Les jeunes diplômés invités à découvrir les entreprises françaises
Le gouvernement invente le «volontariat territorial en entreprise». Objectif : inciter les jeunes diplômés à découvrir les PME industrielles du territoire. Un pari destiné à pallier les difficultés de recrutement que rencontrent ces sociétés.
Le Sud-Alsace ou le Berry, aussi attrayants que Singapour et San Francisco aux yeux des générations Y et Z? C’est le pari que va devoir tenir le VTE, «Volontariat territorial en entreprise». Calqué sur le modèle du VIE, «Volontariat international en entreprise», créé en 2000, qui permet aux jeunes de réaliser une première expérience professionnelle dans des sociétés françaises implantées à l’étranger, ce nouveau dispositif vise à les inciter à orienter leur carrière vers les PME et ETI industrielles en France. Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, et Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, banque publique d’investissement, ont récemment lancé l’opération lors du Conseil national de l’Industrie. Pierre angulaire, le site internet dédié (www.vte-france.fr) joue le rôle d’interface entre les étudiants et jeunes diplômés qui peuvent candidater, et les PME et les ETI, lesquelles déposent des annonces.
Parmi ces entreprises, nombreuses sont celles implantées dans les «Territoires d’industrie», ces zones qui font l’objet d’une politique spécifique de développement, lancée en novembre 2018 par le Premier ministre, Edouard Philippe. Pour les candidats, le VTE offre une possibilité d’«immersion dans la vie d’une PME en exerçant immédiatement des responsabilités importantes aux côtés du ou de la dirigeant(e)», promet Bpifrance dans un communiqué. D’après l’établissement, l’opération devrait être bénéfique pour les deux parties. Le «volontaire» profite d’une expérience professionnelle enrichissante. Pour le chef d’entreprise, c’est l’occasion d’essayer de conserver ces nouveaux talents, potentiellement séduits par l’expérience. Concrètement, le dispositif VTE s’adresse aux étudiants et jeunes diplômés de niveau bac+2 à bac+5. Il consistera en une expérience d’au moins un an, rémunérée par l’entreprise, et qui pourra prendre différentes formes : contrat d’apprentissage pour les étudiants, CDD ou contrat à durée indéterminée classique pour les jeunes diplômés.
Neuf PME sur 10 ont du mal à recruter
Pour rendre le dispositif effectif, le gouvernement s’est tourné vers les établissements d’enseignement supérieur, dont certains se sont déjà engagés à promouvoir l’opération auprès de leurs étudiants, comme l’EMLyon business school, les écoles de l’institut Mines Telecom, Hautes Etudes Sorbonne Art et métiers et l’Université de technologie de Belfort- Montbéliard.
Quant à Bpifrance, la banque publique entend se mobiliser auprès des entreprises qu’elle accompagne, pour les inciter à recruter en VTE. Le gouvernement compte également sur les «Territoires d’industrie» pour promouvoir ce dispositif auprès de leurs entreprises et des collectivités territoriales, ces dernières pouvant simplifier la vie des VTE en favorisant leur mobilité et leur accès au logement. C’est dès la rentrée prochaine que la première promotion va démarrer, avec un objectif d’une centaine de contrats signés. Après cette première expérimentation, le gouvernement cible un objectif de 2 000 VTE par an. L’enjeu est de taille : près de neuf PME et ETI sur 10 connaissent des difficultés à recruter, et ce, à tous les niveaux de qualification et à tous les postes, souligne le Lab Bpifrance, en référence à l’une de ses études publiée en novembre 2017. Près de la moitié des entreprises vont même jusqu’à qualifier ces difficultés de «sérieuses», à savoir fréquentes ou ayant potentiellement un impact sensible sur la progression de leur chiffre d’affaires. Autre souci, la fidélisation des salariés : 42% des répondants font face, ponctuellement ou régulièrement, à des départs de salariés-clés, d’après l’étude. Par ailleurs, le sentiment de manquer de talents augmente avec la taille et le rythme de développement.