L'entreprenariat en quête de reconnaissance

Paris a accueilli le 12 novembre dernier la 5e Conférence annuelle des entrepreneurs, en présence de nombreux ministres venus parler du Pacte de compétitivité et de la troisième révolution industrielle.

« Pierre Moscovici, ministre de l’économie et des finances ».
« Pierre Moscovici, ministre de l’économie et des finances ».
CAPresse 2012
Grégoire Sentilhes, président de la Journée des entrepreneurs.

Organisée par l’Association des Journées de l’entrepreneur, la conférence tombait à point nommé pour les entrepreneurs et les politiques désireux de mettre au clair certaines choses. Ce fut ainsi l’occasion pour le ministre de l’Economie et des Finances, Pierre Moscovici, de rappeler les enjeux du Pacte de compétitivité qui, grâce à sa principale mesure du crédit d’impôt − 20 milliards d’euros sur trois ans −, permettra aux entreprises d’enregistrer une réduction du coût du travail de 6%. Laurence Parisot, présidente du Medef, qui a fait l’éloge du rapport Gallois, veut placer la compétitivité au centre du débat et, même si elle a repris les termes de Pierre Moscovici en parlant de «révolution copernicienne», elle a insisté sur une mise en œuvre du crédit d’impôt pour janvier 2013. «Nous espérons cette mise en place rapidement», a-t-elle affirmé. Afin de rassurer les entrepreneurs, la présidente du Medef a pointé l’exemple américain où, dès la réélection de Barack Obama, le gouvernement a décrété que le mois de novembre de chaque année serait dédié à l’entrepreneuriat : «Grâce au  National Entrepreneurship, pendant un mois tout le monde doit se sentir concerné par les entrepreneurs : administrations, grand public et médias.»

Une méconnaissance «bilatérale». Jérôme Cahuzac assume les différences de point de vue. Le ministre délégué chargé du Budget a admis qu’il demande un effort rude aux entreprises : «Il ne se majorera pas d’efforts supplémentaires, une fois l’ajustement fait, la stabilité s’installera.» Laurence Onfroy, PDG de Tempting Places, site de réservation en ligne de boutiques hôtels, a interpelé le ministre sur la méconnaissance des hommes politiques face au monde des entreprises. La réponse fut cinglante : «La méconnaissance est bilatérale. Les chefs d’entreprise connaissent aussi très mal les contraintes auxquelles doivent faire face les hommes politiques. Et ce n’est pas parce que nous ne sommes pas d’accord sur tout (avec les chefs d’entreprise) que nous ignorons le fonctionnement d’une entreprise.» Quant au fait de prendre modèle sur la Grande-Bretagne, toujours citée en exemple par les entrepreneurs, le ministre s’est là aussi montré très circonspect : «La Grande-Bretagne a totalement sacrifié son industrie au profit des services financiers. Je ne suis pas sûr que cet exemple soit le meilleur à suivre.» Pour Grégoire Sentilhes, président des Journées de l’entrepreneur et président du G20 Young Entrepreneur Alliance (mouvement mondial créé lors du G20 de Toronto pour promouvoir l’entrepreneuriat), l’objectif est clair : «Notre ambition est d’inspirer la future génération d’entrepreneurs et de soutenir l’espoir attaché à l’esprit d’entreprendre comme lien social et économique entre le gouvernement et les citoyens.» Cette journée fut l’occasion pour l’association de rendre un rapport − un de plus − au gouvernement. Ce «pacte de confiance entrepreneuriale» définit trois propositions phares et il est utile de rappeler que 88% des emplois créés en France depuis 20 ans l’ont été par les entrepreneurs et les PME.

CAPresse 2012

« Pierre Moscovici, ministre de l’économie et des finances ».

Propositions et Assises au printemps 2013. La première proposition préconise de mettre la culture entrepreneuriale au cœur du modèle éducatif et social français. «Autrement dit, la culture entrepreneuriale doit être intégrée à tous les stades de l’enseignement : école, lycée, université», a martelé Blandine Herbaut-Mulliez, présidente du réseau Entreprendre du Nord-Pas-de-Calais. La deuxième prône le développement de l’écosystème entrepreneurial français par la création d’un contrat de travail simple et flexible pour dynamiser le marché de l’emploi et par une nouvelle conception de la transmission comme une phase de développement pour l’entreprise. La troisième, enfin, veut dynamiser le financement des PME par le biais de places de marché de financement ad hoc. «Le projet de bourse des entreprises en France et en Europe est essentiel pour financer les PME et ETI ainsi que l’innovation dans le financement grâce au crowd funding», explique l’Association qui prend rendez-vous au printemps prochain pour les Assises de l’entrepreneuriat.