Les financeurs privés s’intéressent aux jeunes pousses
Les toutes jeunes entreprises disposant d’un fort potentiel de croissance intéressent différents types d’acteurs qui se proposent de les accompagner dans leur financement ou leur gestion. Exemples exposés au congrès national des business angels, à Paris.
Où trouver un financement et un accompagnement pour faire croître une jeune entreprise ? Lors du congrès national des business angels, qui se tenait à Paris le 10 juin, plusieurs accompagnateurs et financeurs, qui interviennent à des stades, selon des modalités et auprès de différents types d’entreprises, témoignaient. Au Réseau Entreprendre, les «lauréats» disposent d’une aide personnalisée apportée par un chef d’entreprise expérimenté et d’un financement sous forme de prêt d’honneur. «En général, nous intervenons lorsque le projet est assez bien constitué, proche de générer du chiffre d’affaires», explique Pierre Violo, président du Programme Innotech au sein de Réseau Entreprendre. Une exception, toutefois, les projets basés sur une forte innovation technologique peuvent être accompagnés très en amont, avant de réintégrer l’accompagnement standard. Autre type de démarche à laquelle peuvent recourir les jeunes entreprises, le «mentorat entrepreneurial», porté par l’IME (Institut du mentorat entrepreneurial). «On s’intéresse aux entreprises à très forte croissance», explique Dominique Restino, le président de l’institut qui a importé l’idée du Québec. Elle consiste à créer un lien entre un entrepreneur affirmé, et un jeune en devenir. «La relation du mentorat apporte sur le savoir-faire et savoir-être. (…) La relation ne fonctionne pas sur le conseil. Le mentor doit aider à se poser les bonnes questions», précise Dominique Restino.
Actionnaires musclés
Chez les business angels, on parle d’abord argent. Par exemple, pour adhérer à l’association des Anges Québec, il faut commencer par mettre un million de dollars sur la table. Aujourd’hui, l’association compte 125 membres qui financent des entreprises à hauteur de 500 000 dollars par dossier. «Aucune entreprise dans laquelle on investit ne fait de profit. Nous sommes vraiment dans l’amorçage. (…)J’investis dans une entreprise, pas dans un entrepreneur», précise François Gilbert, président des Anges Québec, qui se définit comme un «actionnaire impliqué qui met du muscle». Une définition qui convient bien à Tanguy de la Fouchardière, vice-président de France Angels. Ce réseau accompagne quelque 2 500 entreprises au total, soit environ 300 nouvelles, chaque année. Pour lui, le travail de business angel consiste à faire passer les entreprises «d’un état de startup, un stade artisanal, à une PME. (…) La participation à la gouvernance de l’entreprise est l’une des conditions de base». Concrètement, les business angels ne se voient pas uniquement comme des financeurs : partager les idées, discuter des questionnements stratégiques ou opérationnels… autant de chapitres dans lesquels ils veulent s’impliquer. Leur intervention peut même aller jusqu’à mettre à la porte le porteur du projet initial, s’ils estiment cette mesure nécessaire au développement de l’entreprise. Pour la première fois depuis une dizaine d’années, le montant investi par les business angels en France a diminué en 2012, d’après l’association France Angels, qui réunit quelque 82 réseaux. Au total, l’année passée, les investissements se sont élevés à 40 millions d’euros environ, soit presque 10 % de moins qu’en 2011. Dans ce contexte, le financement et l’accompagnement publics ont aussi leur rôle à jouer estime Pascal Lagarde, directeur de la stratégie, des études et du développement de BPI France, la nouvelle banque publique d’investissement qui regroupe : Oseo, Fsi et Cdc entreprises. Les directions régionales de l’établissement sont en charge de l’accompagnement financier de la création d’entreprise, qu’elle soit de croissance, ou pas, jusqu’au financement de grands groupes. Autres missions : investir ou garantir des fonds de business angels, par exemple. 600 millions d’euros sont dédiés aux fonds d’investissement, spécialisés dans les phases d’amorçage. «Nous aurons aussi des actions pour inciter les fonds d’investissement à aller vers des actions d’export», ajoute Pascal Lagarde. Dernier point, chacune des trois structures à l’origine de la BPI disposait d’un dispositif d’accompagnement, souvent mené de manière collective. Un nouveau club excellence de BPI France réunira tout le monde. «Nous investissons dans des opérations initiées par des réseaux de business angels. Nous sommes en contact avec le réseau Entreprendre et l’Institut du mentorat entrepreneurial. Nous avons des conventions avec les experts-comptables qui sont aussi des accompagnateurs. Nous essayons de nous intégrer à l’écosystème, sans prendre la place de ceux qui le fondent déjà», conclut Pascal Lagarde.