Les femmes et les enfants, premières victimes de la pauvreté

Mères célibataires, salariées peu rémunérées, retraitées isolées: les femmes et les enfants sont les premières victimes de la pauvreté, alertent des associations, à l'heure où la situation...

Une banderole dénonçant la précarité du logement, à Villeurbanne (Rhône), le 9 novembre 2023 © JEFF PACHOUD
Une banderole dénonçant la précarité du logement, à Villeurbanne (Rhône), le 9 novembre 2023 © JEFF PACHOUD

Mères célibataires, salariées peu rémunérées, retraitées isolées: les femmes et les enfants sont les premières victimes de la pauvreté, alertent des associations, à l'heure où la situation des plus précaires s'aggrave en France.

Le Secours catholique a accueilli un million de personnes en 2022 en France, dont 25,7% de mères isolées, 20,9% de femmes seules et 20% de couples avec enfants, selon son rapport publié mardi. 

"Les mères expriment fortement leur sens du sacrifice, elles nous disent que même si elles ne mangent pas, elles doivent trouver quelque chose pour leurs enfants", décrit à l'AFP Adélaïde Bertrand, déléguée générale du Secours catholique.

Même constat du côté des Restos du Coeur: les familles monoparentales, principalement des mères avec leurs enfants, représentaient un quart des personnes accueillies en 2022, un chiffre en hausse de 21%.

L'association a mis en place un programme spécifique pour accompagner celles, nombreuses, dont les enfants ont moins de trois ans. Elle a reçu 110.000 bambins de cette tranche d'âge l'an dernier, un nombre qui devrait grimper de près de 15% cette année.

Depuis plusieurs mois, les associations de lutte contre la pauvreté alertent sur une forte hausse des demandes d'aide, à l'instar des Restos du Coeur, contraints de réduire le nombre personnes accueillies. La raison: la fragilisation d'un public "sur le fil" ou déjà précaire, frappé de plein fouet par l'inflation.

Choc financier

Le taux de pauvreté a progressé de 0,9 point à 14,5% en 2021, en France, a annoncé mardi l'Insee, qui rappelle que les prix de l'alimentation ont bondi de 6,8% et ceux de l'énergie de 23,1% l'an dernier.

Nombre de femmes frappent à la porte d'une association après une séparation ou un divorce: elles "subissent davantage le poids des ruptures conjugales".

Cela a été le cas pour Sylvia, qui s'est "retrouvée sans rien" après sa rupture avec son ex-conjoint. Agée de 63 ans, elle vit à présent dans le Loiret, grâce à son travail à temps partiel d'aide à domicile, qui lui rapporte 1.000 euros par mois. Elle continue également d'avoir recours à l'aide du Secours catholique.

Car après avoir payé son loyer et ses charges, il lui reste environ 200 euros pour vivre, ce qui l'amène à faire "très attention à toutes les dépenses". "J'ai une voiture, mais elle reste au garage, je mange de la viande une fois par semaine, j'en achète quand il y a une promotion et je la congèle", témoigne-t-elle auprès de l'AFP.

Une séparation représente un risque de "choc financier" pour les femmes, pouvant entraîner un "déclassement résidentiel", soulignait également dans un rapport publié en début d'année la fondation Abbé Pierre.

Précarité féminime

A ce moment-là, les femmes perdent 15% de niveau de vie, quand les hommes en gagnent 4%. L'homme garde plus souvent le domicile, dans 43% des cas, contre 32% pour les femmes, selon cette association. 

De même, lors du décès de leur compagnon, certaines femmes voient leur niveau de vie chuter. "Les femmes vieillissent plus pauvres et plus seules que les hommes": 12% des veuves sont pauvres, contre 4% des veufs. Beaucoup ne touchent pas de pension de réversion.

La précarité féminine a régulièrement augmenté ces dernières décennies, alors que la pauvreté touchait de façon égale hommes et femmes jusqu'au début des années 2000, selon le Secours catholique. Les femmes représentent désormais 57,5% des personnes rencontrées par l'association, contre 52,6% en 1999.

Parmi elles, le Secours catholique distingue quatre profils principaux: les jeunes femmes éloignées de l'emploi, souvent mères au foyer, les étrangères exclues du marché du travail en raison de leur situation irrégulière, les femmes isolées plus âgées, notamment retraitées, ainsi que les actives.

"Celles qui travaillent sont moins bien payées, plus souvent à temps partiel subi", pointe le Secours catholique.

Les femmes gagnaient en moyenne 24% de moins que les hommes dans le secteur privé en 2021, tout poste et temps de travail confondus, selon l'Insee.

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