Les dirigeants d'entreprise invités à visiter des structures d'insertion
L'insertion de personnes éloignées de l'emploi grâce aux SIAE touche 2 300 personnes dans le Nord. Ces structures servent de tremplin pour réintégrer certains profils sur le marché du travail, mais n'ont pas vocation à embaucher sur le long terme. La Direccte invite alors les recruteurs à visiter ces lieux de travail pour mieux les comprendre.
Si les entreprises sont toujours à la recherche de compétences, elles se penchent rarement du côté des SIAE pour trouver de nouveaux talents. Pourtant ces Structures d’insertion par l’activité économique sont un vivier de développement économique local, et ce, dans tous les secteurs. C’est du moins ce que cherchent à démontrer Michaël Decroix, chargé de développement de l’emploi et des territoires dans le bassin d’emploi de Lille, et Hugues Versaevel, responsable du pôle Inclusion à la Direccte Hauts-de-France, en invitant les entrepreneurs de la région à visiter ces centres particuliers.
Le département du Nord compte à lui seul 200 SIAE, dont 82 rien que dans l’arrondissement de Lille. Ce qui représente près de 2 300 salariés en insertion en équivalent temps plein. Mais ces structures n’ont pas vocation à embaucher leurs employés en CDI : «C’est un lieu de transition où la personne en insertion reste en général deux ans maximum, pour acquérir les bases du savoir-être en entreprise», explique Hugues Versaevel. Leurs missions peuvent s’effectuer dans des secteurs variés, tels que le BTP, la restauration, les services à la personne, la logistique… Mais elles ne définissent pas pour autant la suite de leur carrière. «Le parcours en SIAE est souvent complété d’une formation qualifiante en parallèle, parfois dans un domaine tout à fait différent», précise le responsable du pôle Inclusion.
Un objectif de quatre visites par an
Pour démystifier ce fonctionnement, le Service public de l’emploi local, de l’orientation et de la formation de l’arrondissement de Lille s’est rapproché du Medef Grand Lille pour aller à la rencontre de potentiels recruteurs. «Le but est de mettre en relation deux mondes qui s’ignorent», résume Hugues Versaevel. Car il est encore nécessaire de briser certains tabous : les personnes éloignées de l’emploi ne sont pas uniquement des anciens détenus. «Il y a plein d’autres accidents de la vie. Et inviter des dirigeants et responsables RH à visiter les SIAE l’espace de deux heures permet de montrer la réalité du terrain, prouver que ces personnes sont dignes de confiance et volontaires : elles sont consciencieuses, à l’heure sur le lieu de travail…»
L’objectif présenté par Michaël Decroix et Hugues Verseavel est d’organiser quatre visites de SIAE par an, «mais il est encore difficile de mobiliser une quinzaine de personnes prêtes à se libérer pour se joindre à notre démarche», concèdent-ils. Autre difficulté majeure : la crise sanitaire de la Covid-19, qui a rendu tout rassemblement de personnes impossible pendant un long moment. Début 2020, cependant, deux visites ont pu être réalisées. A Inser’tel d’abord, une entreprise basée à Tourcoing, spécialisée dans la relation client, où 80% des effectifs sont des travailleurs handicapés. Puis au centre de tri Triselec à Halluin.
De nouvelles visites de cet acabit sont à prévoir en 2021, l’appel à volontaires est lancé pour tout dirigeant souhaitant y participer.