Les entreprises centenaires, riches de modernité
Regroupées en Club, les entreprises centenaires de la région n’hésitent plus à s’afficher et à afficher en toute modestie leurs recettes. C’est le sens de l’événement qu’elles ont organisé à Lille en novembre dernier.
Le 19 novembre, le Club des entreprises centenaires, créé en 2012 et soutenu par Lille Place tertiaire, a fait le plein du hall d’honneur de la CCI Grand-Lille pour son événement annuel, le temps de célébrer le deuxième anniversaire de son lancement. En sus des 17 membres fondateurs et des 9 adhésions de 2012, deux nouvelles sociétés ont rejoint le club cette année, Billiet et Méo Fichaux, ainsi que Gras Savoye Nord comme membre sympathisant.
Pourquoi ce club ? «Pour capitaliser la mémoire de ces singulières aventures humaines et illustrer par l’exemple ce qui fait peut-être la spécificité du génie entrepreneurial régional, la capacité à inscrire l’esprit d’entreprendre dans la durée en mariant tradition et créativité».
Qui sont ces entreprises centenaires ? Sylvie Duchassaing, directrice des études économiques de la CCI de région Nord de France, a dressé un portrait du club : «28 entreprises pour 5 000 salariés en Nord-Pas-de-Calais, dont 21 entreprises familiales ; 15 ont plusieurs établissements et 9 appartiennent à un groupe, pour un âge moyen de 137 ans. La plus jeune a 100 ans et la plus ancienne, 252 ans. Deux sont bicentenaires, avec un pic de naissances entre 1850 et 1900, notamment lors du second Empire qui a connu un développement économique important». Pour être centenaires, elles ne sont pas pour autant hors circuit avec cet éclairage conjoncturel : «Sans avoir valeur d’échantillon représentatif, la tendance pour 2013 est moyenne, avec des perspectives 2014 plutôt favorables. Elles anticipent une activité meilleure avec néanmoins un degré d’incertitudes…»
«Changement de prisme». Des entreprises dans leur temps donc, mais qui s’inscrivent aussi dans la perspective de l’étude annuelle «Construire pour durer», réalisée par le cabinet EY auprès d’entreprises familiales mondiales et présentée par Antoine Moittié, directeur EY Nord de France. Les points de convergence ne manquent point, autour notamment des trois facteurs que sont la croissance et la résilience, la gestion des talents et l’approche durable, jusqu’au constat qu’«avant 2008 et l’entrée de crise, le modèle d’entreprise familiale n’était pas à la mode. Aujourd’hui, médiatiquement et économiquement ce sont elles qui ressortent. Il y a un changement de prisme.»
Ce qui vaut aussi pour les entreprises centenaires. Même si «avoir plus de 100 ans n’est pas vis-à-vis de nos clients toujours facile à vivre», comme l’expliquait Joseph Sion, l’un des dirigeants des Peintures Théolaur, qui a pris la double décision de déménager à Noyelles-lès-Seclin et de créer une marque de haute facture − «1825», année de la création de l’entreprise −, disant «que c’est dans les vieux pots qu’on trouve les meilleures recettes et pour montrer que, de son âge, on peut aussi tirer quelque chose pour être moderne». A méditer, à l’instar de l’ouvrage de témoignages dont le Club annonce la sortie pour 2014.