Lois Industrie verte et Climat et Résilience
Les aides destinées aux collectivités
Le gouvernement propose plusieurs dispositifs d’accompagnement et d’aide financière pour faciliter la mise en œuvre des objectifs prévus par les lois Industrie verte et Climat et Résilience – dont le «zéro artificialisation nette» des sols (ZAN).
Adoptée
en octobre dernier, la loi
Industrie verte vise à accélérer la réindustrialisation du pays –
en facilitant l’implantation de sites industriels en France – et
à faire de la France le leader de l’industrie verte en Europe –
via la décarbonation de l’industrie existante et la mobilisation
des fonds publics et privés pour financer le développement de
l’industrie verte. De son côté, la loi Climat et Résilience
du 22 août 2021 prévoit,
entre autres, de réduire de moitié le rythme de consommation des
espaces naturels agricoles et forestiers entre 2021 et 2031, puis
d’atteindre l’objectif «zéro artificialisation nette»
des sols (ZAN) d’ici 2050.
Accélérer une tendance déjà à l’œuvre
«On
observe une baisse tendancielle de la consommation des sols depuis
2011. Il ne s’agit donc pas d’inverser une tendance, mais
d’accentuer la tendance déjà à l’œuvre», a
souligné Hugo Thierry, chef du
bureau de la connaissance et des politiques foncières au sein du
ministère de la Transition écologique, lors d’un webinaire
organisé, fin novembre 2023, par l’Académie du Medef, dans le
cadre des Rencontres de la transition écologique.
Les axes
prioritaires pour atteindre les objectifs fixés par la loi Climat
consistent à utiliser les surfaces déjà artificialisées et, en
particulier, les friches et les locaux vacants, et à créer des
espaces de nature en ville. «En pratique, on va encourager
la densité en ville – ce qui ne signifie pas construire des tours
et des habitats collectifs – et favoriser le renouvellement urbain,
en commençant par un inventaire des zones d’activité économique
et des friches», a-t-il expliqué.
Outils techniques et aides à l’ingénierie
Pour
aider les collectivités, l’État met à leur disposition des
outils techniques tels que la cartographie de l’utilisation des
sols, conçue par l’Observatoire national de l’artificialisation
des sols (accessible gratuitement en ligne) et l’outil
Cartofriches, qui recense toutes les friches sur l’ensemble du
territoire. Le gouvernement propose aussi des aides à l’ingénierie
«pour faire sortir de terre des projets, notamment pour les
plus petites collectivités qui n’ont pas forcément des services
techniques très dotés en ingénierie», le programme
Territoires d’industrie «qui permet de financer des
missions de chef de projet au sein des collectivités locales, pour
favoriser l’implantation de sites industriels et la requalification
des zones d’activité économique». Et «les
établissements publics fonciers sont à la disposition des
collectivités et des acteurs locaux pour établir des stratégies
foncières», a ajouté Hugo
Thierry.
Des moyens financiers dédiés
Plusieurs
enveloppes financières sont également prévues pour accompagner ces
réformes : le Fonds pour le recyclage des friches ou la
transformation de foncier déjà artificialisé de France Relance
(qui a été pérennisé à hauteur 300 millions d’euros par an),
le Fonds de renaturation des villes et des villages, destiné à
soutenir et accélérer les efforts des collectivités pour apporter
de la nature dans les espaces urbanisés (100 millions d’euros par
an), l’aide à la relance de la construction durable de France
Relance, qui a pour objectif de favoriser la sobriété foncière en
matière de construction de logements (330 millions d’euros sur
2021/2022).
Ou encore, le
programme de transformation des zones commerciales périphériques
(expérimentation dotée de 24 millions d’euros) et le programme
France 2030 démonstrateur de la ville durable, qui finance des
projets portés sur l’innovation,
sur de nouvelles formes d’organisation urbaine
(abondé à hauteur de 305 millions d’euros).
L’accompagnement de la Banque des territoires
Pour
faciliter la mise en œuvre de la loi relative à l’Industrie
verte, la Banque des territoires
met à disposition des acteurs territoriaux différents outils
et programmes d’accompagnement des stratégies industrielles
locales, ainsi qu’une enveloppe d’un milliard d’euros dédiée
à la réindustrialisation sur cinq ans (2023-2027) pour accompagner
des projets visant la décarbonation de l’industrie ou
l’aménagement de sites clés en main, dans le cadre de France
2030.
En
ce qui concerne la création de 30 à 50 sites clés en main, «nous
sommes en train d’identifier ces sites à potentiel pour les
accompagner», a précisé Camille Etévé,
responsable du programme Territoires d’Industrie au sein de
la Direction de l’investissement de la Banque des Territoires.
Toutes les régions sont invitées à proposer* entre cinq et dix
sites au comité de sélection. «Il s’agit de mettre à
disposition de nouveaux sites tout en préservant les sols contre
l’artificialisation», ce qui signifie qu’il s’agit
«de sites dépollués», a-t-elle ajouté.
L’accompagnement comprendra de l’ingénierie et des
cofinancements pour réaliser des études de terrain et un
accompagnement pour effectuer les procédures administratives et
activer les mécanismes financiers appropriés.
En
parallèle, la Banque des territoires et le Cerema (Centre d’études
et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et
l’aménagement) pilotent actuellement un projet de «Portail
national du foncier économique», destiné aux
collectivités et aux entreprises, qui permettra de répertorier,
localiser et de visualiser tout le foncier économique disponible sur
l’ensemble du territoire national.
* Les candidatures sont à enregistrer sur www.demarches-simplifiees.fr/commencer/candidature-foncier-industriel.