Les éleveurs cherchent encore des solutions...

Alors que dans l'Est, les éleveurs continuent à manifester leur mécontentement vis-à-vis des prix d'achat de leurs produits, dans le Nord-Pas-de-Calais, le secteur essaie de mettre en place des solutions ...

Carrefour a augmenté ses prix d'achat pour les viandes bovine et porcine.
Carrefour a augmenté ses prix d'achat pour les viandes bovine et porcine.

 

Corentin Escaillet

Carrefour a augmenté ses prix d'achat pour les viandes bovine et porcine.

Les éleveurs ne décolèrent pas. Le vendredi 24 juillet, quelques-uns d’entre eux manifestaient encore aux alentours de Lambersart. Le prix d’achat des grandes surfaces ne suffit pas à rentabiliser leur exploitation, plus coûteuse que dans d’autres domaines agricoles. Pourtant, les principaux acteurs du secteur ont annoncé qu’ils augmenteraient leurs prix d’achat (selon le communiqué officiel de Carrefour, par exemple, ces prix auraient augmenté de +3,20 % pour les vaches charolaises pour un cours à +2,28% et de +12,1% pour une hausse de 8,21% sur le marché de la viande de porc). Pas suffisant, selon Christine Delefortrie, présidente de la section laitière du Nord à la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles) : « On a perdu six centimes sur le lait, rien que l’an dernier. On ne peut pas tout le temps vivre avec moins que le SMIC, ce n’est pas viable… »

Les coûts de production grimpent, d’où l’apparition d’exploitations comme la ferme des mille vaches. Ce genre de solutions industrielles est privilégié en Allemagne, qui voit ses parts de marché augmenter, au grand dam des producteurs français, pour la plupart favorables à une agriculture plus modeste, plus mesurée. De plus, ce type d’installation nécessite un investissement colossal, pas toujours facile à assumer.

Des solutions. Il existe tout de même quelques pistes aux éleveurs pour sortir de cette impasse. Des initiatives ont vu le jour il y a déjà bien longtemps, comme Au Panier Vert, à Frelinghien, à 10km de Lille. Dans cette coopérative, les agriculteurs et éleveurs fixent les prix de leurs produits, qu’ils vendent directement aux clients. L’initiative date de 1986, et a donc fait ses preuves en termes de rentabilité. « Nous sommes compétitifs en ce qui concerne les produits qui subissent peu de transformation, affirme Marie-Odile Smets, la responsable communication de la coopérative. En revanche, pour ce qui concerne les yahourts, par exemple, c’est plus compliqué, mais on peut aisément mettre en avant d’autres facteurs que le prix, comme la qualité des produits. ». Seulement, si les 25 acteurs concernés par l’initiative ont des quotas a minima à remplir, la coopérative ne peut pas assumer les excédents de récolte. On en revient à la problématique de départ : les producteurs de viande et de lait ont de gros problèmes quant au prix de la transformation de leur produit, qui s’ajoute aux coûts de production. La réduction d’intermédiaires est donc une piste, mais les inconvénients inhérents au secteur ne sont pas pour autant éliminés.

Des actions. Du côté des syndicats de producteurs, on essaie de se mobiliser autrement : « Chaque semaine, la FNSEA fait de la sensibilisation dans la restauration hors foyer, glisse Christine Delefortrie. Les producteurs de lait sont dans un marché mondialisé, et confronté à des charges franco-françaises. Il faut inciter les restaurateurs à acheter français… » Les manifestations de grande ampleur se transforment donc peu à peu en actions ciblées sur des clients plus petits, et qui dureront tout l’été. Des actions qui font probablement moins de bruit, mais qui ont des chances de porter leurs fruits, au moins au niveau local.