Les entreprises s'inscrivent en moteur des territoires

La nouvelle édition du World Forum for a Responsible Economy met un coup de projecteur sur les territoires. Les entreprises de toutes tailles sont tenues de jouer local à travers, notamment, des pratiques RSE. Elles ont fait l’objet d’un débat le mercredi 17 octobre, avec Brigitte Dumont, directrice RSE d’Orange, François-Marie Geslin, directeur de l’engagement sociétal d’AG2R la Mondiale, Hélène Valade, présidente de l’ORSE, Clémence Yon, cofondatrice et directrice générale de Colonel Moutarde, et Charles-Benoît Heidsieck, président-fondateur du Rameau. Selon un rapport publié en juin par l’ORSE (Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises), les pratiques des sociétés sont en pleine révolution. Le mécénat évolue vers un mécénat de compétences et les innovations sociétales se multiplient sur des enjeux d’emploi et d’inclusion sociale. Les territoires sont, quant à eux, soumis à de nouveaux enjeux : l’amélioration du rapport entre public et privé, l’évolution des appareils juridiques, la cohérence des politiques d’achat et de la commande publique dans un contexte d’innovation territoriale et le développement des labels qui permettent de rendre compte et ainsi de faire rentrer des investissements plus rapidement.

Investir dans les territoires

Tous les participants en conviennent : il est nécessaire de permettre aux initiatives locales de changer d’échelle. «Nous avons un fonds d’investissement qui accompagne les entreprises ESS – 27 au total, dont 3 ont obtenu le label French Impact –, sur lequel nous avons consacré 32 millions d’euros», indique François-Marie Geslin. Pour Hélène Valade, il y a un réel enjeu de coconstruction avec les collectivités, favorisé notamment par l’économie circulaire, pour pouvoir développer des projet locaux. Elle a notamment évoqué la responsabilité vers l’intérêt général local ou national des entreprises. «Il y a une nécessité de donner un mot d’ordre d’impact territorial aux politiques d’achat des grands groupes», a-t-elle rappelé. Des initiatives qui reposent sur l’acceptabilité d’une grande entreprise sur un territoire. «Cela passe par le dialogue, elle doit être respectueuse de l’identité territoriale.»

Les politiques RSE sont un moyen de participer au développement de la région. Pour certaines entreprises, cela passe par des groupes d’échanges avec tous les acteurs de leur écosystème. «Notre politique RSE est commune au groupe, c’est un levier de progrès pour tous», explique Brigitte Dumont. Le service RSE d’Orange compte un réseau de 80 correspondants dans 29 pays. «Nous avons construit un dialogue avec toutes les parties prenantes depuis 2009 avec nos collaborateurs, représentants, clients, ainsi que des ONG, collectivités, pour savoir ce qu’ils attendent d’Orange.» Une méthode également employée par AG2R la Mondiale afin d’obtenir un retour sur ses démarches. Les informations collectées révèlent parfois des problématiques jusqu’alors inconnues du groupe.

«Il y a une nécessité de donner un mot d’ordre d’impact territorial aux politiques d’achat des grands groupes»

Le Colonel Moutarde, figure de proue de l’ultra-local

«Notre démarche est naturelle, nous sommes allé chercher nos ressources en région», souligne Clémence Yon. L’entreprise fabrique des nœuds papillons cousus à la main à Lille. Alors que la plupart des enseignes de mode possèdent un siège à Paris, Le Colonel Moutarde a installé ses locaux au plus près de sa production, au centre de Lille, dans le quartier de Saint-Maurice-Pellevoisin. «Nous avons racheté une TPE à Villeneuve-d’Ascq pour nos cravates et boutons de manchettes.» Plus de 95% des ventes de la société sont en B to C direct. Avec son slogan “#cousuàlille”, l’entreprise promeut et célèbre l’ultra-local. «Nous nous sommes récemment lancé à l’international avec le slogan traduit en anglais.»