sommes élus, beaucoup se décourageraient. Pourtant, nous avançons, nous travaillons, nous restons présents, pour améliorer le quotidien de nos habitants et répondre à certaines de leurs attentes. »
Puis, Laurent Somon a informé l’assistance qu’il allait rencontrer prochainement Jean-Claude Billot, le président de l’association des maires de la Somme, en indiquant : « Nous devons voir dans quelles conditions nous pourrions mieux nous associer, mieux travailler et mieux informer. Il n’y a pas les communes d’un côté et le département de l’autre. D’ailleurs, nous devons convaincre nos dirigeants de la pertinence de ces deux niveaux de collectivités de proximité dans un environnement de réformes, qui crée une grande région Nord-Pas-de-Calais- Picardie, qui va éloigner bien des centres de décision de chacune de nos collectivités territoriales. » Concernant ce dernier point, Brigitte Fouré, maire d’Amiens, et Alain Gest, président d’Amiens Métropole, étaient assis au premier rang dans la salle, pour afficher résolument leur appel à défendre Amiens, comme capitale régionale. Garder une liberté d’action En marge de l’assemblée générale de l’association qu’il préside, le maire de Ferrières, Jean-Claude Billot, évoque les préoccupations de ses pairs : « On ne peut plus tolérer la diminution des dotations d’État, car nous devons garder une liberté d’action. En outre, c’est un droit inscrit dans la Constitution, qui doit nous être versé par l’État, en échange des services que nous apportons à sa place à nos concitoyens. »
Il poursuit : « Le gros problème que nous avons pointé dans le projet de la loi NOTRe concerne l’élection au suffrage universel des représentants aux communautés de communes. Nous le refusons et voulons conserver le système actuel, car il est au plus près des préoccupations communales. Concernant le regroupement des intercommunalités à 20 000 habitants, nous disons que ce n’est pas la quantité, qui compte, mais la qualité. Il faut laisser la liberté aux élus de définir ce qu’est leur bassin de vie. » Il a conclu ainsi : « Nous nous opposons également aux transferts de compétences de l’eau et de l’assainissement. Il ne faut pas casser les syndicats existants, qui fonctionnent très bien. Encore une fois, la loi doit laisser la liberté d’action. Pas de transfert arbitraire ! »
Une association au service des maires de la Somme
L’association des maires de la Somme affiche 729 maires adhérents sur les 782 communes que compte le département. Jean-Claude Billot est le président depuis 2014. L’association départementale est affiliée à l’AMF depuis 1993. La structure emploie deux personnes chargées d’informer et de conseiller les adhérents.
L’association a pour principale vocation d’apporter des services aux maires adhérents dans le domaine de la formation et du conseil. Elle veille à apporter des réponses au quotidien, en particulier dans les aspects juridiques, mais organise également des sessions de formation régulières. Au moins une fois par mois, des journées de formation sont organisées, pour répondre à des préoccupations des élus, dans des domaines comme : les finances locales, la réglementation concernant les cimetières, l’urbanisme… Par ailleurs, des réunions d’information thématiques sont également proposées, avec des spécialistes, pour aborder : les risques majeurs, l’accessibilité, l’embauche de personnes handicapées…