Du Tréport à Boulogne-sur-Mer, les nouveaux filets de pêche biodégradables sont prêts
C’est une découverte et une innovation dans la pêche qui se profile depuis 4 ans. Fruit de recherche, de développements, et de tests avec les professionnels, les nouveaux filets de pêche bio-sourcés, bio-dégradables et compostables sont enfin prêts. Rencontre avec ses promoteurs.
Restitution. Après une journée de webinaire et de comité de pilotage avec l’ensemble des membres qui ont participé au projet, il reste autour de la table, Frédéric Fasquel, directeur du Parc National Marins, Thierry Missonnier, pour le pôle de compétitivité Aquimer et le syndicat professionnel Fromnord ; Vincent Dupont, de Nautique Conseil ; Marie Chauvel et Raynald Godet les Lorientais de Bioplastics Développement. « Il nous fallait rendre compte de l’ensemble des travaux depuis 4 ans autour de la question des déchets générés par la pêche professionnelle » explique le premier, porteur du projet. « On n’est tout simplement partis du constat des micro-plastiques sur nos plages ».
Chez Fromnord et ses 60 navires de Calais à Hendaye, Thierry Missonnier appuie : « Il nous faut travailler à une meilleure valorisation de la pêche et améliorer les pratiques ». En bout de table, les experts décrivent le produit : « C’est un polymère réalisé à partir d’une base végétale transformée. Il n’est pas pétro-sourcé », indique Marie Chauvel ; donc biodégradable. 600 ans pour un filet de pêche en nylon, 15 ans pour un filet bio. « On mélange certaines matières pour leurs propriétés mécaniques » ajoute t-elle encore. Des granulés aux micro-filaments, puis des bobines aux filets, tel est le process de fabrication de ce tissage particulier réalisé au Portugal. Les tests se sont ensuite déroulés via les fileyeurs, les chalutiers « Très impliqués. Deux bateaux à Boulogne-sur-Mer et un au Tréport » insiste Thierry Missonnier. En effet, sur la Côte normande, c'est le capitaine Kevin Truchon qui utilise des filets biodégradables. « C’est une première européenne » observe Raynald Godet, ingénieur chez Bioplastics Développement.
Un brevet et d’autres applications…
Le nouveau filet doit répondre à plusieurs exigences : le nouage qui lui garanti de retenir les proies et il doit raboter le coût environnemental des filets en nylon s’il les remplace. Certes, le coût estimé serait supérieur « de 10 à 20 % si on extrapole à partir d’un prototype » selon Vincent Dupont. Un surcoût qui doit tarir l’approvisionnement filets asiatiques où se servent les pêcheurs européens. Le néo-filet est aussi bio-dégradable.
Les promoteurs comptent sur la filière de recyclage qui doit les absorber lorsqu’ils seront en fin de vie. Ce projet à 760 000 euros de budget est désormais terminé et a également débouché sur le dépôt d’un brevet européen. « C’est un projet de rupture » conclut Maire Chauvel ; « On a mis 8 ans pour trouver la bonne formulation ». La nouvelle matière permettra aussi de réaliser des mailles protectrices sur les sites de productions de moules. « La suite, c’est la conchyliculture. Il faut se diversifier. Ça commence cette année » sourit Frédéric Fasquel.
Pour Aletheia Press, Morgan Railane