Les Hauts-de-France, moteur européen de la protéine végétale
Présent sur le Salon de l'agriculture le 27 février dernier, le Village by CA Nord de France a lancé le premier appel à candidatures européen autour de la protéine végétale. Les candidats ont jusqu'au 19 mai pour déposer leurs dossiers.
C’est une première en Europe. L’appel à candidatures «Innover autour de la protéine végétale au service de l’alimentation humaine» s’inscrit dans un enjeu à la fois nutritionnel et environnemental. «De 7 milliards d’habitants, nous passerons à 9 milliards en 2050. Il faut trouver d’autres sources d’alimentation et répondre aux attentes des consommateurs de demain. La protéine végétale rentre logiquement dans ces préoccupations.» C’est par ces mots forts que Thierry Lebrun, directeur du Village by CA Nord de France, a exposé l’enjeu de taille auquel devront répondre les candidats. L’appel à candidatures s’adresse aux porteurs de projet ou start-up français mais aussi européens ; «12 000 contacts à travers l’Europe ont été avertis de ce grand appel à projets», glisse Etienne Vervaecke, directeur général D’Eurasanté et du pôle NSL. Les partenaires qui formeront le jury évalueront les candidats sur l’innovation disruptive et la qualité du projet. «L’idée est de sélectionner des projets matures qui peuvent avoir jusqu’à trois ans d’existence et des produits déjà commercialisés», indique le directeur d’Eurasanté, partenaire majeur de cette manifestation.
«Lever les freins culturels et gustatifs». La consommation de viande est importante dans la culture française et les Français ne savent pas forcément où trouver les produits végétaux ni comment les cuisiner. «Les start-up ont un rôle à jouer au niveau culturel et un défi également gustatif à relever», indiquent les partenaires. La demande de protéine végétale a augmenté de 40% et la demande de produits comme les steaks végétaux ou les légumineuses n’a jamais été aussi forte dans l’Hexagone. «Il existe aujourd’hui une vraie complémentarité entre la protéine végétale et animale et il n’y aucune volonté de substitution», détaille Antoine Petters, responsable des partenariats et relations extérieures de l’IAR-Pôle de la bioéconomie. Pour exemple, la production de haricots rouges consomme 18 fois moins de terre, 10 fois moins d’eau et 10 fois moins de pesticides que la production de viande de bœuf. «L’enjeu est d’apporter une réponse à l’environnement. Si on ne se soucie pas de ça aujourd’hui, on va droit dans le mur», ajoute le directeur du Village by CA.
Hébergement et accompagnement personnalisé. Les bénéfices pour les start-up lauréates sont multiples : le Village by CA – créé en janvier 2016 – assure un hébergement à EuraTechnologies (troisième incubateur européen), à Eurasanté ou à Euralimentaire selon la volonté des candidats. Les start-up sélectionnées bénéficient également d’un accompagnement personnalisé ainsi qu’une mise en relation avec les futurs fournisseurs, partenaires et clients. «Nous assurons la rencontre entre les start-up et les grands groupes. Notre but est d’accélérer leur projet et leur ‘go to market’», assure Thierry Lebrun. Le tout en mobilisant l’ensemble des partenaires du Village by CA, à savoir Bonduelle, Sodexo, Eurasanté, NSL (le pôle de compétitivité Nutrition Santé Longévité) ou encore l’Université catholique de Lille et la Voix Médias. L’audition et l’annonce des lauréats aura lieu le 14 juin à Lille, à l’occasion de Nutrevent, la convention d’affaires européenne qui réunit les acteurs de la filière nutrition santé.
Ecosystème régional puissant. Première région agricole et agroalimentaire (non viticole) de l’Hexagone avec 2 300 établissements et plus de 50 000 salariés, les Hauts-de-France disposent d’une écosystème puissant. «Au-delà d’être une terre de recherche, nous possédons un grand nombre de poids lourds et leaders mondiaux industriels (Bonduelle, Roquette, Tereos, ndlr) dont l’implantation dans la région est quasi centenaire», indique Etienne Vervaecke. La région fédère à la fois les acteurs de la santé et de l’agroalimentaire, la communauté industrielle, les organismes de recherche et de formation, mais aussi les investisseurs potentiels autour de diverses problématiques, dont la protéine végétale. «Cet appel à candidatures est une première expérience d’open innovation entre start-up et grands groupes. Notre volonté est de développer des sociétés, créer de l’emploi et retenir ces emplois dans la région», conclut le directeur du Village by CA. Place aux innovations et rendez-vous le 14 juin.
ENCADRE 1
Trois questions à Bernard Bonduelle, directeur des relations extérieures chez Bonduelle.
La Gazette : Pouvez-vous nous expliquer votre implication dans ce projet ?
Nous avons redéfini notre vision et notre volonté aujourd’hui est de devenir un référent mondial de l’alimentation végétale. L’alimentation mondiale fait face à de graves problèmes et une meilleure préservation de la biodiversité s’impose.
Pourquoi cette volonté de s’associer à des start-up ?
Pour avancer sur de nouveaux domaines, il faut aller chercher des nouvelles compétences dans des pôles de compétitivité d’excellence, des universités, des centres de recherche et, bien entendu, des jeunes porteurs de projet et start-up.
Quels sont les objectifs de croissance de Bonduelle d’ici les prochaines années ?
Nous réalisons 2 milliards de chiffre d’affaires, nous affichons une volonté forte de croissance aux Etats-Unis. Par ailleurs, nous nous fixons l’objectif de redévelopper la filière des légumes secs en Europe et faire revenir la production de légumes secs en France si possible.
ENCADRE 2
La France, futur leader mondial de la protéine végétale ?
Cinquième exportateur à l’échelle mondiale, la France importe également plus de 40% de protéines végétales. «Nous disposons de 25% du gisement européen, mais nous exportons les produits végétaux sans même les valoriser sur notre territoire», explique Antoine Petters, responsable des partenariats et relations extérieures de l’IAR – Pôle de la bioéconomie. Avec le soutien politique, la France dispose d’atouts considérables pour devenir le leader mondial dans ce domaine et doit pour cela «s’appuyer sur les Hauts-de-France», estime Antoine Petters.