Les jardins remarquables de Maizicourt
Cet été, Picardie la Gazette vous propose une série de reportages sur des lieux touristiques de la région. Première étape pour la Somme avec les jardins de Maizicourt. Peu connus du grand public mais admirés par les passionnés, ils sont ouverts au public en 1997, sont labellisés "jardin remarquable". Visité par plus de 3 300 visiteurs chaque année, le lieu est sélectionné pour l’émission estivale Le jardin préféré des Français.
Jardin de l’année en 2006, Talent de la Somme, Prix Vielles Maisons Françaises (VMF) restauration et création … Les jardins de Maizicourt sont aujourd’hui une valeur sûre dans le paysage du tourisme picard. Pourtant, longtemps abandonnée, la propriété était en ruine lorsque Catherine Guévenoux et son époux ont acquis le lieu. Celle qui se définit plus comme une « coloriste » qu’une « botaniste » va transformer petit à petit l’espace.
Aujourd’hui, trois jardiniers en plus de Catherine Guévenoux, travaillent dans ce jardin qui se décompose en 19 parties sur plus de 8 hectares. Composé de fleurs, d’arbres, et de plantes vivaces, le lieu a été voulu moins imposant et moins solennel que les traditionnels jardins « à la française ». Si certains puisent leur inspiration au-delà des frontières, l’esprit et les traditions locales sont conservés, avec notamment de larges haies et des arbres centenaires.
« Nous devions ouvrir une fois par an lors des journées du patrimoine. Pour notre première participation, il pleuvait et nous n’avons eu qu’une seule visite, celle de la Directrice du Comité Départementale du Tourisme (CDT). Elle nous a dit que nous n’avions pas le droit de garder ces jardins pour nous, et qu’il fallait ouvrir au public. C’est comme ça que l’aventure a commencé ». A partir de là, Catherine Guévenoux s’engage pour la promotion du tourisme en Picardie tout en s’évertuant à développer et à faire évoluer constamment son jardin. Peu de temps après, une charte de qualité ainsi que le comité Parcs et jardins de Picardie sont mis en place, garantissant la qualité des lieux.
Même si le site est situé hors zone touristique, les jardins de Maizicourt restent un lieu de rencontre pour les habitants du village, pour qui l’entrée est gratuite, ainsi que pour les passionnés de jardins, à l’image de Jocelyne venue de l’Eure : « Je voulais absolument visiter ces jardins, que j’ai vus dans plusieurs magazines. Il faudrait même venir à chaque saison pour l’apprécier complètement, il est d’une poésie rare. Il y a plus d’arbres et de fleurs d’ombres que dans les autres jardins ». En plus du site et de la bourse aux plantes organisée chaque année en octobre, les jardiniers s’occupent également des 4 hectares du village. La commune a ainsi gagné deux fleurs et espère conquérir la troisième sous peu.
Crise et difficultés
Si l’ouverture au public permet à chacun de découvrir un lieu hors du commun, c’est également une charge très importante : « C’est un équilibre difficile financièrement, j’ai dû créer un lieu d’accueil pour les visiteurs, un dépliant, tout cela sans aide. Il faut ajouter à cela le mauvais temps et la crise, l’équation n’est pas toujours facile ». Au mois de juin cette année, la fréquentation du jardin a par exemple baissé d’un tiers, signe que les temps sont difficiles pour tout le monde. Côté avenir d’ailleurs, malgré de nombreuses récompenses pour son travail, Catherine Guévenoux ne veut rien imposer à ses enfants « Il n’y a rien en France pour protéger les jardins, il faut tout de suite créer une fondation et investir beaucoup d’argent. Je ne veux pas que ma passion devienne un enfer pour mes enfants. Ils savent n’y a pas d’obligation à continuer ». Quand l’orage financier sera passé, les époux Guévenoux envisagent néanmoins de sortir un livre pour montrer l’évolution du jardin.