Les départements ont planché sur le développement durable

Depuis 2003, l’Association des départements de France organise une rencontre épisodique sur le développement durable. La dernière édition a eu lieu à Lille. Le rendez-vous pourrait devenir annuel.

Claudy Lebreton et Patrick Kanner veulent que les départements montrent la voie du développement durable.
Claudy Lebreton et Patrick Kanner veulent que les départements montrent la voie du développement durable.
D.R.

Claudy Lebreton et Patrick Kanner veulent que les départements montrent la voie du développement durable.

D’entrée de jeu, Patrick Kanner, président du conseil général du Nord, plante le décor : «Les départements sont connus pour le béton et le bitume, le béton pour les collèges, le bitume pour les routes. Ils sont connus aussi pour le social. Ils veulent entrer dans le dynamique et le qualitatif : économie, social, citoyenneté et développement durable.»

Ainsi, bien des départements ont maintenant un Agenda 21 et développent des actions volontaristes en dehors des frontières étroites de leurs compétences obligatoires dont la seule directement en liaison avec le thème est celle des espaces naturels sensibles. Le Nord a d’ailleurs été pionnier en ce domaine et l’initiateur de ces assises dont la première édition a eu lieu à Lille en  2003. Les réunions ont ensuite tourné dans les départements à des intervalles irréguliers. Cette année, ce grand séminaire est revenu à Lille Grand-Palais et Claudy Lebreton, président de l’ADF et président du conseil général des Côtes-d’Armor, ne refuse pas que ces assises deviennent annuelles.

 Grande variété d’expériences. En effet, beaucoup de départements se sont impliqués dans des projets de société sous des formes classiques comme les collèges HQE ou des pratiques innovantes notamment dans la restauration scolaire. On connaît dans le Nord “l’Assiette durable” mais Claudy Lebreton a eu l’occasion d’évoquer comment l’initiative de varier les menus a été refusée par des collégiens incapables de changer leurs habitudes alimentaires. Il a donc fallu sortir de la doctrine des cinq fruits et légumes et réfléchir autrement.
Ces journées de rencontre sont l’occasion d’échanger des bonnes pratiques mais aussi de mettre en réseau élus et fonctionnaires départementaux « dans  une mobilisation autour du développement durable». Elles sont aussi l’occasion de «repartir avec de nouvelles motivations et de nouveaux carnets d’adresses, dans un réseau fort de ses élus et de ses collaborateurs à côté des régions un peu plus en pointe».
Trois cents participants de 43 départements ont donc travaillé sur cinq thèmes : la concertation avec les citoyens, le partenariat avec les territoires, l’éducation, la solidarité et la mobilité. Seize départements ont apporté une contribution spécifique. «Nous avons beaucoup changé et nous allons encore beaucoup changer, sans doute contraints par des circonstances qui échappent à notre pouvoir mais aussi par un renouvellement de nos modes d’action», a annoncé Patrick Kanner dans son allocution d’accueil, accompagné par Jean Schepman, vice-président chargé de ces questions, lequel constate : «Je ressens  le désespoir des gens. Il faut changer de croissance et de modèle social. Il faut partager.»
Un virage du monde. Claudy Lebreton donne une lecture très politique de la succession de crises que nous connaissons depuis plusieurs décennies. Il s’interroge : «Faut-il y voir un changement de monde ?» Bien sûr, le développement durable participe de ce passage du monde du siècle passé dominé par l’économique et le social à une autre analyse. «Nous sommes plus riches dans notre capacité à analyser le monde. On doit traiter les conséquences néfastes d’une exploitation éhontée des ressources de la planète dans une exploitation de la richesse et des hommes.» Voulant construire la vie d’aujourd’hui en lien avec la décentralisation, il affirme : «Je suis convaincu que la singularité de nos collectivités reposent sur les hommes et les femmes qui les animent. C’est la richesse de l’organisation démocratique et de la décentralisation. Il faut que nos collectivités se retrouvent à des moments donnés pour se voir, se rencontrer et se parler.»
Dans les différents ateliers on a donc pu parler et échanger sur les expériences de la cinquantaine de départements qui disposent d’ores et déjà d’un Agenda 21.

 2013 : un congrès et une idée

 Patrick Kanner est un président heureux puisque l’Association des départements de France a décidé d’organiser son congrès annuel de 2013 à Lille, les mercredi 9, jeudi 10 et vendredi 11 octobre avec, à la clef, la première convention des conseillers généraux de France. S’ils viennent tous, il faudra pousser les murs puisqu’ils sont 4 500.

D’ores et déjà est prévue la présence «des plus hautes autorités de l’Etat». Ce congrès aura une importance particulière puisque «ce sera la première réunion d’élus après l’Acte III de la décentralisation».