L'environnement, une priorité pour la CASO

Le président de la communauté d'agglomération de Saint-Omer (CASO) François Decoster tient à le souligner : la CASO est en pointe en ce qui concerne la lutte contre le réchauffement climatique.

Quatre voitures électriques constituent 25% du parc de véhicules légers de la CASO.
Quatre voitures électriques constituent 25% du parc de véhicules légers de la CASO.
 
CAPresse

Le Dr Philippe Richard se dit "trahi", et dénonce l'incinérateur Flamoval.

Dans le cadre de la COP21, celui qui est aussi maire de Saint-Omer a insisté sur son engagement pour l’environnement : des véhicules électriques, les bornes de rechargement correspondantes, une politique de compostage des déchets organiques, une zone d’autopartage à la gare de Saint-Omer… « Pendant cette COP21, il y a un engagement des États. Mais tous les acteurs doivent s’engager, publics comme privés, et cela passe par les collectivités. »

Pour le président de la CASO, il y aurait deux manières d’apporter des réponses concernant les activités fortement émettrices de CO2 : l’habitat et la mobilité. « Le transport est la plus grande source de gaz à effet de serre. Les transports respectueux constituent l’action la plus efficace et la plus directe. »

De moins en moins de thermique, de plus en plus électrique. Un des éléments proposés par la CASO est donc la pose de bornes de rechargement de voitures électriques au parking de Lyzel. Gratuites jusqu’à juin 2016, elles seront ensuite exploitées par une entreprise régionale. Le but est clair : donner l’envie d’acheter électrique plutôt que thermique… Seraient donc attendus 1500 véhicules électriques ou hybrides sur le territoire de la CASO à l’horizon 2020.

Parallèlement, 25% du parc de véhicules légers de la CASO (4 voitures) sont électriques, ce qui fait de la communauté d’agglomération « un des territoires pilotes pour la mobilité » selon son président. Ces bornes, situées près de la gare de Saint-Omer, confirment son rôle de pôle d’échange intermodal. Le principal défi de la transition vers l’électrique est l’autonomie : 150 km en moyenne pour le moment. « L’université d’Amiens est en pointe en ce qui concerne les batteries. Lorsque la recherche aura permis une plus grande performance de celles-ci, les performances des véhicules électriques en seront boostées. »

Les transports en commun sont eux aussi mis en avant. Deux zones de covoiturages sont d’ores et déjà en place sur la communauté d’agglomération de Saint Omer. Deux autres aires d’autopartage sont prévues, à Zouafques et à Éperlecques. Les grilles tarifaires des bus Mouvéo ont été revues, ce qui a eu pour conséquence d’augmenter la fréquence d’usage du réseau de 30% entre octobre 2014 et octobre 2015. « Les jeunes et les seniors étaient étonnamment sous-représentés parmi les usagers des services de bus », commente le président de la communauté d’agglomération audomaroise. L’utilisation du vélo est elle aussi encouragée par la CASO, notamment via les chemins de randonnée mis en place sur le territoire. « La mobilité sur l’agglomération n’était pas forcément attendue . Les transports en commun ont tardé à se mettre en place.

Les habitations de la CASO : une priorité. Les logements insalubres sont légion sur le territoire de la CASO. Le 30 novembre, la communauté d’agglomération et la Caisse d’allocations familiales (CAF) se sont rapprochées afin de lutter contre ceux-ci. Cette action consiste en un questionnaire envoyé aux allocataires de la CAF, et les deux inspecteurs de salubrité de la CASO se rendront sur place pour récupérer ledit questionnaire et faire une sorte d’état des lieux concernant la salubrité des logements. Si les logements contrôlés sont insalubres, la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer) prendra le dossier en charge. Si le(s) problème(s) n’est (ne sont) pas réglé(s) dans les six mois, le propriétaire verrait ses allocations suspendues.

Quelque 300 logements seraient ainsi concernés par l’opération, qui vise à rénover les habitations trop énergivores. « Nous avions l’obligation d’accompagner l’attractivité de l’habitat ancien. Si on veut densifier l’agglomération de la CASO et cesser de grignoter sur les territoires agricoles, il faut tenir compte du coût de la rénovation. » La CASO veut ainsi s’inspirer des maisons habitat durable et réduire les dépenses énergétiques des habitations de l’agglomération, tout en éliminant les logements insalubres.

La gestion des déchets est d’une importance capitale. Le maire de Saint-Omer tient à souligner aussi l’importance du traitement des ordures ménagères. Un tiers des habitants des localités concernées utiliseraient les cinq composteurs collectifs mis à leur disposition. 5000 foyers sont équipés de composteurs vendus « à un prix très modique » : neuf euros. « Mille tonnes de déchet s ont été évités par ce procédé. De 247 kilogrammes de déchets par habitant et par an, la CASO est passée à 189 kilogrammes par habitant et par an. »

Du côté des bornes relais, servant à réemployer ou revaloriser les textiles, quinze bornes ont été installées dans l’agglomération entre 2009 et 2015, atteignant le nombre de 65 aujourd’hui.

