A Briastre et maintenant à Caudry

Le transformateur de matières plastique ACK ouvre un nouveau site à Caudry

C’est à Briastre qu’ACK plastiques offre une seconde vie aux déchets industriels en plastique. Celle-ci étant arrivée au maximum de ses capacités, José Gomès a acheté, en novembre, un deuxième site, AJDK Plast, à Caudry. Il y a installé une première ligne de production supplémentaire et recrute.

Autour de la première ligne de production d'AJDK Plast, de droite à gauche, Katia Gomès, la directrice, José Gomès, PDG, Raymond Yeddou, sous-préfet, et Dylan Gomès, apprenti en maintenance amené à prendre un jour la succession de l'entreprise familiale.
Autour de la première ligne de production d'AJDK Plast, de droite à gauche, Katia Gomès, la directrice, José Gomès, PDG, Raymond Yeddou, sous-préfet, et Dylan Gomès, apprenti en maintenance amené à prendre un jour la succession de l'entreprise familiale.

Une cheminée couronne toujours l’usine au bord de la Selle, mais ça fait longtemps qu’elle ne produit plus de textile. Elle domine les 45 salariés d’ACK (pour André Charlot Katia) plastiques qui se relaient autour de cinq lignes de production pour transformer en continu les 1 200 à 1 500 tonnes de déchets plastique industriels qui arrivent chaque mois à Briastre, dans le Cambrésis. Deux destins s’offrent ici à eux : devenir des tubes en plastique ou alors des granulés qui, plus tard dans d’autres usines, pourront se transformer en sachets ou encore, à Trémois au Cateau-Cambrésis, de la moquette de voiture.

André Charlot a décidé de s’installer là en 1986, après avoir cherché en vain des bâtiments suffisamment grands dans la Somme pour accueillir une trentaine de salariés et, très vite, sept employés de plus. 

«A cette époque-là, il commence à mettre au point des machines pour réaliser des extractions et lance la production de granulés, raconte José Gomès, président-directeur général d’ACK plastiques. Ce n’était pas gagné parce qu’il fallait filtrer très fin et on avait alors cette manière de mettre du scotch PVC partout, ce qui compliquait notre travail.» André Charlot connaissait heureusement parfaitement la matière plastique.

«Il a commencé à travailler avec son père qui avait des presses à injecter pour confectionner des peignes à cheveux et des fleurs artificielles», poursuit José Gomès.

Le marché change, André Charlot se met à produire des semelles de chaussures avec son frère. «Il recyclait déjà, indique son beau-fils. Des ballons, des nappes… C’était l’âge de pierre de la transformation.» André Charlot se lance ensuite dans la production de cintres pour grandes surfaces à partir de matière de seconde main, puis cesse à cause de la concurrence.

Un investissement de 5,5 millions d'euros

Une fois installé à Briastre, il frappe aux portes des usines pour récupérer leurs déchets plastique. 

«Plutôt que les mettre à la décharge, on leur prend, résume José Gomès arrivé chez ACK plastiques en 1985 comme électricien. On a élaboré des machines à laver les polyéthylènes et commencé à travailler à façon pour les clients. On fabriquait des saladiers, des balconnières avec nos quatre presses à injecter.»

En 1998, José Gomès arrête le lavage, il n’était plus rentable à cause de la concurrence asiatique. «Jusqu’en 2010, ils achetaient, à des prix impossibles à suivre, de la matière qui comprenait jusqu’à 30 à 40% de corps étrangers qui partent à la poubelle.» 

L’usine se recentre alors sur l’extrusion, met au point de nouvelles techniques de filtration. «Cela nous a permis de suivre l’évolution du plastique et d’avoir une notoriété sur le marché.» 

En 2020, malgré la crise sanitaire, l'entreprise affichait un chiffre d’affaires de 8 millions d’euros et a investi 5,5 millions pour acquérir un nouveau site à Caudry, ADJK (pour André José Dylan Katia) Plast, et une première ligne de production.

Chaque mois, plus de 1 200 tonnes de déchets industriels en plastique deviennent des tubes ou des granulés.
Chaque mois, plus de 1 200 tonnes de déchets industriels en plastique deviennent des tubes ou des granulés.

«On pourra y réaliser des mandrins de différents diamètres, indique Katia Gomès, directrice des deux sites et fille d’André Charlot. Aujourd’hui, nous ne pouvons en faire qu’un seul.» 

Vingt-cinq à vingt-huit personnes seront recrutées dans la nouvelle usine. «Mais on a beaucoup de mal à trouver du personnel», souligne José Gomès. «Je vais mobiliser le service public de l’emploi pour trouver des compétences, rassure Raymond Yeddou, sous-préfet de Cambrai. Et si on n’en trouve pas, pour en former.» 

Il apporte, au nom du plan de soutien à la vente de matières premières recyclées de France relance, une subvention de 405 000 euros à l’entreprise familiale, dont André Charlot s’est retiré en 1997. «En 2025, 100% du plastique devront être recyclés, rappelle Raymond Yeddou. On doit sortir du modèle produire-consommer-jeter. La valorisation est une filière d’avenir, une filière d’excellence.» 

Reste un problème pour José Gomès : «Les scotchs et le papier sur les emballages plastique : on a du mal à les retraiter. Pourquoi ne pas mettre des étiquettes en plastique ? Quand du papier entre dans un processus de traitement, il donne du carbone et il colorise. Il faut enfin arrêter ça...»