Les boulevards de la mort
A33, un matin de février, il est 8 heures ! Le bouchon, quasi traditionnel, à hauteur de la montée de Rosières-aux-Salines dans le sens Lunéville-Nancy se résorbe après un nouvel accrochage sans doute lié à la brume tenace et également à l’inattention toujours grandissante des conducteurs sur nos routes.
Le flot de véhicules reprend son cours pour la plupart gardant bien leur distance de sécurité et respectant une vitesse modulée à 90 km/h à l’arrivée de l’entrée proche de Saint-Nicolas-de-Port. Le bouchon du matin a entraîné bon nombre de conducteurs en provenance de Dombasle-sur-Meurthe à tenter leur chance en passant par la commune dombasloise provenant des ralentissements sur le pont de Varangéville. Tout ce joli monde récupère alors l’A33 dans la cité portoise provoquant un goulot d’étranglement lors de la tentative d’accès au réseau autoroutier. Cela pile de nouveau sec et tandis que sur la voie de droite, la prudence est de mise, cela «avoine» sec sur la voie de gauche. Un utilitaire blanc manque d’encastrer une petite citadine. Dans un geste version réflexe il coupe la voie de droite tout du long gagnant la sortie autoroutière toute proche, ne se préoccupant pas de la présence ou non de véhicules. Il continue sa route folle sans provoquer de nouvel accident. Un petit miracle matinal sur la route du travail. Dieu semble protéger les chauffards mais beaucoup moins les victimes. En Meurthe-et-Moselle, l’an passé 36 personnes ont perdu la vie sur les routes (elles sont 3 260 au niveau national). Un chiffre élevé, trop élevé, «le plus élevé depuis 2007», comme le constate Arnaud Cochet, le préfet de Meurthe-et-Moselle à l’occasion de la présentation du bilan départemental 2022 de la sécurité. La vitesse excessive est à l’origine de 19 % des accidents mortels suivie de près par l’alcool et les stupéfiants (18 %). Le médiatique et dramatique accident provoqué par l’humoriste Pierre Palmade il y a quelques jours en région parisienne relance le débat sur la quasi banalisation aujourd’hui de la consommation de stupéfiants. Dans l’accident, trois personnes ont été gravement blessés dont un enfant de six ans et une femme enceinte qui a perdu son bébé. Testé positif à la cocaïne, l’humoriste ne fait plus vraiment rire. Il devra répondre devant la Justice d’homicide et blessures involontaires. Il encourt (normalement) entre sept et dix ans de prison. De quoi se poser, les bonnes questions...