L’eau, un enjeu majeur pour la région

Mieux gérer l’eau mais aussi rendre les zones de pompage plus saines, voilà les thèmes qui seront abordés lors des futures concertations organisées par l’Agence régionale de l’eau Artois-Picardie.

Thierry Vatin ambitionne de fédérer tous les acteurs des territoires, pour « gagner la bataille de l’eau ». (© Aletheia Press / B.D.)
Thierry Vatin ambitionne de fédérer tous les acteurs des territoires, pour « gagner la bataille de l’eau ». (© Aletheia Press / B.D.)

Depuis quelques jours, l’Agence de l’eau Artois-Picardie a lancé une vaste concertation à destination des quinze territoires d’aménagement et de gestion de l’eau des Hauts-de-France. Plusieurs rendez-vous ont été programmés aux quatre coins du territoire. «Nous voulons rencontrer tous les acteurs», ambitionne Thierry Vatin, le nouveau directeur de l’agence régionale, basée à Douai. «Nous réfléchirons ensemble à une meilleure utilisation de l’eau dans les années à venir.» Industriels, agriculteurs, associations, particuliers, mais aussi collectivités seront donc très prochainement invités à s’exprimer sur le sujet. Mais ils vont aussi, et surtout, être sensibilisés aux différentes façons de rationaliser leurs ouvertures de robinet. Comment mieux consommer ? Comment économiser l’eau, voilà les questions qui seront au cœur des futurs débats…

Un bassin très saturé

«Nous sommes dans un bassin aux caractéristiques très particulières, détaille Thierry Vatin, sur les raisons de cette démarche. D’abord, il y a l’héritage de l’ère industrielle. Ensuite, la région est extrêmement peuplée.» Les 20 000 km² des Hauts-de-France comptent en effet 2 465 communes pour 4,8 millions d’habitants. «Enfin, les pressions exercées sur le réseau sont très importantes.» Et si on y ajoute que 20% de l’eau injectée dans le système de distribution se perd en cours de route, on comprend l’ampleur du problème… En plus, le diagnostic global sur l’état des zones d’approvisionnement n’est pas très bon. Les Hauts-de-France comptent 80 masses d’eau de surface et 17 souterraines. Or, l’Agence régionale de l’eau fait état de seulement 18 masses d’eau en bon état sur les 80 existantes ; 40% sont dans un état moyen, 30% dans un état médiocre et 10% sont en mauvais état. «En plus, la situation s’est améliorée, souligne Thierry Vatin. En 2000, les chiffres étaient nettement moins bons.» C’est dire…

Gagner la bataille de l’eau

A moyen terme, l’objectif des responsables de l’agence est de retrouver 44% des masses d’eau en bon état, soit une petite cinquantaine, à l’horizon 2027. «Nous voulons gagner la bataille de l’eau en discutant avec les acteurs, conclut Thierry Vatin sur ce qu’il attend de ces futures réunions. Nous irons donc dans chaque territoire, masse d’eau après masse d’eau.» Mais le temps presse car l’avenir ne semble pas couler de source. Avec le réchauffement climatique, l’eau risque de devenir une denrée de plus en plus rare. L’Agence de l’eau prévoit une augmentation de la température de l’air (+2°C), de l’eau (+1,6°C), ainsi qu’une élévation du niveau de la mer (+40 cm) dans les 50 ans à venir. Dans le même temps, elle prévoit une diminution de la pluviométrie (-5 à -10% par an), du débit des rivières (-25 à -40% par an) et de la recharge des nappes (-6 à -46%). En clair, l’eau va devenir un enjeu majeur de société dans les décennies à venir. L’Agence régionale mène déjà de nombreuses actions, mais elle veut encore les renforcer, grâce notamment à ses 6 milliards de budget sur les six prochaines années. Voilà l’enjeu des quinze concertations à venir…