Aménagement

Le syndicat mixte Baie de Somme-Grand littoral picard protège la côte

Le syndicat mixte Baie de Somme-Grand littoral picard est aux petits soins pour la côte picarde. Rencontre avec Florian Bouthors, directeur de l’Aménagement, qui dévoile les projets à venir.

Florian Bouthors, directeur de l’Aménagement du syndicat mixte Baie de Somme-Grand littoral picard
Florian Bouthors, directeur de l’Aménagement du syndicat mixte Baie de Somme-Grand littoral picard

Picardie La Gazette : Pouvez nous présenter votre syndicat mixte ?

Florian Bouthors : Le syndicat mixte Baie de Somme-Grand littoral picard est une collectivité publique fondée en 1974 à l’initiative du département de la Somme. Il regroupe les 18 communes du littoral et depuis plus récemment les trois EPCI du littoral (Communauté d’agglomération baie de Somme, communauté de communes du Ponthieu Marquenterre et communauté de Communes des Villes Sœurs). 

Historiquement, ses compétences sont l’aménagement du territoire et la gestion des milieux naturels. Il y a un troisième volet portant sur la gestion d’équipements touristiques comme le Cap Hornu à Saint-Valery-sur-Somme, le parc ornithologique du Marquenterre à Saint-Quentin-en-Tourmont, ou encore l’Aquaclub et le golf de Belle Dune à Fort-Mahon… Avec 200 salariés, c’est un des plus gros employeurs touristiques de la côte picarde. Sa dernière compétence entre dans le cadre de la Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (Gemapi), compétence créée en 2018 par l’État. 

Nous mettons en place une politique de préventions des inondations. C’est un sujet important sur le territoire. Nous avons en gestion les digues, les ouvrages littoraux. Il faut préparer les territoires à l’aggravation des aléas climatiques qui vont avoir lieu, à une certaine adaptation, notamment des villes comme Mers-les-Bains, Le Crotoy ou Cayeux-sur-mer. Trente millions d’euros sont consacrés dans le cadre du Programme d'actions de prévention des inondations (Papi) pour se préparer à l’élévation du niveau de la mer.

Une Zac va voir le jour sur la frange nord de Quend-Plage.

Les digues sont-elles si problématiques ?

Les digues actuelles ont été bâties par nos ancêtres, pour certaines il y a plus de 100 ans. Aujourd’hui encore elles protègent de manière efficace le territoire, même si certaines sont vieillissantes. Le changement climatique nous oblige néanmoins à anticiper l’intensification des aléas à venir, dont nous commençons déjà à constater les effets. 

Suite à de vastes études techniques et modélisations des événements, une concertation avec la population et les acteurs locaux a permis d’arrêter plusieurs scénarios concernant les digues du territoire. Nous préparons les dossiers d’autorisations administratives pour envisager les premiers travaux de ce vaste programme en fin d’année 2024. Ce sera par exemple le cas de la digue de la Gaieté, qui mène de Saint-Valery-sur-Somme au Hourdel, et qui devra être rehaussée. 

Le Conseil départemental projette de dépoldériser le secteur de la ferme Caroline afin de laisser entrer la mer et de créer un effet de chasse pour entretenir le port, qui compte encore des bateaux de pêche. Dans ce cadre, les sédiments retirés seront utilisés pour conforter la digue. 

Autre exemple de solution : à Cayeux-sur-Mer, le réaménagement du boulevard maritime se fera avec l’intégration de la problématique de la submersion maritime. Il s’agira d’adapter les aménagements pour que ces zones soient en capacité d’absorber, de diriger et d’évacuer les surverses marines, de manière à protéger les maisons. En parallèle, sur l’ensemble du territoire, des moyens d’ingénierie et des subventions sont mises en place à destination des propriétaires privés pour adapter leur habitation et en réduire la vulnérabilité. 

Au Crotoy, un projet concerne la zone entre la place Jeanne-d’Arc et le port. La ville pourrait être inondée en cas de montée importante de la mer. Un muret de protection intégré à l’espace public devrait être construit vers 2024-205. Nous travaillons également à la réfection complète de la digue Jules-Noiret, dont les travaux seront à prévoir à plus long terme. 

À Mers-les-Bains et au Tréport, plusieurs scénarios sont encore à ce jour en discussion. Un muret pourrait aussi être réalisé mais il faudra accepter que l’eau puisse rentrer dans la ville. Le lieu dit « la prairie », qui est aujourd’hui un très vaste espace en cœur de ville, va faire l’objet d’un aménagement paysager qualitatif. Les eaux pourraient y être orientées en cas d’inondation importante et s’y infiltrer. 

