«L'électricité est un thermomètre de notre société»
Laurent Cantat-Lampin, délégué RTE Hauts-de-France, a donné le bilan annuel de la consommation et production d'électricité dans la région. L'occasion de commenter les comportements observés pendant ces derniers mois, et plus particulièrement pendant le confinement.
Malgré les restrictions d’activités professionnelles imposées par le Gouvernement à la mi-mars, le Réseau de transport d’électricité (RTE) a maintenu 30% de ses chantiers dans la région. «Notre mission est d’assurer la distribution de l’électricité partout. Ce sont des infrastructures à gérer en temps réel car l’énergie ne se stocke pas. C’était un vrai enjeu, notamment pour servir nos hôpitaux», rappelle Laurent Cantat-Lampin, délégué RTE Hauts-de-France.
Les mouvements sociaux se ressentent sur la consommation
La consommation d’électricité a pourtant indéniablement baissé pendant le confinement. La baisse de consommation la plus importante dans la région a eu lieu du 30 mars au 5 avril avec -15% par rapport à l’année précédente à la même période. «Il y a naturellement une baisse de consommation avec le changement de saison, mais c’est surtout dû à la baisse de l’activité industrielle», décrypte Laurent Cantat-Lampin. La grande industrie représente en effet 32% de la consommation régionale, contre 16% au niveau national. Les chiffres révèlent alors à quel point le secteur économique a souffert pendant la crise sanitaire.
La consommation augmente de nouveau depuis fin avril. «Nous restons aujourd’hui à une consommation 4% inférieure à ce que nous observons en temps normal. Elle est toutefois supérieure à la tendance nationale, qui reste à -7%.»
Aujourd’hui, 80% des chantiers du réseau ont repris. C’est le cas pour la modernisation des réseaux dans l’Oise, ou encore la reconstruction de la ligne électrique entre Avelin et Gavrelle.
La Covid-19 n’est pas la première crise que RTE traverse. Depuis dix ans, la consommation d’électricité reste stable. Mais un ralentissement de la croissance économique en raison des mouvements sociaux en fin 2019, en plus d’une météo clémente, avaient déjà légèrement fait baisser la consommation d’électricité (46,6 TWh sur l’année, soit -1% qu’en 2018).
Transition écologique en marche
Comme l’indique Laurent Cantat-Lampin à l’introduction de son bilan, «le thermomètre de l’électricité est un thermomètre de notre société». Le phénomène le plus observable en 2019 est alors l’accélération de la transition écologique. Sur ces dix dernières années, la capacité de production d’énergie renouvelable a été multipliée par quatre.
En 2019 les EnR ont couvert 20% de la consommation régionale (+4,5 points) et leur production a progressé de 24%. Ce, grâce à un parc éolien et solaire plus important (respectivement +13,9% et +7,2%). Autant de chiffres prouvant que la région est en bonne voie pour respecter le PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie), qui prévoit un passage de l’énergie nucléaire de 75 à 50% d’ici 2035.
Pour l’année 2020, RTE compte investir 146 millions d’euros, soit 22 millions d’euros supplémentaires par rapport à 2019. Preuve que RTE ne lésinera pas sur les moyens malgré la crise économique. Cette somme permettra de raccorder de nouvelles industries, de procéder à la maintenance des lignes, mais surtout d’accueillir l’installation de nouvelles sources d’énergie renouvelable. Cela passera notamment par la poursuite du projet de parc éolien offshore au large de Dunkerque. «Ce sera le premier poste électrique en mer», précise Laurent Cantat-Lampin. Il sera totalement opérationnel d’ici 2026.