Le retrait de l'imam permet à la mosquée des Bleuets de Marseille de rester ouverte
La mosquée des Bleuets à Marseille ne fermera pas: le retrait "temporaire" de l'imam, mis en cause pour des propos "légitimant la violence", a permis aux autorités...
La mosquée des Bleuets à Marseille ne fermera pas: le retrait "temporaire" de l'imam, mis en cause pour des propos "légitimant la violence", a permis aux autorités de suspendre leur procédure de fermeture.
Après trois semaines de "bras de fer" selon les avocats de la mosquée, le préfet de police des Bouches-du-Rhône a annoncé mardi "suspendre la prise de l'arrêté de fermeture de la mosquée, puisqu'elle se conforme aux exigences de l'Etat".
Ces exigences étaient le retrait "définitif" de l'imam Ismail, prédicateur principal de cette mosquée des quartiers déshérités du nord de la deuxième ville de France et le retrait de ses publications sur les réseaux sociaux. Publications qui, selon la préfecture, "portaient atteinte aux principes de la République et légitimaient la violence sur les réseaux sociaux".
Lundi soir, l'imam, de son vrai nom Smaïn Bendjilali, avait déclaré lors d'une conférence de presse se "retirer temporairement, le temps de souffler un peu, de reprendre les études (et) de passer le diplôme universitaire sur la laïcité". "A l'issue de l'obtention de ce diplôme, on verra comment ça se passera", avait-il ajouté.
Le lieu de culte, qui va donc devoir trouver un imam de remplacement avant la prière de vendredi, reste donc dans l'incertitude. Mais pour les fidèles rencontrés lundi soir, la fermeture aurait eu des conséquences sur tout un écosystème.
"La mosquée n'a pas seulement un rôle spirituel, elle a un rôle social" dans ce quartier et ce 13e arrondissement régulièrement soumis à la violence des trafics de stupéfiants qui gangrènent de nombreuses cités marseillaises, expliquait Abdessalem Aouri, 50 ans, imam et par ailleurs enseignant.
Distribution alimentaire, aides aux personnes porteuses de handicap, lutte contres les trafics -dans lesquels un des fils de l'imam a justement sombré-, énumèraient les fidèles.
"Il y a un point de deal pas très loin et combien de fois l'imam nous a mobilisés collectivement pour aller les repousser", assurait Sabrina, 27 ans, qui ne souhaitait pas donner son nom de famille.
Un procès le 3 octobre
Myriam, gérante de 33 ans, poursuivait: "Regardez moi, je ne suis pas voilée et j'ai suivi des cours sans être voilée", l'imam Ismail "nous apprend notre religion de façon juste et saine".
Pour Abdessalem, "il y a aussi une responsabilité des citoyens d'origine musulmane qui doivent clarifier certains concepts clés de l'islam, faire de la pédagogie", pour éviter les malentendus autour par exemple des mots "charia" ou "jihad".
Pour l'un des avocats de la mosquée, Me Rafik Chekkat, "on a essayé de sortir par le haut de tout ça" et le préfet "ne pouvait pas faire autrement que suspendre la procédure", sachant que "90% des +espèces de griefs+ portaient sur l'imam".
Et selon lui, "c'est un message plus large envoyé aux imams: restez à votre place, ne parlez pas de Gaza, ne prenez pas position sur des sujets", a-t-il réagi mardi, interrogé par l'AFP.
"Le retrait de +l’imam+ radical de la mosquée des Bleuets à Marseille et le retrait des propos contraires à la République, comme demandé par le ministère de l'Intérieur permet de laisser ouverte cette mosquée pour ne pas pénaliser les croyants qui, eux, respectent la France et ses valeurs", a estimé le ministre démissionnaire de l'Intérieur, Gérald Darmanin, sur X.
"L'Etat garantit absolument le libre exercice du culte des musulmans en France, tout en luttant contre le séparatisme islamiste", a ajouté le ministre.
L'imam sera par ailleurs jugé le 3 octobre pour "apologie du terrorisme", au sujet de publications en lien avec la situation dans la bande de Gaza. Cette procédure juridique est indirectement liée à la procédure administrative.
Des accusations que l'imam considère comme "une insulte", affirmant que "dans cette mosquée, il n'y a jamais eu de départ pour rejoindre n'importe quel pays ou n'importe quel groupe".
Et il assure être "dans l'interreligieux" et que ce ne serait "pas qu'une façade", car "c'est vraiment un besoin qu'on ressent pour notre ville".
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