Les étincelles de Gary
Dans le Nord, la mécanique de précision a son «champion». Depuis un peu plus de 20 ans, Gary mécanique développe ses activités, avec une tendance à l'accélération depuis une décennie. Rencontre avec son dirigeant, Bertrand Gary, seul Nordiste présent au salon «Entreprises du futur» qui s'est tenu à Lyon le 14 janvier dernier.
Soyons précis. Dans ce métier, tout se règle au dixième, au centième, au millième, et demain au millionième de millimètre : la réalisation de pièces en métal pour l’industrie est un travail d’orfèvre. Et usiner sur 3, 4, 5 , 8, 9 axes des matières métalliques nécessite des investissements conséquents. Depuis le début de l’année dernière, ceux-ci se chiffrent en millions d’euros… L’entreprise se positionne résolument sur des niches où ses produits à forte valeur ajoutée s’inscrivent de manière pertinente : l’aéronautique, l’énergie, le secteur militaire. Créative, Gary mécanique détient un brevet mondial sur une manière de procéder aux raccords rotulaires utiles au secteur nucléaire pour la mise en atmosphère de leur vapeur. De quoi lui assurer un certain flux pendant qu’il vaque à de gros projets d’investissement. “Il faut savoir que dans notre métier, on parle de machines qui coûtent des centaines de milliers d’euros, voire plusieurs millions d’euros“, explique le dirigeant. L’entreprise affiche trois millions d’euros de chiffre d’affaires en 2015, emploie 17 salariés et envisage 3 embauches en 2016. Sa croissance a été multipliée par trois dans la dernière décennie. Ses clients se répartissent sur trois continents.
Imprimer du métal. Repreneur de cette entreprise familiale qui ne trouvait plus de gérant, Bertrand Gary s’est lancé. Ingénieur de formation, il a pu cerner le potentiel de cette TPE, qui siégeait à l’époque dans la friche Fluorel à Mons-en Barœul. Présent à Lyon au salon “Entreprise du futur“, Bertrand Gary est venu partager son expérience : “L’entreprise Open Mind m’a demandé de venir parler de ce que nous faisons…” Assidu aux plates-formes collaboratives numériques, Bertrand Gary pratique l’optimisation : “On a des machines robotisées qui travaillent 24 heures sur 24, 365 jours par an, à 94% du temps. On travaille en deux postes et la nuit ne nécessite pas d’intervention humaine.” Côté numérique, les tâches évoluent : “On choisit une stratégie de travail selon les solutions proposées par les logiciels dans le travail sur nos pièces. Plusieurs tâches à la fois, c’est moins d’énergie utilisée“, explique-t-il. S’il est ici, c’est aussi pour voir l’évolution du marché de l’impression 3D, facteur de croissance. “L’impression 3D, c’est l’inverse de ce qu’on fait : d’une fabrication soustractive, on passe à la réalisation additive“, sourit le quinquagénaire. Une révolution au sens strict. “Avec de la poudre de matière, l’utilisation d’un laser qui fusionne, on va pouvoir slider des couches. La machine est allemande. La gamme va s’élargir bientôt“, parie-t-il. S’il admet n’avoir que peu de vision pour 2016, il entend néanmoins investir autour de deux millions d’euros pour être dans les premiers. “Il y a des entreprises qui sont rentables sur ce marché. Dans le dentaire, l’aéronautique, la bijouterie…“
Morgan RAILANE