Bâtiment : le secteur se conjugue au futur
Le congrès national de la Fédération française du bâtiment se tiendra mi-juin à Nancy. L’occasion pour les professionnels de faire le point sur la continuité de l’adaptation du secteur face aux différents enjeux actuels. Reste qu’à côté des défis de transition énergétique et autre adaptation digitale et numérique, le quotidien, bien que conjoncturellement encore positif, est tout autre. Le point avec Alban Vibrac, le président de la Fédération du BTP de Meurthe-et-Moselle.
En juin prochain, Nancy sera la capitale nationale du bâtiment ! La Fédération française du bâtiment (FFB) pilotée par Olivier Salleron (réélu le 17 mars), tiendra son congrès national dans la cité ducale les 15 et 16 juin prochains. L’occasion pour les professionnels de faire un point sur les différentes adaptations, aujourd’hui en marche, du secteur dans un climat conjoncturel actuellement encore avantageux. Hormis la sphère de la construction de maisons individuelles et des logements neufs, les indicateurs sont (encore) au vert. «Nous avons aujourd’hui six mois de carnets de commandes mais le problème actuel, c’est l’indécision rencontrée de la part de certains donneurs d’ordre aussi bien publics que privés. Nous avons tout simplement du mal à engager des travaux, nous sommes en train de vivre une véritable mutation des marchés», assure Alban Vibrac, le président de la Fédération du BTP de Meurthe-et-Moselle. Le tout avec en toile de fond une bataille générale sur les prix. «Du côté des donneurs d’ordre publics, il est clair qu’ils recherchent des prix et toujours le moins-disant» Une donne pas vraiment nouvelle mais qui, dans une ambiance générale de tension toujours présente (même si elle s’est atténuée) sur les matériaux et leur approvisionnement, entraîne une nouvelle approche des marchés pour les professionnels. La flambée des prix de l’énergie accentue cette nouvelle approche. «Bon nombre d’entreprises ne répercutent pas encore cette hausse et c’est la course à la prise de marchés. Dans certaines affaires, on voit des pratiques de prix entre 20 et 30 % moins cher.» Le secteur demain semble alors devoir jouer avec ces nouvelles approches où «les critères d’exigence sont de plus en plus importants.»
Innovation et mix-énergétique
Un état de fait déjà mis en avant il y a quelques mois par la Commission stratégique et prospective de la Fédération française du bâtiment. Elle a dressé cinq scénarios possibles à l’horizon 2035 (présentés notamment en octobre dernier à l’occasion de l’assemblée générale de la Fédération du BTP de Meurthe-et-Moselle). Certains considèrent que l’urgence écologique sera plus intense et dessinera de nouveaux modèles économiques. D’autres que la crise du logement provoquera un réel choc de l’offre ou encore que le secteur du bâtiment sera radicalement transformé sous l’effet d’une économie ouverte et fortement numérisée. L’ensemble de ces prospectives devrait être, de nouveau, au cœur du futur congrès national de la FFB mi-juin à Nancy. D’ici 2035, le secteur doit aujourd’hui faire face, et surtout répondre, à la transition énergétique tout comme le développement souhaité du photovoltaïque ou encore les importants travaux que la filière du nucléaire va apporter en termes d’activité. Des moteurs de croissance d’activité certains tout comme les importants programmes d’aménagements et de construction programmés. «Si vous prenez juste comme exemple, le territoire de la Métropole du Grand Nancy, le secteur a plus de dix ans de travaux devant lui», assure Alban Vibrac. CHRU de Brabois, future cité judiciaire sur l’ancien site Alstom dans le quartier Oberlin de Nancy en passant par le traitement des friches industrielles et autres, l’activité future semble être présente et c’est l’ensemble de la filière qui pourrait en bénéficier à l’image du projet Nancy Thermal (dont l’ouverture est prévue pour ce 1er avril). «Nancy Thermal a été porté par le major Bouygues et les différents chantiers ont bien ruisselé sur l’écosystème des PME locales.» L’avenir du secteur passera par ce type d’opération mais surtout par la capacité des acteurs de la filière à s’adapter aux nouvelles exigences (avec en tête de liste le mix-énergétique) grâce à une maîtrise de l’innovation quasi continue.
Recrutement et climat social
Flambée des prix de l’énergie, des matériaux, difficultés d’approvisionnement ! Des réalités et de grosses contraintes, même si pour les deux dernières les choses apparaissent s’améliorer, mais le problème majeur à l’instant T «c’est le climat social au sein de nos entreprises», assure Alban Vibrac, le président de la Fédération du BTP de Meurthe-et-Moselle. «C’est quasiment un climat de suspicion qui s’est installé avec des difficultés de recrutement certaines et des collaborateurs aux nouvelles exigences.» Une donne, présente dans bon nombre de secteurs, face à laquelle il va bien falloir réellement s’intéresser histoire d’envisager un avenir serein.