Entreprises
Les entreprises mosellanes au cœur de la question du pouvoir d’achat de leurs salariés
«Comment redonner du pouvoir d’achat aux salariés ?» La question hante les esprits. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a demandé aux organisations patronales de faire des propositions pour que les PME et TPE se saisissent des dispositifs de participation et d’intéressement. Lesquels ne sont pas vraiment nouveaux, initiés par le général de Gaulle… en 1967. Le point sur cette épineuse problématique qui impacte directement la sphère entrepreneuriale mosellane.
Développer la participation des salariés aux bénéfices des entreprises, ce n’est pas vraiment nouveau. L’idée a été instaurée par le général de Gaulle voilà 55 ans. La période de hausse tous azimuts actuelle, l'inflation qui retrouve un niveau jamais atteint depuis près de quatre décennies, une croissance atone : le cocktail socio-économique hexagonal s’avère explosif. Le nouveau gouvernement l’a annoncé : «Le texte sur le pouvoir d'achat sera présenté après les législatives.» Il comprendra des mesures sur le partage de la valeur en entreprise, incluant des dispositifs de participation, d'intéressement, le dividende salarié.
Incitation ou obligation ?
L’heure est à la concertation entre organisations patronales et représentants de salariés. Les mots sont lâchés : intéressement et participation. Cible : les TPE et PME. Lesquelles génèrent huit emplois sur dix. Du côté de Bercy, on dit vouloir «simplifier» et «inciter». Lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait repris cette idée de «dividende salariés», développée par Thibault Lanxade, ancien vice-président du Medef de 2015 à 2018, nommé par le gouvernement ambassadeur pour la promotion de l'épargne salariale auprès des partenaires sociaux. Celui-ci avance cette proposition d'étendre l'obligation de verser de la participation aux entreprises de moins de 50 salariés et de conditionner la distribution de dividendes à un accord de partage des bénéfices avec les salariés. Également de simplifier la formule de calcul du montant de la participation et d'augmenter le montant à partager entre les salariés. Une révolution aux accents coperniciens au sein du monde de l'entreprise.
Une entreprise ne ressemble pas à une autre...
Lors du premier quinquennat, les résultats en la matière ont été mitigés, malgré les incitations et simplifications contenues dans la loi Pacte de 2019. Celle-ci a notamment supprimé le forfait social sur les sommes versées au titre de l'intéressement pour les entreprises de moins de 250 salariés et au titre de l'ensemble de l'épargne salariale pour les PME. Elle a aussi créé l'obligation pour les branches de négocier un accord de participation, d'intéressement ou d'épargne salariale, qui devait permettre aux entreprises de moins de 50 salariés de les appliquer directement. Au final, seules une trentaine de branches sur les 220 branches actives ont négocié des accords. En Moselle, on recense plus de 57 000 entreprises. Dont près de 27 000 sont des établissements actifs employeurs. Pour ces dirigeants, dans la réalité du quotidien, augmenter un collaborateur, lui donner davantage de pouvoir d'achat, ne se fait pas d’un claquement de doigts. Une entreprise n'est pas un jeu de Monopoly. Malgré les dispositifs facilitateurs allant en ce sens, comme la prime Macron, la vérité du terrain apparaît souvent plus complexe. Beaucoup plus complexe. Plus que d'être régentée par une loi cadre uniformisée et verticale, elle tient avant tout aux particularismes de chaque entreprise, de son écosystème humain et économique. Une participation, un intéressement, certes. Mais sous l'angle de l'individualisation. Une TPE, une PME ne ressemble en effet pas à sa voisine dans sa conceptualisation, son relationnel, son business model...