«Le succès du Bon Coin, c'est avant tout celui d'un modèle vertueux»
Introduction en bourse, opérations de croissance externe et positionnement sur de nouveaux segments, le site référent de petites annonces vit une année faste et s’affirme comme l’un des fleurons de la web-économie française. Son PDG, Antoine Jouteau, retrace son parcours et aborde l’actualité du groupe.
Quel a été votre parcours ?
J’ai étudié la finance à Skema (ex-Ceram), à Sophia Antipolis. Je me souviens d’une école ouverte sur l’entreprise, très informatisée pour l’époque, tournée vers l’épanouissement des étudiants. Et aussi avant-gardiste sur l’international. Cela m’a permis d’élargir mes horizons. J’ai passé ma dernière année d’étude à Mexico. J’ai ensuite effectué un an à Paris-Dauphine pour me spécialiser en étude de marché, avant de rejoindre une filiale de France Telecom, TDF. J’ai travaillé ensuite pour les Pages Jaunes. Une période de sept ans très formatrice. J’ai pu aborder toutes les problématiques business développement et vivre ma première expérience de management.
Comment avez-vous «atterri» chez Le Bon Coin ?
Ils cherchaient quelqu’un issu d’un grand groupe, qui avait déjà travaillé sur des problématiques liées à la monétisation et qui voulait intégrer une start-up. À l’époque, Le Bon Coin, c’était cinq personnes, aucun business model, quelques millions de visiteurs sur le site. On devait passer nous-mêmes l’aspirateur dans la cuisine ! Mais j’avais envie de mettre les mains dans le cambouis et d’entreprendre.
Et la machine s’est emballée…
Après avoir trouvé un business model, on a atteint la rentabilité et la profitabilité en moins d’un an. On a misé sur le «freemium» : l’utilisation gratuite de nos services et des options payantes, comme de la visibilité supplémentaire. On a aussi décidé que les pros étaient les bienvenus sur la plateforme avec la création de services ad hoc. Enfin, nos millions de visiteurs mensuels intéressaient forcément les annonceurs…
Comment expliquez-vous le succès du site ?
Les Français veulent mieux consommer, donner une seconde vie aux produits et bien sûr gagner de l’argent. Le Bon Coin, c’est un modèle vertueux qui permet tout cela. L’autre raison, c’est la facilité d’usage. La plateforme est accessible à tous, pas de barrière d’utilisation d’un point de vue technique.
Comment gère-t-on un groupe de 950 salariés ?
Il n’y a pas de recette magique. Nous avons défini une vision -faciliter les échanges au quotidien avec les utilisateurs- et fédéré nos collaborateurs autour de cela. Avec une culture d’organisation apprenante. Nous sommes obsédés par le fait de corriger nos erreurs. L’entreprise s’est construite sur ces reviews (avis) de projets. Il y a aussi de valeurs fortes. Tout le monde est soudé, nous sommes l’une des Great Places To Work en France.
Quels sont vos projets ?
On a fait pas mal de croissance externe. Vide Dressing, À vendre à louer… Nous voulons nous déployer sur tous nos univers en privilégiant le mobile qui représente 80 % de l’usage. Bientôt, nous inclurons la possibilité de payer en ligne et la livraison. C’est une demande de nos utilisateurs.
Quid des arnaques ?
Il faut relativiser, car cela reste une minorité. Sur 110 millions de transactions annuelles, on ne dénombre que quelques cas. Notre priorité, c’est la sécurité de la transaction. 800 000 annonces sont contrôlées chaque jour, à parution, par nos algorithmes.
Il y a aussi la possibilité de signaler les annonces douteuses. Le paiement en ligne et la livraison fiabiliseront encore plus les transactions.
L’avenir comment le voyez-vous ?
J’apprends beaucoup, je m’éclate, c’est excitant de se dire que Le Bon Coin change tout le temps, grandit et embauche de nouveaux collaborateurs. Je n’ai pas l’impression de faire le même métier qu’il y a un an et tant que je ressentirai cela, je continuerai.
Propos recueillis par P-O BURDIN, Tribune Bulletin Côte d’Azur pour Réso Hebdo Eco