L'écologie, grand défi des ports de Lille

Voilà sept ans que Ports de Lille engage de gros travaux pour dynamiser la vie économique du territoire tout en préservant l'environnement. Louis-Philippe Blervacque, nouveau président de l’instance depuis mars dernier, revient sur les projets menés dans le cadre de la troisième révolution industrielle. Au programme : renforcement de l'intermodalité, problématique de la logistique urbaine, et considération des riverains.

Le CDMU est depuis peu exploité par Urby, filiale de La Poste.
Le CDMU est depuis peu exploité par Urby, filiale de La Poste.

Trouver un juste équilibre entre développement économique et respect des habitants et de la nature : vaste projet pour le port urbain qu’est celui de Lille.

Depuis 2013, 200 interlocuteurs, entreprises et institutionnels, travaillent de concert à un plan d’envergure pour rendre les activités logistiques du territoire plus vertes. A commencer par la création de la ligne fluviale Dunkerque-Lille, qui rejoint aujourd’hui 12 sites multimodaux sous la gouvernance de Ports de Lille.

 

De gauche à droite : Jean-Marc Devise (président de la CCI Artois) Fanny Oliveira, Louis-Philippe Blervacque et Alain Lefebvre.

Chaque année, plus d’un million de tonnes de conteneurs empruntent cette ligne : «Notre objectif en 2020 est d’atteindre les 2 millions de tonnes. Malgré la crise de la Covid-19, nous pensons que le tonnage sera atteint», assure Louis-Philippe Blervacque, qui a succédé à Philippe Hourdain à la présidence de Ports de Lille en mars dernier. Pendant la crise sanitaire, le port a continué de fonctionner sept jours sur sept. Même si les métiers de BTP ont souffert, le transport de céréales a explosé. Ce qui a suffi à équilibrer la balance : pendant les deux mois de confinement, le port n’a perdu que 30 à 35% de son trafic.

Un duo train-eau

Afin de continuer l’acheminement des produits en utilisant le moins de camions possible, une ligne ferroviaire partant du terminal «Lille conteneurs terminal» relie Bordeaux, Toulouse, Avignon et Marseille depuis 2015. En tout, chaque semaine, 20 trains font le voyage.

Cette intermodalité fluvial-ferroviaire représente 31% du trafic de Ports de Lille en 2020. «En 2014, elle ne représentait que 23,6%», se félicite Louis-Philippe Blervacque.

En 2019, 96 871 conteneurs ont suivi un itinéraire combinant la voie d’eau et le train, soit 67% plus qu’en 2014. «Toutes nos démarches ont permis d’économiser l’utilisation de 120 000 camions cette année dans la MEL», continue le président.

Port urbain de Lille.

Car le trafic ne concerne pas seulement le transport de marchandises, mais aussi celui des déchets organiques de la Métropole, envoyés au port de Loos-Sequedin pour être valorisés en compost ou en gaz au centre de valorisation énergétique d’Halluin. «En 2019, ce type de transport fluvial a évité le rejet de 1 775 tonnes de CO2 et ôté près de 20 000 camions des routes», détaille Ports de Lille.

Investissements sur les rives fluviales

Outre la propreté de son trafic grâce à l’intermodalité, Ports de Lille va toujours plus loin dans son engagement envers la dynamique rev3 en veillant à l’écosystème qui l’entoure. Dès 2015, l’organisation a mis un point d’honneur à favoriser l’implantation d’entreprises participant à l’économie circulaire sur ses quais. Elle cite l’entreprise de gestion des déchets Recynov, l’ingénieur en environnement Secondly, ou encore le centre de valorisation Baudelet.

La signature d’un contrat de location de 90 000 m2 d’entrepôts hauts de gamme en matière environnementale avait été signé en 2017 avec Roquette, tandis qu’un programme d’investissements de 65 M€ a été engagé en 2018 pour la construction et la rénovation de bâtiments certifiés BREEAM Very Good (répondant à des condition très strictes en matière d’écologie et de bien-être managérial) sur le port de Santes.

Et ensuite ?

Restent les projets qui concernent la population de la métropole lilloise dans sa globalité. Si le port sert au monde économique, Ports de Lille souhaite aussi en faire bénéficier les particuliers.

Depuis 2015, un bâtiment de 2 500 m2, nommé CMDU, situé sur la zone 2 du port de Lille, sert de point relais pour les commerçants et le grand public afin de récupérer soi-même la marchandise une fois débarquée. D’abord exploité par Veolia, puis par la start-up Oxipio, il a récemment été loué par Urby, filiale du groupe la Poste. «L’objectif est de résoudre la problématique du dernier kilomètre pour que la livraison au consommateur soit la moins polluante possible. Ce système évite la congestion de fourgonnettes garées en double file en centre-ville», illustre Fanny Oliveira, présidente de la commission aménagement du territoire, temps et mobilité.

Le CMDU étant situé à 3 kilomètres à vol d’oiseau de la Grand Place de Lille, des relais de transport doux (en vélo, voiture électrique ou tripoteur) sont également organisés en partenariat avec la Ville.

«Dans quelques années, une station-service multi-énergies verra le jour aux abords du port pour distribuer du gaz naturel comprimé, de l’électricité et de l’hydrogène à tout type de véhicule», indique Alain Lefebvre, directeur général de Ports de Lille. L’ambition reste de se rendre toujours plus utile dans l’adoption d’un comportement plus respectueux de l’environnement, non seulement de la part de l’industrie, mais aussi des habitants.

Ces derniers continuent d’ailleurs de profiter d’un cadre rendu appréciable sur le port, malgré une activité industrielle bien visible. Piste cyclable, promenades, trame noire… Ports de Lille fait son possible pour ne pas déranger les riverains. Depuis peu, ces derniers peuvent d’ailleurs observer de nouveaux aménagements en faveur de la biodiversité, tels que des radeaux flottants installés dans le cadre d’une nouvelle charte Biodiversiports.