Gestion du poste client
Les assureurs-crédit se veulent rassurants
Alors que l’assurance-crédit a pour mission d’informer les entreprises sur la santé financière de leurs partenaires économiques et de les indemniser en cas d’impayés, ses conditions d’accès ont tendance à se durcir lors des phases de retournement conjoncturel. Malgré les nombreuses incertitudes qui planent au-dessus de 2023, les professionnels du secteur excluent le moindre tour de vis généralisé.
Lorsque la pandémie de Covid-19 avait contraint les Etats, à partir du printemps 2020, à mettre en place des mesures de restriction drastiques, la réticence manifestée par les assureurs-crédit à couvrir les risques d’impayés de certains de leurs clients avait conduit le gouvernement français, notamment, à mettre en place des dispositifs d’assurance complémentaires exceptionnels («CAP», «CAP+» et «CAP France Export»). Lors de la crise des subprimes de 2008-2009, il en avait déjà été de même.
Bien que les perspectives macroéconomiques ne laissent pas présager, à ce stade, de récession globale, le Fonds monétaire international vient de rappeler dans un rapport que «les risques de dégradation des perspectives économiques continuent de dominer». Il faut dire que les incertitudes restent nombreuses : inflation élevée, renchérissement des financements bancaires, regain de contamination au Covid-19 en Chine, poursuite de la guerre en Ukraine, exacerbation des tensions sino-taïwanaises…
Des primes orientées à la hausse
Dans ce contexte, les entreprises doivent-elles dès lors redouter une détérioration des conditions d’accès à l’assurance-crédit ? Non, à en croire les trois géants du secteur, en l’occurrence Allianz Trade (ex Euler Hermes), Coface et Atradius. «Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, notre politique de suivi des risques s’est certes renforcée. Pour autant, cela est presque passé inaperçu auprès de nos clients car nous avons continué d’augmenter nos expositions. Pour 2023, nous ne prévoyons pas d’inflexion généralisée : chacune de nos décisions relèvera d’une analyse au cas par cas», précise Christophe Cherry, directeur d'Atradius France.
Orientées à la baisse depuis plus de deux ans, les primes réclamées par les assureurs-crédit devraient toutefois, quant à elles, repartir à la hausse. En cause, principalement, l’accroissement probable des retards de paiement et, surtout, l’envolée attendue des défaillances d’entreprises. D’après Allianz Trade, celles-ci pourraient bondir de 29% en France en 2023 et de 19% à l’échelle mondiale. En Europe, la progression de la sinistralité affecterait près des deux tiers des secteurs d’activité.