Les défis de l'industrie française
Le salon de la sous-traitance industrielle s’est tenu du 17 au 20 novembre à Paris. Si cette édition s’est déroulée dans des circonstances particulières, suite aux tragiques événements survenus quelques jours plus tôt, les exposants ont répondu à l’appel et plus de 34 000 professionnels se sont rencontrés. Cette année, le Midest a organisé des conférences et des réflexions sur l’industrie du futur et la formation.
Malgré une baisse de la fréquentation de 17%, les visiteurs se sont bousculés dans les allées pour rencontrer les 1 603 exposants, dont 572 entreprises étrangères représentant tous les grands secteurs de la sous-traitance industrielle. Parmi les sociétés françaises présentes, de nombreux industriels du Nord-Pas-de-Calais avaient fait le déplacement. “Le Midest est le salon de référence dans la sous-traitance industrielle. Il nous permet de rencontrer les donneurs d’ordre et de se faire identifier“, explique Patrice Juillien, président de Dupuis mécanique, une société installée dans le Pas-de-Calais qui produit des pièces critiques pour l’industrie aéronautique et nucléaire. Le Midest est en effet l’occasion pour les industriels de mettre en avant leurs savoir-faire et leurs techniques. “Nous participons depuis une dizaine à cet événement, nous rencontrons nos prospects et nos clients“, ajoute Guillaume Sizaire, PDG de Nord-Laser-Tube, une société nordiste spécialisée dans la découpe laser.
Une édition sous le signe du débat. Cette année, les organisateurs ont développé un large programme de conférences autour de thématiques centrales pour l’industrie, avec des intervenants du monde institutionnel et professionnel. Une importante réflexion sur l’industrie du futur a été menée à cette occasion. “Il est urgent de rectifier le tir, l’industrie française est toujours en retard vis-à-vis de l’Allemagne et de l’Italie en termes de robotisation. On constate des écarts de performance et de compétitivité qui progressent“, regrette le président de Dupuis mécanique. Cet impératif de modernisation nécessite une véritable révolution culturelle et demande un effort de pédagogie pour accompagner la mutation. “Contrairement aux idées reçues, la non-robotisation détruit des emplois“, affirme Patrice Juillien. Toutefois, les entreprises ne doivent pas ignorer la valeur ajoutée qu’elles peuvent gagner sur leurs prestations et services. “Une société doit respecter son planning et être capable de livrer à l’heure sous peine de perdre sa clientèle“, remarque Patrice Juillien. “La proximité et le professionnalisme sont très recherchés par les donneurs d’ordre“, précise le PDG de Nord-Laser-Tube.
L’export et la formation. Autre sujet de préoccupation majeur pour les industriels : la reprise de la croissance. Il en ressort des avis contrastés selon les secteurs, notamment dans la mécanique. Faute de temps et de connaissances, les entreprises ignorent parfois les dispositifs d’aide pour prospecter à l’étranger et trouver des relais de croissance. “Nous réalisons près du tiers de notre activité au Benelux, grâce notamment au soutien de la CCI international et de la Coface“, explique Guillaume Sizaire. Une solution envisagée par les petites structures est de former une alliance pour mutualiser les coûts et les risques. Mais les industriels doivent aussi relever le défi du renouvellement de la main-d’œuvre. “Il est difficile de trouver des jeunes motivés et formés à nos métiers − l’Education nationale a abandonné des filières −, d’autant que nos métiers sont de plus en plus techniques“, déplore Guillaume Sizaire. De concert, les industriels regrettent que les enseignants dévalorisent les métiers de l’industrie et ne savent pas donner une vision intéressante aux jeunes. “Il faut reconstruire des filières de formation. L’apprentissage est un concept excellent mais peu adapté aux PME, avec un coût élevé“, remarque Patrice Juillien qui emploie toujours un ou deux apprentis dans sa société.
Alban Le Meur