Concernant la route blanche, sur le territoire de Cayeux-sur-Mer, devenue piste cyclable, elle a été détruite plusieurs fois au même endroit ces dernières années, un point faible sur le cordon lunaire qui protège les zones basses derrière. Nous avons installé des pieux en bois pour limiter le départ des galets, dans le cadre d’une expérimentation. Au bout d’un an, c’est encourageant mais il faudra au moins trois ans pour tirer un bilan.

En 2023, il sera possible de traverser en vélo tout le département du nord au sud.

Le syndicat mixte a aussi en charge les pistes cyclables…

Des aménagement interviennent en effet dans le cadre de la démarche Grand site de France, qui vise mettre en valeur et à protéger les espaces naturels et à développer l’écomobilité par le biais du plan vélo. Les pistes cyclables sont de plus en plus empruntées par les touristes et les locaux. 

Dans ce sens, nous aménageons une bonne dizaine de kilomètres sur le tronçon Mers-les-Bains/ Ault. Nous finalisons entre Fort-Mahon et le franchissement de l’Authie qui mène au Pas-de-Calais. Entre Le Crotoy et Saint-Quentin-en-Tourmont, c’est en cours. Quand nous aurons achevé ces trois tronçons en 2023, il sera possible de traverser en vélo tout le département du nord au sud.

Et du côté des automobiles ?

Nous avons aussi une politique en matière des gestion de leurs flux. Nous créons des stationnements de manière à mieux les organiser. Par exemple, à Mers-les-Bains, un parking de 500 places a été aménagé en entrée de ville. Les personnes peuvent ensuite emprunter une navette mise en place par la commune en période estivale, ou se rendre à pieds sur le front de mer ou dans les commerces du centre-ville. Il y en a aussi un à l’entrée du Crotoy. Saint-Valery-sur-Somme a aussi son parking en entrée de ville mais nous allons mieux l’aménager sur la période 2023/ 2024.

Avez-vous de grand projets à venir ?

Nous avons toujours des projets à mener. Le chantier d’une Zone d’aménagement concertée va démarrer sur la frange nord de Quend-Plage. L’idée est de terminer la ville, de restaurer la dune et de créer des aménagements dédiés à la promenade. Soixante-treize logements, dont 18 sociaux, et un hôtel sortiront de terre. Dans la Zac du Royon, sur les communes de Quend et de Fort-Mahon-Plage, 110 logements supplémentaires seront construits par Pierre et vacances. Ce sera la dernière partie du programme du promoteur.

Ault en cours de métamorphose.

De belles opérations concernent également Ault ?

Oui. Le réaménagement du centre-bourg - 7 millions d'euros - s’achèvera en 2023, après trois années de travaux. L’opération de redéploiement des réseaux et de pavage depuis l’église jusqu’au front de mer a pu être financée dans le cadre du programme Papi, en lien avec le recul de la falaise. Des travaux complémentaires sont à prévoir sur les espaces agricoles et le plateau, pour traiter définitivement la problématique du ruissellement des eaux pluviales… 

Une vaste prairie inondable doit être aménagée, ainsi que des aménagements d’hydraulique douce sur l’ensemble du bassin versant, par la plantation de haies notamment. Tout cela se fait en étroite collaboration avec la mairie qui prend en charge 17% du coût total des travaux. 

Quant à la zone du Moulinet, sur les hauteurs, c’est un beau projet qui se dessine enfin. Un centre culturel vient d’être inauguré. Le groupe MELT va transformer le château en hôtel, rénover les bâtiments autour et construire 40 logements à destination de seniors autonomes. Ils pourront accéder à certains services de l’hôtel comme les repas ou pourront faire appel au personnel en cas de besoin à toute heure du jour ou de la nuit. Ce projet a été primé au niveau national, étant désigné lauréat de l’Appel à manifestation d’intérêt “Engagés pour le logement de demain” par le ministère de la Culture. 

D’autres logements verront également le jour sur l’ancien terrain de football, dont une partie sera des logements sociaux. Une chance pour les familles qui ne trouvent plus de logement adapté à Ault, beaucoup recherchent un jardin. Un parking sera également aménagé pour capter les flux de visiteurs en amont, qui pourront ensuite gagner le centre-bourg ou le front de mer par des chemins de promenade. Ils bénéficieront d’un splendide panorama. Ce sont de bonnes nouvelles pour la ville. Le tourisme s’y développe et elle devient attractive.