Le RN entretient le flou sur son programme et cherche à rassurer

Le Rassemblement national entend se montrer rassurant en cas d'accession à Matignon, quitte à demeurer flou sur son programme et une éventuelle abrogation de la réforme des retraites, un point de...

Le président du parti d'extrême droite Rassemblement National (RN) et tête de liste aux élections européennes Jordan Bardella (à gauche) et Eric Ciotti, député Les Républicains (LR), à l'Assemblée nationale, à Paris, le 20 juin 2022 © Miguel MEDINA
Le président du parti d'extrême droite Rassemblement National (RN) et tête de liste aux élections européennes Jordan Bardella (à gauche) et Eric Ciotti, député Les Républicains (LR), à l'Assemblée nationale, à Paris, le 20 juin 2022 © Miguel MEDINA

Le Rassemblement national entend se montrer rassurant en cas d'accession à Matignon, quitte à demeurer flou sur son programme et une éventuelle abrogation de la réforme des retraites, un point de friction avec son nouvel allié Eric Ciotti.

"La réforme des retraites sera abrogée à partir de l'automne": dans un entretien au Parisien publié lundi soir, Jordan Bardella s'est voulu catégorique, après plusieurs jours de flottement. 

"Nous verrons", éludait-il encore la semaine dernière, en jugeant le sujet "important" mais pas "prioritaire", le reléguant à "un second temps" d'un éventuel exercice gouvernemental.

Le zigzag illustre les contorsions du parti à la flamme, désormais allié avec le président de LR Eric Ciotti et qui a opéré un rapprochement avec l'ex-zemmouriste Marion Maréchal, deux figures qui s'étaient prononcées en faveur de la réforme menée par le gouvernement Borne et dont les accents libéraux tranchent avec la ligne économique du Rassemblement national.

Lundi soir, M. Ciotti a d'ailleurs estimé au 20H de France 2 qu'"il (n'était) pas dit que la réforme des retraites sera abrogée", en renvoyant aux "marges de manœuvre qui seront données" par un audit des finances publiques. "C'est le RN qui conduit cette coalition", lui a sèchement répondu M. Bardella.

Avec quel programme? Le parti à la flamme doit publier depuis des semaines son "livret économique", un vade-mecum censé compiler et mettre à jour ses propositions en la matière.

Interrogée la semaine dernière sur TF1 sur son intention de le rendre public, Marine Le Pen a répondu "on pourrait le faire...", un conditionnel en forme de réponse négative, en disant vouloir "concentrer (ses) efforts sur des propositions très claires".

Mais, a-t-elle tempéré, en cas de victoire aux législatives anticipées le 7 juillet, "nous serions en cohabitation, c'est-à-dire dans un cadre contraint par la Constitution" et "contraint aussi par la situation budgétaire désastreuse laissée par Emmanuel Macron". 

La précaution vise un double objectif. D'abord, prévenir un risque de déception, alors que le parti s'est longtemps présenté comme protestataire, promettant de renverser les tables comme d'autres prônaient le grand soir.

Ensuite, il s'agit, paradoxalement pour les mêmes raisons, de "rassurer" l'électorat, les propositions du RN étant jugées "pas crédibles" par 68% des Français, selon un sondage OpinionWay paru samedi. 

Long" et "coûteux

"Nous ne cherchons pas à rassurer, c'est plutôt Macron qui cherche à inquiéter", conteste le candidat RN Jérôme Sainte-Marie, qui jusqu'alors conseillait le parti en tant que sondeur. 

"Ça se passera très bien en réalité", ajoute celui qui, au passage, fait partie de ceux qui freinent des quatre fers tout empressement à abroger la réforme des retraites. "C'est long, ça peut être coûteux et inquiétant pour les partenaires ou les investisseurs. Les comptes publics sont un paquebot assez lourd à manœuvrer, donc ça ne fait pas partie des choses immédiates à faire", a-t-il justifié lundi auprès de l'AFP, ajoutant à la confusion.

Après une semaine noire à la Bourse de Paris, Jordan Bardella martèle désormais qu'il est "extrêmement réaliste sur l'état financier du pays", disant vouloir "exposer (son) sérieux budgétaire".

Mais comment financer la baisse de la TVA à 5,5% sur les énergies? Suppression de "niches fiscales" et amputation de 2 milliards d'euros dans la contribution de la France au budget de l'Union européenne, répond l'aspirant Premier ministre.

Il s'est par ailleurs résolu à renvoyer la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité à "un second temps". 

Au-delà de l'économie, cette volonté de rassurer s'était déjà exprimée la semaine dernière à propos des JO: Jordan Bardella avait alors promis qu'en cas d'accession au pouvoir, il ne "modifierait pas" le "dispositif" de Paris 2024, en disant accorder "une totale confiance aux services de l'État".

Mardi, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, le président du RN s'est encore attelé au champ sociétal, face à "l'extrême gauche (qui) cherche à s'arroger le monopole de la défense des droits des femmes". 

Parmi des "principes non négociables", il a cité "le droit fondamental à disposer de son corps", en rappelant que "Marine Le Pen a soutenu l'inscription de l'interruption volontaire de grossesse dans la Constitution". Mais taisant ses tergiversations sur le sujet et l'abstention de certains députés RN sur le texte.

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