Les lunettes écoconçues de Christophe Guérin cartonnent à l’international

Des lunettes… en bois ! L’idée n’est pas venue immédiatement à Christophe Guérin, pourtant lui-même porteur de lunettes. «J’adorais passer du temps du côté de l’ébénisterie quand j’étais à l’école Boulle dans la section design. En 2008, mes amis ébénistes m’ont montré un nouveau type de placage en bois, très fin et léger. L’idée des lunettes est partie de là», raconte le jeune trentenaire. D’origine dijonnaise, avec un associé à Lyon, il n’avait a priori rien à faire à Lille. «C’est le projet ‘Maisons de mode’ qui m’a fait venir ici. Leur fonctionnement en pépinière, avec les conseils personnalisés pour monter et pérenniser son entreprise, et les échanges avec les autres créateurs, m’a séduit.»

Christophe Guérin va mettre cinq ans pour faire aboutir son projet, en recherches produit et levées de fonds. Conseillé par “Maisons de mode” et par François Girardin à la CCI Grand-Lille, il va lever 300 000 € pour le développement, en utilisant tous les fonds et les prêts disponibles sur le marché et en séduisant quatre investisseurs privés. Parallèlement, les premières lunettes en bois évoluent : elles ne sont plus d’un seul tenant et le concept s’affine au cours du temps.  “Mù Visions” naît en août 2012.

Un design low-tech. Le jeune designer développe le concept  de design «low-high». «Il s’agit de faire le plus simplement  (low) avec les techniques les plus pointues et high-tech», explique-t-il. Un paradoxe qu’il résout en y ajoutant l’écoconception totale : «C’est 100% monomatière, 100% recyclable et 100% démontable.». Et 100% made in France (dans le Jura pour l’instant, mais bientôt à Lille), avec des matériaux presque tous français eux aussi, à l’exception du bois qui vient d’Allemagne (mais qui est PEFC) et du cuir souple des boîtes de lunettes qui vient de Tournai.  Il développe une deuxième série de lunettes, flexibles cette fois et entièrement démontables, avec des branches en acier inoxydable issu de la chirurgie et des manchons d’oreilles en silicone. Il dépose un brevet pour l’agrafe si particulière qui relie les branches à la face, véritable ADN  de la marque “Mù Visions”.

Un développement à l’international d’abord. L’international est le premier terrain de vente de la toute jeune marque française. Le jeune entrepreneur designer écume tous les salons d’optique de la planète depuis le début de l’année avec succès. Après l’Europe, ce sont les Etats-Unis, l’Asie et l’Amérique du Sud. «La concurrence est là sur les lunettes en bois, mais nous sommes les seuls à proposer la flexibilité des branches et une telle qualité», dit-il, confiant. La collection Circonflex vient d’ailleurs de recevoir le Goncourt du design, le 1^er  prix du Red Dot Design Award 2014. Rien de tel pour booster Christophe Guérin qui a encore des idées plein la tête : un nouveau matériau (un bioplastique) pour la collection de la rentrée 2014, une licence avec une grande marque pour développer les incroyables boîtiers de lunettes en cuir souple, de nouveaux placages de bois, etc., etc. Une vision de loin assurée !