Les finances des intercommunalités plus que jamais suspendues au budget 2025
À l’aube du vote du projet de loi de Finances pour 2025, les élus des intercommunalités de France restent préoccupés par plusieurs des mesures d’économies prévues par le texte, qui devrait être adopté fin janvier, en Commission mixte paritaire.
La
traditionnelle « Journée finances » organisée
par l’association Intercommunalités de France le 21 janvier
2025, à Paris, s’est tenue dans un contexte très particulier
cette année, puisque que la loi de Finances pour 2025 n’avait pas
encore été votée. Rejeté par l’Assemblée nationale en novembre
2024, le projet de loi de Finances (PLF) était encore en cours
d’examen par le Sénat, et la commission mixte paritaire entre les
deux chambres prévue le 30 janvier prochain. Entre
temps, une loi spéciale a été promulguée
le 20 décembre 2024
pour assurer la continuité budgétaire (dans les conditions de la
loi de Finances pour 2024) et le bon fonctionnement des services
publics, ce qui inclut notamment le versement des dotations de l’État
aux collectivités.
Plusieurs
mesures d’économies contestées par les élus locaux
En
l’état, le texte est loin de satisfaire les élus
d’Intercommunalités de France. Lors du lancement de la
34e convention
nationale de leur association, au
Havre en octobre 2024, les
présidents d’intercommunalité ont en effet adopté une motion
s’opposant à plusieurs des mesures prévues par le PLF
pour 2025 :
l’instauration d’une contribution financière des collectivités
au redressement des comptes publics de plus de 5 milliards
d’euros (revue à la baisse à 2,2 milliards d’euros, avec
l’accord du gouvernement, lors de l’examen du texte au Sénat),
le gel de la TVA versée aux collectivités et le relèvement du taux
de cotisation des employeurs publics à la Caisse nationale de
retraite des agents des collectivités locales.
Plus
de 2 000 collectivités concernées par le nouveau prélèvement
fiscal
Alors
que « l’année 2024 s’est caractérisée par un fort
soutien de l’État » aux collectivités
territoriales, « nous entrons dans des temps plus incertains
et, surtout, dans des temps d’économies », a rappelé la
directrice générale de la Direction générale des collectivités
locales (DGCL), Cécile
Raquin, invitée à échanger avec les élus des
intercommunalités dans le cadre de cette « Journée
finances ». Le retard pris par le vote du projet de loi de
Finances pour 2025 aura d’ailleurs un impact sur la date de
versement de la dotation globale de fonctionnement, habituellement
répartie et versée le 31 mars. « Compte tenu des
circonstances, il est probable, et même plutôt certain, que nous ne
serons pas cette année en capacité de la répartir le 31 mars, mais
plutôt début avril, dans un délai le plus court possible »,
a-t-elle précisé.
Quant
au nouveau dispositif « de
lissage conjoncturel des recettes fiscales »,
prévu par le projet de loi à hauteur de 250 millions d’euros,
« ce
prélèvement devrait concerner 131 EPCI,
[Établissements
publics
de coopération intercommunale],
pour
un montant moyen de 9 euros par habitant, soit, au total, selon nos
simulations, 2 099 collectivités, dont 1 906 communes, 12
régions et 50 départements ».
Une estimation basée sur la dernière version des débats
parlementaires, « sans
préjuger de l’issue de ces discussions »,
en Commission
mixte paritaire.
Trouver
un juste équilibre pour que le texte soit adopté
«
Je pense que ce budget sera de nature à ne satisfaire personne,
mais il faut trouver le juste équilibre pour faire en sorte qu’il
soit adopté », a déclaré le député Stéphane Delautrette
(PS),
président de la délégation aux Collectivités territoriales
de l’Assemblée nationale. Cette délégation « est une porte
d’entrée à l’Assemblée nationale », a-t-il souligné, en
réponse aux élus qui ont fait part de leurs difficultés à se
faire entendre auprès des pouvoirs publics. Reste que « toutes
les associations d’élus locaux ne portent pas le même message, il
y a souvent des divergences ».
« Rendre
les collectivités territoriales responsable du déficit de l’État
est inacceptable », a poursuivi le député. Si leur
contribution à la réduction du
déficit public,
initialement fixée à 5 milliards d’euros, devrait au final
s’établir autour de 2 milliards d’euros, les députés de la
délégation aux collectivités territoriales vont continuer « de
batailler sur la dynamique de TVA » : « les
collectivités ont des dépenses qui sont naturellement en
augmentation et le fait de figer les choses contribue à dégrader
leur capacité de financement, leur capacité d’investir pour
relever les enjeux de demain, dont la transition énergétique. C’est
un signal négatif qui peut contribuer à décourager les
collectivités à investir dans cette transition. »
2025,
année de préparation des prochaines municipales
« Lors
du congrès d’Intercommunalités de France, nous avons rappelé que
nous considérions que l’effort demandé aux collectivités était
un effort trop important et un effort injuste », a déclaré
le président de l’association, Sébastien
Martin, lors de ses vœux, en présence de Françoise Gatel,
ministre déléguée en charge de la Ruralité, et d’Agnès
Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique. « Cette
parole a été entendue par le Sénat, qui est la chambre des
territoires, et nous arrivons aujourd’hui à une copie qui peut
être acceptable. » Les élus des intercommunalités sont
« prêts à participer à l’effort » et sont en
mesure de faire « des propositions très concrètes et très
simples », a-t-il ajouté.
Enfin,
à un an et demi des prochaines élections municipales, « il
est temps de passer à autre chose que les finances pour parler de
politiques publiques » : « 2025, c’est
l’année de préparation des échéances municipales et
intercommunales » et « nous avons besoin de
visibilité sur un certain nombre de questions », telles
que le statut de l’élu et l’extension du scrutin de liste, par
exemple.