Les applications concrètes de la blockchain en entreprise
L’État a bien saisi les enjeux de la «blockchain» pour les professionnels. La Direction générale des Entreprises (DGE) a ainsi dévoilé, en avril dernier, un «guide de sensibilisation à la blockchain». Mais les entreprises se sont-elles emparées du sujet ?
La «blockchain» - ou chaîne de blocs - est une technologie clé pour apporter de la confiance dans une transaction. Ce concept de base de données distribuée et décentralisée est en effet particulièrement sûr : les données sont horodatées, immuables et non répudiables. La blockchain peut ainsi être vue comme un «notaire numérique», qui garde trace de chaque transaction, puis l’inscrit dans un registre non falsifiable.
Cryptomonnaies et NFT inspirent les entreprises
Le 3 janvier 2009, le monde a assisté au démarrage à large échelle de la blockchain, avec l’arrivée du Bitcoin. Un succès d’envergure, qui a participé à l’émergence d’une multitude d’autres cryptomonnaies et blockchains. La solidité de cette technologie a su, depuis lors, intéresser des acteurs plus classiques du monde de la finance. En juin 2019, Visa a lancé la plateforme B2B Connect, visant à faciliter les paiements transfrontaliers, en permettant des transactions directes de banque à banque. Un système basé sur une blockchain privée. Rares sont les acteurs du monde de la finance à ne pas se pencher aujourd’hui sur cette technologie, qui permet de réduire la complexité et le coût des transactions.
Les NFT (non-fungible tokens, ou jetons non fongibles) sont un des autres cas d’usages phares de la blockchain. Ce sont des titres de propriété qui lient un bien à une personne. Chaque titre n’est pas interchangeable (non fongible), afin de s’assurer de l’unicité du bien acquis. La blockchain joue ici pleinement son rôle de «notaire numérique». Là encore, le côté pratique et économique de la blockchain inspire de grands acteurs. 27 pays européens se sont ainsi rassemblés sous l’égide de l’EBP (European Blockchain Partnership), afin de créer une blockchain commune à destination du secteur public. La Commission européenne évoque les cas d’usages possibles de cette blockchain : «notarisation» des étapes d’un audit de conformité, certification renforcée des diplômes, gestion décentralisée de l’identité numérique des citoyens européens…
L’agroalimentaire en pointe
Un des autres usages prometteurs de la blockchain est la traçabilité. Dans ce secteur, ce sont les industriels de l’agroalimentaire qui sont le plus en pointe, avec l’objectif d’éviter, autant que possible, tout nouveau scandale sanitaire, en favorisant la transparence, qui est source de confiance.
Les initiatives dans ce domaine sont parfois isolées, comme celle du français Nataïs, champion européen du popcorn, qui a mis en place une blockchain privée permettant d’assurer la traçabilité du maïs, de l’agriculteur jusqu’au consommateur. D’autres acteurs ont toutefois préféré se fédérer autour d’une blockchain commune : l’IBM Food Trust. On y retrouve des sociétés prestigieuses, comme Walmart, Nestlé ou - en France - le groupe Carrefour.
Progressivement, Carrefour a intégré dans la blockchain ses produits Filière Qualité Carrefour et Carrefour Bio. En scannant un QR code, il est possible de retracer le parcours d’un produit. Pour un poulet, cela permet d’accéder à des informations comme la date d’incubation de l’œuf ayant donné naissance au poulet, son mode d’élevage, son alimentation, ses conditions d’abattage, de distribution et de stockage. Chez Nestlé, une expérimentation limitée à un produit phare (la purée Mousline) et à un distributeur (Carrefour) est en cours depuis avril 2019. On peut s’attendre à ce que la multinationale suisse élargisse rapidement la blockchain à d’autres produits.