Les bons, les brutes et les migrants…
Après l’émotion, les interrogations et les prises de position sur lesquelles certains auraient bien fait de s’abstenir. L’image d’Aylan, l’enfant kurde mort noyé sur une plage de Turquie a plus qu’ému, elle a été un déclencheur comme tant d’autres en leur temps à l’image de celle de cette fillette brûlée au napalm, prise en 1972 pendant la guerre du Vietnam. Un pavé jeté à la face de notre monde aseptisé par son confort révélant l’ignominie dont sont victimes des milliers de nos semblables. Après le choc et l’empathie rassurante pour nos consciences, place au doute, à la crainte, voire à la peur souvent cachée, distillée à demi-mot face à l’afflux de réfugiés dans les terres d’Europe. «Quel message envoyons-nous au monde ?», s’interroge Federica Mogherini, haute représentante de l’Union européenne face à la réticence de certains pays européens d’accueillir des migrants. La bienveillance d’hier s’estompe ! Comment intégrer socialement et professionnellement ces réfugiés ? Ils viennent à peine d’être accueillis, qu’ils sont déjà montrés du doigt. La stabilité économique et sociale, déjà bien bancale, peut-elle être réellement mise à mal ? S’interroger de la sorte frôle le lamentable et suscite la honte. Et pourtant c’est ce qui se produit, ce qui prouve de nouveau que nous n’avons rien compris. À nous de nous interroger sur ce dilemme. «Tout le problème en ce monde est que les idiots et les fanatiques sont toujours si sûrs d’eux, tandis que les sages sont toujours pleins de doutes», assurait le mathématicien et philosophe britannique Bertrand Russell. En espérant, seulement, que l’on n’apporte pas les mauvaises réponses à cette question apparemment si simple mais pourtant délicate d’humanité.