Les entreprises du Nord-Pas-de-Calais prévoient 80 500 recrutements pour 2014

Selon l'INSEE, l'emploi au niveau national progresserait d'ici mi-2014. Quelles sont les prévisions pour notre région ? L'enquête de Pôle emploi sur les besoins en main-d’œuvre donne des réponses et révèle plusieurs tendances.

L’enquête annuelle “Besoins en main-d’œuvre” de Pôle emploi s’est hissée en plusieurs années comme un indicateur incontournable pour connaître le marché du travail. Il s’agit d’une importante étude puisque près de 74 677 établissements ont été interrogés cette année en Nord-Pas-de-Calais, alors que le champ de l’enquête1 en couvrait 109 400.
L’analyse de Pôle emploi est approfondie par un questionnaire auquel 20 632 entreprises ont répondu (soit un retour de 27,6%). L’ensemble de l’étude donne un solide aperçu du marché de l’emploi de notre région et un ensemble de données éclairantes sur son tissu économique.

Un rebond ? Selon l’INSEE, au niveau national, l’emploi total devrait progresser d’ici mi-2014 grâce à deux éléments : la stabilisation de l’emploi marchand et l’augmentation du nombre d’emplois aidés dans le secteur non marchand. Ainsi, le nombre de projets de recrutement annoncé par les entreprises, en France mais aussi dans le Nord-Pas-de-Calais, est en augmentation. Sur la région, ce sont 2 770 projets supplémentaires qui sont recensés, pour un total de 80 500 intentions d’embauche.

Un chiffre à nuancer puisqu’il y aura cette année moins de recrutements directement liés à des créations de poste (20% des projets contre 30% en 2013) et davantage dus à un surcroît ponctuel d’activité. Les entreprises éprouvent en effet des difficultés à se projeter dans l’avenir. Pour preuve, les recrutements sont moins souvent projetés en contrat durable, c’est-à-dire en contrat à durée déterminée (CDD) de plus de six mois ou contrat à durée indéterminée (CDI) : ils étaient 71% en 2012, 45% en 2013 et 47% en 2014.

Pour 2014, les employeurs anticipent moins de difficultés mais envisagent davantage de projets saisonniers2.

Recrudescence du travail saisonnier. En effet, les projets de recrutement sont plus souvent saisonniers en 2014 qu’en 2013 en Nord-Pas-de-Calais et reviennent au niveau de 2010 : trois projets sur dix répondent à des besoins saisonniers. 

Le secteur de l’industrie agroalimentaire et agricole a la plus importante proportion de projets de recrutement d’emplois saisonniers (69%) devant le commerce (31%) et les services (dont l’hôtellerie-restaurant) avec 27%. Ce sont également les établissements de petite taille qui recherchent davantage de saisonniers. En effet, près de quatre projets de recrutement sur dix dans les établissements de moins de cinq salariés concernent un recrutement saisonnier, contre un sur cinq pour les établissements de cinquante salariés.

Des difficultés de recrutement. Les établissements de petite taille, c’est-à-dire de moins de dix salariés, projettent les plus fortes difficultés de recrutement (37% des projets sont jugés difficiles), tandis que les grandes structures de 100 salariés et plus sont celles qui rencontrent le moins de difficultés (24%).

L’étude met en avant plusieurs facteurs qui poussent les établissements à ne pas recruter ou à moins le faire : huit établissements sur dix expriment simplement ne pas en ressentir le besoin parce que l’effectif est suffisant. A contrario, d’autres ont des besoins mais la conjoncture ne leur semble pas assez favorable (sept établissements sur dix) ou la situation financière de leur établissement n’est pas assez solide (cinq établissements sur dix).

Mise en perspective. Cependant, malgré ces freins, l’année 2014 se caractérise en Nord-Pas-de-Calais par la poursuite de la hausse du nombre d’intentions d’embauche avec une progression de 3,6%, soit 2 770 projets de recrutement supplémentaires en un an. La métropole lilloise regroupe un tiers des projets de recrutement, suivie par les bassins de Valenciennes (9%), Dunkerque (8%) et Lens (8%), selon l’enquête de Pôle emploi.

Cette étude essentielle permet d’anticiper les difficultés de recrutement et d’améliorer l’orientation des demandeurs d’emploi vers des formations ou des métiers en adéquation avec les besoins du marché du travail. Ces données sur le recrutement sont très révélatrices aussi sur l’état d’esprit actuel des entreprises de nos régions, qui ont encore des difficultés à se projeter dans l’avenir.

 

 

1. Le champ de l’enquête BMO couvre d’une part les établissements relevant de l’assurance chômage et, d’autre part, les établissements de 0 à 10 salariés ayant émis au moins une déclaration d’embauche au cours des 12 derniers mois, les établissements du secteur agricole, les établissement du secteur public relevant des collectivités territoriales (communes, régions, etc.) et les établissements publics administratifs (syndicats intercommunaux, hôpitaux, écoles, etc.). L’enquête porte sur donc l’ensemble des employeurs hors administrations de l’Etat (ministères, Police, Justice, etc.) et entreprises publiques (Banque de France…).

2. D’après la définition fournie par Pôle emploi, un besoin saisonnier est une embauche correspondant à un surcroît d’activité revenant à la même période chaque année. Ainsi, le remplacement d’un salarié en congé n’est pas saisonnier car il ne répond pas à un surcroît d’activité.