L’heure du bilan. La CASO a donc dépassé les objectifs de la loi Grenelle II, qui obligeait les collectivités à réduire leurs déchets de 7%. La production des déchets de la CASO a réduit de 11,5% entre 2009 et 2015. « Ce sont 2500 tonnes qui ont été évitées par an, avance François Decoster. Nous avions déposé une candidature à l’appel à projets du ministère de l’écologie – lancé le 30 juillet dernier – afin d’être un territoire accompagné dans son effort. Nous voulons poursuivre cet effort pour 2020. Il nous faut valoriser la matière. Aujourd’hui, 48 % de nos déchets sont valorisés. Notre objectif est de 55 %. » Et la communauté d’agglomération a été retenue dans le cadre de cet appel à projet, intitulé « zéro gaspillage, zéro déchet », obtenant un soutien financier de 100 000 € par an pour trois ans.

Les engagements de la CASO sont les suivants : une réduction des déchets de 7 %, un développement et une animation du compostage, la baisse du gaspillage, une plus large mise en place de l’économie circulaire et la généralisation de l’utilité du service public.

Quatre voitures électriques constituent 25% du parc de véhicules légers de la CASO.

Quatre voitures électriques constituent 25% du parc de véhicules légers de la CASO.

L’incinérateur Flamoval en débat. Néanmoins, il reste une ombre au tableau : l’Association pour la protection de la santé des habitants de la région de Saint-Omer (APSH) lance l’alerte concernant le récent incinérateur Flamoval, implanté sur le territoire de la CASO. Le Dr Philippe Richard, pneumologue de cette association constituée de professionnels de santé, met en garde contre le dispositif : « On est en-deçà des normes pour ce qui concerne une trentaine de polluants. En revanche, il en existe une centaine d’autres dont on ne se soucie pas. » Pour le médecin, il est indécent d’élargir le périmètre de compétence de l’incinérateur, à savoir le syndicat mixte Flandre Morinie (SMFM) : « Les déchets sont de moins en moins nombreux, et comme on a envie d’exploiter l’incinérateur à son maximum, on étend le nombre de communes concernées, en dépit de l’arrêté préfectoral. On a juste contourné ce dernier, puisque l’incinérateur devait uniquement concerner le SMFM… Puisque le champ d’action de l’incinérateur s’y limitait, on a élargi le champ de compétences de la SMFM… » D’autre part, l’arrêté préfectoral a subi des modifications, permettant à Flamoval de traiter les déchets industriels. Réponse de l’édile de Saint-Omer : « Les coûts fixes sont inférieurs à 90% plutôt qu’à 80%… »

« Je suis tout à fait serein, j’étais dans les rangs des manifestations contre cet incinérateur, rétorque François Decoster. Nous réduisons nos déchets, c’est une bonne chose. Nous avons élargi le périmètre du syndicat puisque l’incinérateur ne tournait plus à son rendement maximal, il aurait été dommage d’envoyer les déchets des entreprises à 50 km d’ici et d’augmenter leur empreinte carbone… »

L’APSH « en colère ». Le Dr Richard se dit malgré tout « trahi ». « On n’a pas tenu compte de l’effet cocktail – certaines substances a priori inoffensives pouvant entrer en réaction les unes avec les autres, et ainsi devenir nocives –, des fenêtres de vulnérabilité – certaines tranches d’âge sont plus sensibles que d’autres – ni des perturbateurs endocriniens, qui sont pour certains plus toxiques à petite dose qu’en grande quantité. »

Le pneumologue va plus loin : « Il y a eu une étude sanitaire à ce propos : il y a davantage de cancers autour des incinérateurs. On a réduit la quantité d’une trentaine de polluants, mais on ne sait pas quelle substance est responsable de la recrudescence de ces maladies. » « Inutile d’affoler la population », répond le maire de Saint-Omer, qui est aussi président du SMFM.

Une récupération des vapeurs émises par l’incinérateur est en revanche prévue par la CASO, condition imposée par l’UE pour autoriser un incinérateur. « Le réseau de chaleur de l’incinérateur du Havre a été inauguré après dix ans, poursuit l’édile. Ce que je peux promettre, c’est que ça prendra moins de dix ans… C’est lent et coûteux… »

Pour François Decoster, ces débats font partie d’un processus « normal » : « Dans ce type de dossier, l’économie, l’environnement et la société sont en tension. Il est normal que ce genre de questions provoquent une réaction. Ce n’est pas un débat facile : il demande des connaissances techniques que nous n’avons pas. » Les débats vont donc continuer un moment, avant que le Dr Richard et les élus locaux trouvent un point d’entente…