Le tourisme seinomarin fait grise mine
Septembre et octobre ont été décevants pour les professionnels du tourisme de Seine-Maritime. Le point avec Seine-Maritime Attractivité qui réalise, mensuellement, un sondage.
Fête du ventre et foire Saint Romain à Rouen, annulées ; fête de l’eau-de-vie de cidre à Criel-sur-Mer, annulée… ce n’est une surprise pour personne, le mois d’octobre aura été difficile pour le secteur du tourisme en Seine-Maritime, comme ailleurs. L’enquête mensuelle menée par Seine-Maritime Attractivité auprès de 72 professionnels du secteur, entre le 2 et le 9 novembre, laisse apparaître une dégradation de la fréquentation touristique. Même si l’échantillon reste modeste, il permet de faire plusieurs constats, appuyés par l’analyse des données issues de « Flux Vision Tourisme ». Cette solution, développée par Orange, mesure la fréquentation de territoires et le déplacement des populations à partir de données issues de la téléphonie mobile.
Peu d’étrangers
Les sondés sont ainsi près de 57 % à juger la fréquentation de leurs établissements mauvaise et presque 32 % à la trouver moyenne, contre respectivement 35 % et 47 % en septembre, à la fin de la période estivale. Un ressenti confirmé par « Flux Vision Tourisme ». Sur le département, l’arrière-saison (septembre et octobre) a ainsi compté 2,6 millions de nuitées touristiques, soit 27 % de moins que l’année précédente. Si 2019 avait un caractère exceptionnel avec plusieurs événements nationaux et internationaux tels l’Armada, la coupe du monde féminine de football, l’onde de choc créée par la Covid n’en reste pas moins palpable. Dans un contexte incertain, les étrangers ont déserté le département en octobre. Près de 60 % des professionnels déclarent ne pas en avoir eu dans leur clientèle. « Flux Vision Tourisme » va également dans ce sens. Le nombre de touristes étrangers (passant au moins une nuit sur place) a chuté de 57 % et celui des excursionnistes (passant quelques heures ou la journée sur place) étrangers a été divisé par trois par rapport à 2019. Les Français sont venus plus nombreux, jouant la carte de la sécurité puisqu’ils étaient originaires d’Ile-de-France, de la Normandie et des Hauts-de-France.
Les villes ont le plus souffert
« Ce sont les villes qui ont le plus souffert, particulièrement Rouen. Seule la ville du Havre s’en est bien sortie, car elle se trouve en bordure de littoral, une zone qui a connu un véritable engouement comme tous les espaces naturels. L’annulation des croisières, des voyages de groupe s’est fait cruellement ressentir », note Seine-Maritime Attractivité. Les secteurs les moins touchés sont les gîtes, meublés et chambres d’hôtes avec quand même 58 % des professionnels qui ressentent une baisse d’activité en octobre 2020 par rapport à octobre 2019. A l’inverse, 92 % des sondés déclarent une baisse de fréquentation pour les lieux et sites de visite, ils sont 89 % pour les campings et 80 % pour les activités de loisirs. A noter qu’aucune donnée significative n’a pu être fournie concernant les résidences de tourisme et les restaurateurs. Ce fort ralentissement des activités touristiques est cependant atténué par une très belle période, de mai à août. Le nombre de nuitées n’a chuté que de 14 % par rapport à l’été 2019. Quand il s’agit d’envisager 2021, les professionnels restent pessimistes. Certains envisagent d’explorer d’autres façons d’accueillir du public pour s’adapter à une crise sanitaire qui risque, malheureusement, de s’éterniser.
Pour Aletheia Press, Lætitia Brémont