Accompagnées par les Générateurs
Les collectivités reprennent la main sur leurs projets photovoltaïques
Depuis 2022, de nouveaux conseillers - les Générateurs - accompagnent gratuitement les collectivités des Hauts-de-France dans leurs projets photovoltaïques/éoliens. Leur objectif est de permettre aux communes de mieux dimensionner leurs projets et surtout de ne plus subir la pression des investisseurs privés.
Ces Générateurs ne sont que deux à parcourir les cinq départements de la région. L’un est rattaché au CD2E, (Centre de Déploiement de l’Eco-transition dans les Entreprises et les territoires basé à Loos en Gohelle) et coordinateur de cette dynamique. L’autre provient de la FD80, Fédération Départementale Energie de la Somme. Mais ils n’ont pas attendu 2022 pour travailler sur ces questions. Depuis 2008, ces deux structures accompagnent les projets publics d’énergies renouvelables. Et l’année dernière, pour accélérer leurs déploiements, l’Ademe, l’Agence de la transition écologique, a lancé nationalement un AMI, Appel à manifestation d’intérêt, pour créer des Générateurs dans toute la France, financés dans les Hauts-de-France avec l'aide de la Région.
Garder une maîtrise concurrentielle
Leur mission est de se concentrer sur l’éolien et le photovoltaïque. «Pour les projets éoliens, les Générateurs travaillent plutôt sur les installations existantes, pour renforcer la puissance des mâts (repowering). Concernant le photovoltaïque, soit 90% de leur activité, leurs conseils permettent aux élus d’orienter leurs projets soit vers de l’autoconsommation collective, soit vers de l’injection autofinancée ou en tiers investissements» explique François-Xavier Callens, directeur adjoint du CD2E, «Concernant le tiers investissement, il s’agit d’aider les collectivités à ne plus subir la pression des développeurs privés et à garder la maîtrise du projet en étant au capital ou en mobilisant des fonds citoyens, pour avoir un vrai retour d’investissement et favoriser des installateurs de la région.»
Trop souvent, les projets en tiers investissements financent des installations de grande ampleur sur des friches ou des toits de bâtiments publics, repérés et montés par l’investisseur privé, laissant peu de marges de manoeuvre à la ville qui se contente de louer les surfaces disponibles sans pouvoir toucher de bénéfice dans l’opération.
Un an après la création des Générateurs, 90 territoires ont été accompagnés et 10 AMI ont été lancés. Les deux conseillers travaillent avec les réseaux existants - les Conseillers en énergie partagée qui accompagnent les petites communes, le Corésol (Collectif régional de l’énergie solaire), l’association citoyenne Solaire en Nord, … - et se présentent comme des tiers de confiance indépendants auprès des élus. «Les Générateurs interviennent à tout moment du projet : de l’identification du potentiel énergétique, au choix du modèle économique public ou privé, à l’écriture du cahier des charges de l’AMI, jusqu’à la sélection des partenaires. Nous espérons d’ici trois ans être partie prenante de toutes les initiatives du territoire» souhaite François-Xavier Callens. Quelque projets significatifs sont en cours comme à Vimy (projet photovoltaïque sur friche en tiers investissement) ou Liévin (2,5 mégawatts sur 40 bâtiments et solarisation du parking de l’Arena).
Les parkings, nouveau potentiel énergétique
Selon solaire en Nord, les Hauts de France est la 12ème région française sur 18 en terme de puissance photovoltaïque installée : 72 watt-crête (Wc) par habitant, contre 233 Wc/hab en France. «Les investisseurs ont d’abord privilégié le sud. Ils sont aujourd’hui en train de remonter vers notre région du au potentiel de développement. Rien qu’en Belgique, 672 Wc/hab sont déjà installés» rappelle François-Xavier Callens. Et à terme, en plus des friches et des toits, les collectivités pourront aussi compter sur les parkings. La loi du 10 mars 2023 relative à l’accélération de production d’énergie renouvelable impose d’équiper les parkings de plus de 1 500 m² de panneaux solaires sur au moins 50% de leur surface.