Environnement
Le secteur du recyclage, confiant dans l'avenir
Impactés par la crise, qui a fait chuter leur chiffre d'affaires de 10%, les professionnels du secteur du recyclage envisagent l'avenir avec optimisme.
Après
la crise de 2020, le secteur du recyclage voit l'avenir s'éclaircir.
Le 12 octobre, Federec, Fédération professionnelle des
entreprises du recyclage, qui représente 1 200 entreprises du
secteur, a dévoilé les résultats de son observatoire statistique,
sur "le marché du recyclage en 2020",
dans le cadre du salon Pollutec, à Lyon.
Premier
constat, le secteur n'a pas été épargné par la crise : l'an
dernier, son chiffre d'affaires a chuté de 10,7% pour s'établir à
7,6 milliards d'euros (contre 8,5 milliards d'euros, en 2019). Ce
chiffre masque une grande disparité de situations : certaines
entreprises ont subi une baisse d'un quart de leur chiffre
d'affaires, quand d'autres sont parvenues à le préserver, notamment
en profitant de la remonté des cours des matériaux, fin 2020.
Globalement, toutefois, les tonnages collectés par ces professionnels ont diminué l'an dernier : au total, ils ont baissé de 6,8%, pour atteindre 31 millions de tonnes. Ce chiffre ne comprend pas l'activité de la filière des déchets du bâtiment et des travaux publics. En effet, c'est l'une des rares à avoir augmenté (de 3%) ses tonnages collectés, atteignant les 41,5 millions de tonnes. Son évolution illustre les rebondissements qu'a connu le secteur durant le Covid.
Durant le premier confinement, l'arrêt des chantiers a provoqué une
baisse de 80% des déchets collectés, par rapport à l'activité
normale. Puis, à la mi-mai, la collecte a retrouvé un niveau
presque normal (90%), un peu freinée encore par la crise sanitaire
et le retard de certains chantiers lié à la période d'élections
municipales. Mais sur l'année, la diminution des mises en chantier
de logements neufs a été compensée par l'accroissement des travaux
de rénovation et par une activité soutenue de démolition,
notamment liée aux Jeux Olympiques de 2024. En fait, les difficultés
se sont concentrées sur l'aval, dans l'écoulement des matières
issues du recyclage : les marchés de consommation de matières
issues du tri (plastique, bois...) ont été impactés par la crise.
Résultat, l'équilibre financier de cette filière a été mis à
mal. Son chiffre d'affaires a baissé de 10%, passant de 1,9
milliard d'euros en 2019 à 1,7 milliard en 2020.
L'année
des montagnes russes
Dans le même sens, c'est la plupart des 12 filières du secteur qui ont vu leur activité, et donc, leurs tonnages collectés, baisser, à des niveaux divers. Par exemple, la collecte a diminué de 9% pour la filière métal, en raison des fermetures d'usines qui ont engendré des arrêts de production. Partant, le chiffre d’affaires de la filière pour 2020 s’établit à 1,66 milliard d'euros, soit une baisse de 17 % par rapport à l'année précédente.
Autre exemple, celui de la filière papier-carton :
elle a collecté 6,318
millions de tonnes l'an dernier, soit 6,2% de moins
qu'en 2019. Résultat, le chiffre
d'affaires de vente de matière de ce segment (hors
prestations) s'est limité à 540 millions d'euros en 2020, soit 11%
de moins qu'en 2019, ( 607 millions d'euros). En cause : la très
forte chute de la collecte (en particulier de papier) qui a fondu de
moitié durant le premier confinement, en raison de la fermeture
temporaire de certains centres de tri. Résultat : la forte
demande papetière, notamment portée par celle des ménages pour
l'emballage, a été satisfaite par des stocks et des
importations. Et aujourd'hui, la filière s'inquiète de la santé
des papetiers français, qu'illustre l'avenir incertain du site de
Chapelle-Darblay.
A
contrario, deux filières s'en sont mieux sorties. C'est le cas de
celle du verre : la collecte des ménages a compensé la baisse
des activités des cafés, hôtels et restaurants. Ainsi les tonnages
collectés en 2020 ont augmenté, pour atteindre 2
317 935 tonnes, soit une hausse de +3,5% par rapport à 2019
pour le verre d’emballages. Même évolution positive pour la
filière CSR, combustibles
solides de récupération (plastiques non recyclables, de papiers et
cartons et textiles souillés....). Elle annonce une hausse de son
tonnage de 4% par
rapport à 2019, qui était déjà une année record, en raison d'une
forte demande.
Neuf
chefs d'entreprise sur dix optimistes
Au
final, l'univers du recyclage « a tenu bon » dans
la crise, d'après un communiqué de Federec. La filière a préservé
l'essentiel de son écosystème, grâce aux aides de l’État, et
en particulier, au dispositif de chômage partiel. Un accord
sectoriel, qui prévoyait prise de
congés et activité partielle longue durée, a aussi contribué à
maintenir l'emploi. Résultat, le nombre de salariés a même
légèrement augmenté, (+0,7%) en 2020, pour atteindre 31 000 dont
87% en CDI. En
revanche, le recours à l’intérim a fortement chuté : il
est passé de 13 % des effectifs ETP de la filière en 2019 à 5 %
l'année suivante.
Quant
aux investissements, leur niveau a diminué de 15%, atteignant 531
milliards d'euros. Toutefois, rappelle Federec ce chiffre
représente environ 7% du chiffre d'affaires global de la filière,
un pourcentage similaire aux années précédentes. Dans le détail,
42 % des investissements ont été réalisés dans les machines de
tri, 27 % dans le matériel de collecte et 15 % dans le bâtiment.
Ainsi, « de nombreuses entreprises du secteur ont poursuivi
leurs efforts de modernisation (…) pour encore mieux se
structurer », estime la Fédération. Laquelle prévoit
une nette reprise à horizon 2021 et 2022, en particulier dans les
grands groupes, notamment via les appels à projet issus du Plan de
Relance. Et les chefs d'entreprises du secteur semblent, en effet,
confiants. D'après leurs réponse à l'Observatoire, 9 chefs
d'entreprises sur dix pensent que l'année 2021 sera « bonne »
ou « plutôt bonne ».
Au
delà de la sortie de crise, le secteur du recyclage va devoir aussi
faire face à de nouveaux enjeux législatifs et réglementaires,
dont la mise en œuvre de la loi AGEC, relative à la lutte contre
le gaspillage et à l'économie circulaire, qui vont impacter ses
modes de fonctionnement.