Les grandes tendances de l’économie sociale et solidaire en Picardie
L’Insee Picardie et la Cress(Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire) de Picardie ont présenté, dans le cadre du mois de l’économie sociale et solidaire (ESS), le 21 novembre 2012, l’étude sur les grandes tendances de l’ ESS en Picardie. Cette étude démontre que l’ESS a mieux résisté aux crises économiques que l’économie classique. Ce constat a été confronté à la réalité, lors d’une table ronde réunissant des acteurs locaux des grandes familles de l’ESS.
Pour la première fois, nous disposons de données sur l’ESS en Picardie de 2006 à 2010, nous permettant de dresser le portrait des grandes tendances de cette forme économique, précise Alain Subts, président de la Cress Picardie. L’ESS est aujourd’hui un acteur reconnu dans le monde économique. Preuve en est, la nomination d’un ministre délégué à l’économie sociale et solidaire et rattaché au ministère de l’économie et des finances. » Cet acteur économique est en effet un acteur de poids mais souvent méconnu. Pour la Picardie, il représentait en 2010, 5 406 établissements et 58 294 emplois, soit 10,3 % des salariés picards, la part la plus importante étant concentrée dans les associations. Ces effectifs sont en grande majorité constitués par les femmes, avec un âge moyen du salarié qui est de 40 ans. On observe dans l’ESS, un salariat plus âgé que dans l’économie classique. Cet écart tend à se creuser dans la catégorie socioprofessionnelle des cadres et professions intellectuelles supérieures où l’âge moyen est de 44 ans et 2 mois avec seulement 9,8 % de moins de 30 ans et 21,4 % de plus de 55 ans. Cette faiblesse dans le renouvellement générationnelle, en apparence anodine, pourrait néanmoins à l’avenir poser des problèmes de pérennité pour les établissement de l’ESS.
Une meilleure résistance aux crises
« L’ESS a mieux résisté aux crises économiques de 2008 et 2010 que l’économie classique », souligne Alain Subts. En effet, elle a connu une croissance positive de 6 % entre 2006 et 2010, contre -1 % pour l’économie classique. Pourquoi ? Lors de la table ronde, réunissant les acteurs des grandes familles de l’ESS, ces chiffres furent confrontés à la réalité du terrain. Lorsque l’on prend par exemple le cas des banques, on observe une meilleur résistance des établissements de l’ESS. Pour Marrion Dessaux, vice-présidente de la CRESS Picardie, « les banques de l’ESS ont mieux résisté notamment à la crise financière de 2008, grâce à leurs gouvernances régionales. Les emplois pouvaient être sujet aux plans sociaux et toucher les sièges mais grâce à leurs fortes présence régionale, ils ont été moins impactés ». La résistance de l’ESS tiendrait donc en grande partie à l’encrage local de ses activités. Son poids en Picardie fut néanmoins plus lent qu’en France. En effet, entre 2006 et 2010, l’évolution de l’emploi salarié est de 5,9 % contre 8,6 % en France. Durant cette période, l’emploi dans l’ESS s’est développé grâce à la création d’établissements. Les associations ont notamment porté à elles seules le solde des créations d’établissements et d’emplois (457 nouveaux établissements pour 3 487 emplois). Une situation confirmée par Claire Bizet, directrice adjointe de la CPCA (conférence permanente des coordinations associatives) de Picardie : « Pour la première fois en 2011, la baisse des financements d’état n’est plus compensée par les aides des collectivités locales. Il y a des pertes d’emplois, ce qui n’était pas arrivé depuis vingt ans. Néanmoins en Picardie et en Franche-Comté, il y a une stabilité des effectifs voire une hausse, simplement parce que ce sont des territoire où il y a un maillage important et un maintien des aides.» L’ESS a donc selon cette étude vécu un quin
quennat au bilan positif. Elle doit maintenant penser à attirer la jeunesse dans ses filets.