Législatives: le macronisme, "c'est terminé", dit Hollande en campagne

Le macronisme est "un moment qui a été long", qui a "coûté cher sur le plan politique" mais qui "est terminé", a déclaré samedi lors d'un entretien avec l'AFP l'ancien président socialiste François Hollande, en campagne pour les législatives en...

L'ancien président socialiste François Hollande en campagne pour les élections législatives à Ussel, en Corrèze, le 22 juin 2024 © Pascal LACHENAUD
L'ancien président socialiste François Hollande en campagne pour les élections législatives à Ussel, en Corrèze, le 22 juin 2024 © Pascal LACHENAUD

Le macronisme est "un moment qui a été long", qui a "coûté cher sur le plan politique" mais qui "est terminé", a déclaré samedi lors d'un entretien avec l'AFP l'ancien président socialiste François Hollande, en campagne pour les législatives en Corrèze sous la bannière du Nouveau Front populaire.

QUESTION: Pourquoi cette candidature ?

REPONSE: "Je n'avais pas prévu de me mettre dans une quelconque élection, dans la position qui était la mienne, il a fallu qu'un événement grave se produise. Les européennes ont été un choc parce que le niveau du RN était élevé mais cela ne justifiait pas une dissolution. Cette prise de risque qui a été le choix d'Emmanuel Macron justifiait qu'il y ait des réponses en rapport à la gravité du moment. Parmi elles, il y a l'union d'une gauche qui s'est retrouvée dans l'urgence sans masquer ses divergences. Et moi-même de me dire: +qu'est-ce que je dois faire dans cette circonstance où l'extrême droite peut arriver demain au pouvoir, ou tout près du pouvoir si l'on en croit les estimations, et avec un autre risque qui est celui de l'instabilité, c'est-à-dire qu'aucune majorité ne se dégage au lendemain du scrutin."

Q: Avez-vous d'autres ambitions derrière ?

R: "Non, aucune. J'ai déjà été président, pourquoi redevenir député, là ? Il n'y a pas d'élection présidentielle. Quel serait l'intérêt ? J'aurais pu très bien, si j'avais, disons, une visée sur 2027, me dire: +je vais attendre. Je vais rester sur ma montagne de Tulle et puis regarder le chaos pour éventuellement être un recours+. Mais ça, ça ne fonctionne plus (...) Je ne serai pas un député comme les autres, c'est sûr. Je serai un député qui aura à appeler à la responsabilité dans toutes circonstances. C'est-à-dire quelle que soit l'issue du scrutin, compte tenu de la position qui a été la mienne, compte tenu aussi de l'expérience qui fut la mienne, je serai un député qui sera à la fois vigilant et engagé pour qu'on trouve les solutions."

Q: Que répondez-vous aux critiques de l'alliance avec LFI et Jean-Luc Mélenchon ?

R: "Je les entends. Je ne vais pas dire que j'ai, et sur la méthode et sur le fond, la même attitude que Jean-Luc Mélenchon, ni la même position. Je me situe dans le cadre d'une union, parce qu'il faut la faire, mais sans aucune forme de confusion. Et je pense que d'ailleurs, dans ce moment, Jean-Luc Mélenchon devrait plutôt être discret, parce qu'il doit mesurer quand même le degré d'hostilité sur sa personne, en tout cas sur ses expressions. Son silence, son retrait seraient sans doute souhaitables pour beaucoup de candidats, y compris de LFI, puisqu'on sait très bien qu'il y a aussi des divisions au sein de LFI. Chacun connaît ce que j'ai fait, les rapports que j'ai pu avoir avec lui comme avec d'autres, la clarté de ce que je peux exprimer sur les questions d'antisémitisme ou de racisme."

Q: Avez-vous une revanche à prendre sur Emmanuel Macron ?

E: "Non. Je pense que c'est Édouard Philippe qui a le mieux résumé la situation, c'est-à-dire que le macronisme, c'est terminé. Si tant est que ça ait existé, mais c'est terminé, je le dis sans hostilité particulière. Je n’ai aucun compte à régler. Pas du tout. Tout ça est passé. Et puis de toute façon, il n'est pas candidat à sa propre succession. Ça ne veut pas dire que son mandat se termine, ça, c'est autre chose. Mais ce qu'il a pu, à un moment, représenter, c'est terminé. Ça a coûté cher sur le plan politique parce que le dépassement a été une dissolution au sens propre du terme. Les partis se sont quand même beaucoup abîmés. L'esprit public aussi. L'extrême droite n'a jamais été aussi forte. Voilà. C'est un moment qui a été long mais qui s'achève. Le temps est à la recomposition."

Propos recueillis par Jean DÉCOTTE

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