Les avocats passent à l’offensive sur le numérique
Lors de ses États généraux, le Conseil national des barreaux a dévoilé un guide pratique et pédagogique de l’avocat numérique. Et une plateforme en ligne de consultations juridiques est lancée. La révolution numérique concerne tous les acteurs économiques. Les avocats n’échappent pas à la règle ! Cette révolution doit être prise comme «un levier pour développer ses activités». C’est le mot d’ordre qu’a adressé Pascal Eydoux, président du Conseil national des barreaux (CNB), le 3 juin dernier à Paris, à la profession à l’occasion des États généraux de la «Prospective, de l’innovation et du numérique». Une journée marquée par l’allocution d’encouragement d’Axelle Lemaire, secrétaire d’État chargée du Numérique : «j’ai compris que les avocats étaient passés à l’offensive. Et je m’en réjouis». Elle n’a pas hésité à appeler la profession à l’audace. «Il n’y a pas d’antinomie entre le numérique et les principes de notre déontologie», a insisté le président du CNB. La profession redouble d’efforts sur le numérique. Comment ? Le Conseil national des barreaux a déjà mis en place le fameux e-Acte, l’acte d’avocat électronique. Ce document a la même valeur qu’un acte d’avocat papier en étant en plus horodaté avec une date certifiée, une signature non dépendante des délais postaux et un archivage probatoire garanti qui est accessible en ligne. Autre innovation, la mise en place du Cloud privé des avocats. Il s’agit d’une solution complète en ligne (messagerie, carnet d’adresses, agenda, gestionnaire des tâches, etc.) dédiée uniquement aux avocats inscrits à un barreau français et en exercice.
Lancement d’un guide pratique Avant tout, l’enjeu est d’éviter la fracture numérique au sein de la profession. Pour ce faire, le CNB a dévoilé, le 3 juin lors de ses États généraux, le «Guide de l’avocat numérique», réalisé en partenariat avec l’éditeur juridique LexisNexis. «On a besoin de rassurer nos confrères. Ce guide est un ouvrage de référence», a expliqué Patrick Le Donne, président de la commission Nouvelles technologies du CNB et ancien bâtonnier de Nice. Cet ouvrage pédagogique de 155 pages aborde, en trois parties, les nouveaux outils, les nouvelles modalités et opportunités d’exercice pour l’avocat avec le numérique. Un glossaire définit les termes techniques. Des experts (avocats, membres du CNB et universitaires) ont participé à ce guide pratique. Très attendu, un autre projet du CNB s’est concrétisé ce 15 juin : la mise en ligne d’une plateforme officielle de consultations juridiques (avocat.fr). «Cette plateforme adossée à l’annuaire de la profession présentera toutes les garanties de sécurité juridique», a souligné Pascal Eydoux, le 3 juin. Une annonce saluée par la secrétaire d’État au Numérique : «cette plateforme sera extrêmement utile». Elle permettra aux particuliers, aux entreprises, collectivités et associations de prendre rendez-vous, d’obtenir une consultation téléphonique et de consulter son avocat directement en ligne. Par exemple, l’internaute pourra en ligne poser une question écrite à un avocat et lui demander un devis personnalisé. Créée par le CNB, la plateforme est sécurisée et conforme aux règles déontologiques de la profession. Des fourchettes d’honoraires pratiquées par les avocats y sont indiquées pour 300 prestations. D’autres champs s’ouvrent à la profession notamment avec le «Big Data» (traitement massif des données) et l’intelligence artificielle. «Aucun complexe sur le sujet du numérique ne doit nous envahir», a déclaré le président du CNB en s’adressant à la salle. La secrétaire d’État s’est voulue rassurante envers la profession car tout le monde se pose les mêmes questions. «Il n’y a pas de numérique sans confiance», a conclu Axelle Lemaire. «Je sais pouvoir compter sur vous car vous êtes des tiers de confiance». Un message salué par les applaudissements de la salle.
frédéric.hastings