"Les institutions culturelles et économiques sont des instruments d’attractivité pour notre région"
L’Orchestre National de Lille effectue, cette semaine, en Grande-Bretagne, une tournée diplomatique culturelle exceptionnelle en plein contexte de Brexit.
C’est l’aboutissement de deux ans de préparation. L’Orchestre National de Lille assure cette dernière semaine de janvier une série de plusieurs concerts en Grande-Bretagne à Birmingham, Londres, Newcastle-Gateshead, Sheffield et Leeds. Un déplacement exceptionnel sur le plan artistique mais également pour plusieurs autres raisons. C’est en effet une véritable mission culturelle diplomatique qui, en plein Brexit, a vocation à renforcer les relations entre la région Hauts-de-France et son principal partenaire commercial étranger. Plus de 5 000 entreprises installées dans la région commercent régulièrement avec le Royaume-Uni et une trentaine ont une filiale en Grande-Bretagne. L’ONL et son équipe – plus d’une centaine de personnes – est ainsi accompagné par une délégation de 200 personnes qui noueront des contacts avec les représentants locaux britanniques des secteurs culturel et économique.
Cette tournée, au budget de plus de 350 000 euros, ambitionne donc d’être une danse de la séduction dévoilant tous les avantages que représente les Hauts-de-France. «Le Brexit n’est pas une fin mais un nouveau départ commente François Navarro, directeur général de l’agence d’attractivité Hello Lille, l’un des partenaires de la tournée. Les enjeux pour nous sont énormes car il s’agit d’attirer des cadres et des acteurs des différents secteurs, notamment économiques, sportifs et culturels.» C’est donc une véritable task force à l’échelle régionale qui se mobilise pour saisir l’opportunité du Brexit.
«C’est un alignement des planètes exceptionnels se réjouit Luc Doublet, président de la société Doublet et administrateur de l’ONL. C’est la première fois qu’une telle mission est mise en place et que tous les interlocuteurs sont d’accord autour de ce projet. Et il se concrétise au moment même du Brexit. Tout est réuni pour faire de cette tournée un événement exceptionnel. Nous voulons montrer ce que sait faire la région à des sociétés qui étaient basées en Angleterre et qui pourraient être attirées par un territoire européen proche du territoire anglais. Les institutions culturelles et les institutions économiques ne peuvent pas être séparées. Ce sont des instruments d’attractivité pour une région». Et cet aspect utile revêt beaucoup de sens pour François Bou, directeur général de l’ONL. «On n’organise pas une tournée juste pour faire une tournée, fait-il remarquer. Cela n’est pas rentable et ne correspond plus aux attentes du moment. Une tournée doit être utile pour ceux qui la font mais aussi pour ceux qui la reçoivent. Peu d’orchestre français tournent en Grande-Bretagne. Ce fut un travail d’équipe à tous les niveaux pendant deux ans pour mettre en place cette série de concerts».
Le programme musical élaboré par Alexandre Bloch, chef d’orchestre et directeur musical de l’ONL, pour sa première tournée, est en lien avec cette volonté de magnifier l’esprit français. Il est composé en majeure partie d’oeuvres de Ravel et de Debussy (Ma mère l’Oye, La Valse, La Mer, Iberia…) et de la célébration des 250 ans de la naissance de Beethoven avec le Quatrième Concerto pour piano interprété par Eric Lu, jeune pianiste britannique de 20 ans encensé pour son talent. Cette tournée aura également la saveur particulière d’être un retour aux sources pour Alexandre Bloch car le dynamique chef d’orchestre de l’ONL a débuté sa carrière outre-Manche en étant notamment chef d’orchestre assistant au London Symphony Orchestra.