Consommation responsable
Le vrac, une tendance qui monte
Avec 75 commerces dédiés, dont huit dans la Somme, les Hauts-de-France figurent à la cinquième place – à égalité avec l’ Île-de-France - des régions les plus dynamiques en termes de vrac.
« En tant que consommatrice j’avais l’habitude de solliciter directement des producteurs locaux », raconte Hélène Thuillier, passionnée de cuisine et créatrice d’Ô Bovrac. « Pendant le confinement, j’ai commencé à m’interroger sur le sens de mon métier que j’ai adoré, mais dont j’avais fait le tour », ajoute-t-elle.
Encouragée par son mari, cette ex-directrice de formation, dans un grand groupe installée à Boves depuis six ans, décide alors de changer de vie et de créer une épicerie de proximité avec des produits locaux et du vrac. « Cela me ressemble beaucoup, c’est un endroit simple, pratique où l’on peut trouver tout ce qu’il faut pour cuisiner un repas complet », explique-t-elle.
Comme elle, de plus en plus d’entrepreneurs s’intéressent au vrac. « De façon générale, c’est une pratique qu’ils avaient déjà eux-mêmes en tant que consommateurs. Ils ont envie d’aller vers un projet qui a du sens pour eux et qui est en accord avec leur façon de fonctionner, note Natacha Lenel, chargée de mission au sein d’Initiative Somme France Active Picardie. Et de poursuivre : Nous avons vu arriver un premier dossier en 2018 et depuis trois ans le vrac est une vraie tendance qui monte. C’est très lié au circuit court. » En 2013, on comptait en France deux commerces dédiés au vrac, ils sont aujourd’hui 654, dont 75 dans les Hauts-de-France et huit dans la Somme.
Une tendance forte
« Le vrac permet de consommer juste ce dont on a besoin et de se passer d’emballage superflu. C’est à la fois un outil anti-gaspi, économique et de réduction des déchets », détaille Chloé Liar, chargée de développement et projets au sein de Réseau Vrac, une association qui fédère les professionnels du vrac partout en France.
« En 2020, selon une étude réalisée avec Nielsen, 40% des Français disaient consommer en vrac. Un chiffre qui a légèrement baissé avec la crise sanitaire, mais qui devrait rapidement retrouver le niveau de l’année dernière, voire même le dépasser. Les profils des consommateurs sont très variés : 40% sont dans des zones rurales ou villes de moins de 20 000 habitants, 53% ont plus de 50 ans et 31% sont retraités. 38 % vivent seuls », détaille-t-elle.
Un éclectisme que l’on retrouve Ô Bovrac, où depuis l’ouverture de l’épicerie en mai dernier, Hélène Thuillier voit arriver des clients curieux, attirés par la nouveauté. « Il faut faire preuve de pédagogie au départ, expliquer le fonctionnement du vrac, le choix des bons contenants… mais les habitudes sont assez rapides à installer », sourit l’épicière.
Des règles strictes
Les consommateurs interrogés par Nielsen pour Réseau Vrac expliquent que le vrac permet à la fois de maîtriser son budget, les quantités achetées et de réduire ses déchets. « Je suis d’une génération où l’achat en vrac était un mode de consommation normale, on demandait à l’épicier une quantité précise. Après le développement des supermarchés, on revient en fait à une consommation plus raisonnée », note de son côté Hélène Thuillier.
Huile, cosmétique, riz, pâtes, épices, confiserie… le vrac s’adapte à tous les produits ou presque et demande une vraie maîtrise des règles d’hygiène. « J’ai suivi des formations dans ce domaine, il y a une procédure très précise à respecter lorsqu’un contenant est vide : il s’agit d’alimentation, c’est très encadré »,
souligne Hélène Thuillier.